Né à Bruxelles en 1839 ; marchand ambulant, tailleur, domestique, typographe ; anarchiste de Bruxelles
Govaerts n’était devenu actif dans le mouvement socialiste qu’à un âge avancé. En 1877, alors qu’il a déjà trente-huit ans, on le rencontrait pour la première fois dans les sources d’archives. En particulier, dans un dossier personnel que la police conservait à son sujet. Il donnait un bon aperçu des activités politiques de Govaerts. Il précisait, entre autres, qu’en 1861, il était condamné par un tribunal militaire pour « provocation et complot de désertion suivi d’exécution et vente d’effets » à quatre ans de travaux forcés et à l’expulsion du service militaire.
Govaerts resté à Bruxelles, habitait au 6 rue de la Chaufferette puis au 28 rue Saint-Pierre jusqu’en octobre 1880. Il était marié à la couturière Elisabeth Van Rinsveld et eut avec elle trois enfants dont le premier décéda en février 1879 et le troisième en 1880. Son deuxième enfant s’appelait Eva et naquit en 1873. (Dans La Persévérance on lit qu’Eva chanta la chanson La Prolétarienne le jour de l’an 1881 lors d’un meeting anarchiste.)
Govaerts était souvent au chômage et n’avait pas de profession permanente. Il travaillait comme marchand ambulant, tailleur, domestique, typographe, etc…
La police le décrivit en 1881 comme suit : « Taille 1 m 64 ; cheveux et sourcils blonds roux ; yeux gris, grands et méchants, bouche moyenne ; lèvres saillantes ; nez assez long et pointu, menton en galoche; visage maigre allongé et couvert de taches de rousseur ; petite moustache fine et rousse. Signes distinctifs : regard scrutateur; corps anguleux; ordinairement coiffé d’un chapeau noir de feutre mou et à grands bords ; il était souvent porteur d’un gros gourdin en bois de chêne. »
En 1877, Govaerts adhèra au Parti socialiste possibiliste du Brabant et, en septembre de la même année, il assiste au congrès universel de Gand. Il resta affilié au parti jusqu’en 1878, mais se manifeste bientôt comme militant anarchiste et internationaliste.
Dans la période 1877-1880, il était affilié au groupe de libres penseurs radicaux Les Cosmopolitains et de 1878 à 1881 à la section bruxelloise de la (première) Internationale, où il s’opposa farouchement aux possibilistes.
En 1879, on le rencontrait aux réunions du cercle modéré de la libre pensée Les Solidaires, qu’il représenta au congrès rationaliste international qui se tint à Bruxelles du 29 août au 1er septembre 1880.
En 1879, il était également membre du Cercle Démocratique. Il devient également actif dans La Ligue Collectiviste Anarchiste en 1879-1880.
En 1880, il apparaissait comme l’une des figures de proue de l’Internationale et, en décembre, il succéda à Charles Debuyger comme secrétaire de la section de Bruxelles. Lors du congrès national révolutionnaire qui eut lieu à Bruxelles le 19 septembre 1880, Govaerts fut élu membre du bureau de l’Union révolutionnaire nationale. Dès lors, il se présenta aussi occasionnellement aux réunions des révolutionnaires Les Cercles Réunis. Govaerts était un partisan des comités secrets. Déjà en novembre 1879, il proposait de créer des groupes secrets « à l’instar de la Marianne ». Il penchait aussi pour la « propagande par le fait. Mais à cette époque, on ne parlait pas encore de l’acte individuel en lui-même. Habituellement, un lien clair était établi avec un soulèvement imminent. A cet égard, il fallait comprendre les propos suivants d’Egide Govaerts lorsqu’il s’entretenait avec Spilleux, J. Claeskens et Hertschap sur l’usage de la force : « Je me ferais moins de scrupule de tuer un agent de police qu’un chien enragé. J’espère prouver ce que j’avance à un moment donné. Si nous pouvions proclamer la Commune à Bruxelles, quelle leçon nous infligeons aux Parisiens ! »
Le policier Erlemoor résume son militantisme en 1892 comme suit : « Dans les réunions secrètes il poussait les autres à toutes sortes d’actes et était un révolutionnaire acharné, il était secrétaire des différents groupes socialistes. Enfin c’était le membre le plus remuant du parti révolutionnaire. Cela s’était passé de 1879 à 1884. (…)
Govaerts avait été aussi un membre très actif de l’ancienne Internationale et en outre cet individu a toujours été un mauvais sujet depuis son jeune âge.»
