Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières. Septembre 1894. Photo p.2 n°10. CIRA de Lausanne.

Né le 5 mai 1861 à Orchies (Nord), raffineur, chaudronnier, anarchiste de Maubeuge (Nord), réfugié à Londres.

Il était le fils de Jean-Baptiste et de Emerantine Mascret.

Pendant son service militaire au Tonkin, il fut condamné à 3 ans de prison pour insubordination.

A la suite d’un vol de 20 kilos de dynamite commis à Louvroil-lez-Maubeuge (Nord), dans la nuit du 22 au 23 février 1892, le parquet d’Avesnes avait adressé le 29 mars une commission rogatoire au parquet de Paris, le chargeant de rechercher dans cette ville un individu soupçonné d’être l’auteur de ce vol et se nommant Jean-Baptiste Delannoy, dit le Parisien.

Delannoy fut arrêté dans le 1er avril sur les indications des agents de la troisième brigade, par M. Véron, commissaire de police et Fédée, officier de paix, dans une chambre garnie, 13, impasse Montferrat où il habitait chez son frère; ce dernier avait également été mis en état d’arrestation pour port d’armes illicite.

Selon certains journaux Delannoy aurait nié être l’auteur du vol de dynamite, selon le Gaulois, le dialogue suivant aurait eu lieu :

« Le commissaire de police demanda à Delannoy ce qu’il avait fait de la dynamite volée à Louvroil.

– Ce que j’en ai fait ? c’est bien simple, répondit Delannoy, je l’ai vendue aux compagnons.

–A quels compagnons?

–Je ne sais pas leurs noms. J’avais besoin de vivre. On m’a donné quelque argent et je n’ai pas cru mal faire. Je m’étais emparé de cette dynamite dans une cabane sans porte ni fenêtre, ou elle était à la portée de tous. Je ne pourrai donc être poursuivi que pour un vol simple. »

Delannoy, fut transféré le 5 avril à la maison d’arrêt de Valenciennes, sur mandat du parquet, qui le réclamait pour différents délits commis dans l’arrondissement d’Avesne.

Il figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893, notant qu’il serait à Londres.

Le 2 juin 1893, l’indicateur Z6 de Londres, signalait : « Si vous avez intérêt, prévenez par dépêche le sieur Delannoy ou Delaunay, agent de la police française, habitant chez Leroy et fils, horlogers, près de Duke street, lequel fait passer et reçoit ses lettres par le bureau d’Oxford street, qu’il est découvert, vendu et que sa vie est en jeu.

Avec une maladresse inouïe, il s’est présenté au Club autonomiste pour demander des renseignements sur Meunier. Il a eu le malheur de tomber sur une femme anarchiste anglaise qui l’a dénoncé et c’est très vraisemblablement chez elle ou dans un rendez-vous qu’elle donnera, qu’aura lieu l’exécution. »

Z6 poursuivait dans une note du 6 juin 1893 : « Le nommé Delannoy a été attaqué samedi à Charing-Cross par l’anglaise Ida, Capt et Bidault. Les agents qui viennent du Continent ont la mauvaise habitude de toujours parler d’explosifs et cela donne l’éveil. »

SOURCES :

Un premier exil libertaire. Les anarchistes français à Londres, 1880-1914 par Constance Bantman. Editions Libertalia, p. 218 et 219 — Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières. Septembre 1894. Photo p.2 n°10 — Le Rappel 2 avril 1892 — Petit Journal 9 avril 1892 — Le Gaulois 1er avril 1892 La Justice 1er avril 1892 — Archives de la préfecture de police Ba 1500 et 1508.