Dans la période 1880-1881, Egide Govaerts avait également participé à plusieurs magazines révolutionnaires. Il avait écrit pour La Persévérance et La Révolution Sociale et avait ensuite siégé au comité de rédaction de La Justice Sociale.
Govaerts était resté un anarchiste convaincu pour le reste de sa vie.
Le 22 septembre 1885, il était condamné par la cour d’appel de Bruxelles à deux mois et 23 jours de prison et 52 francs d’amende pour diffamation de la gendarmerie, bastonnades contre gendarmes et rébellion.
Témoin au procès d’assises contre Henri Willems, l’administrateur du magazine Le Libertaire, à cause d’un certain article offensant. Govaerts aurait déclaré qu’il était l’auteur de l’article en question, mais le tribunal n’avait pas tenu compte de sa déclaration.
Egide Govaerts était pourtant l’organisateur pratique du mouvement anarchiste à Bruxelles au milieu des années 1880 et il collaborait avec les journaux L’insurgé, Ni Dieu Ni Maître et De Opstand.
A la mi-mars 1886, en compagnie de l’anarchiste Jean Baptiste Deroy, il se rendit brièvement à Charleroi, où de graves troubles sociaux avaient eu lieu à cette époque, après la mort d’une vingtaine de grévistes lors d’une manifestation anarchiste.
En 1887, avec d’autres anarchistes bruxellois, il alla à nouveau soutenir la grève en Wallonie.
Govaerts avait également rendu visite à des tailleurs de pierre au Luxembourg.
En 1892, la police écrivait à son sujet : « C’est un pauvre diable qui vit misérablement et encore aux dépens de sa femme et sa fille qui sont ouvrières tailleuses. Lui ne travaille que rarement, car il ne voit presque plus, mais malgré cela c’est un alcoolique presque toujours en état d’ivresse et qui n’a plus aucun sens commun. C’est toujours quand il est en état d’ivresse qu’il ne parle des bombes, dynamite et qu’il donne asile aux expulsés et que jamais un agent de police n’oserait mettre les pieds chez lui parce qu’il se servirait de son revolver (…) s’occuper de cet individu c’est tout du temps perdu car il n’est pas à craindre. Ses anciens coreligionnaires n’ont plus aucune confiance en lui (…) n’assiste pas à leurs réunions. Dans le monde des révolutionnaires le bruit a couru que c’était un agent secret, car pendant deux ans il ne se livrait à aucun travail et pourtant il dépensait beaucoup d’argent (…) Govaerts est toujours imbu d’idées anarchistes , il ne donnera jamais des renseignements à la police contre laquelle il a une haine implacable, mais comme je l’ai dit plus haut, il n’est plus à craindre ».
BIBLIOGRAPHIE :
E. GOVAERTS, Revue socialiste. Belgique. – La Persévérance, novembre 1880, p. 2, coul. 1 – p. 4, coul. 1; E. GOVAERTS, Revue Socialiste. Belgique. – La Persévérance, décembre 1880, p. 1, col. 3 – p. 2, coul. 1; Par exemple, Le 2me Congrès Révolutionnaire. — La Persévérance, février 1881, p. 1, col. 1-2 ; E. GOVAERTS, Expulsion du partenaire Figueras. – La Persévérance, février 1881, p. 2, coul. 3 – p. 3, coul. 1; E. GOVAERTS, Belgique. La Révolution Sociale, 17/07/1881, p. 4, col.4, 24/07/1881, p. 4, col. 2-3, 31/07/1881, p. 4, col. 4, 7-8-1881, p. 4, col. 4, 18/09/1881, p. 4, col. 3-4 ; E. GOVAERTS, La Justice Sociale, 4-9-1881, p. 1, col. 1-3. Archives municipales de Bruxelles, Bureau des Etrangers, dossier individuel 4149 : Govaerts E. ; Association Internationale des Travailleurs. A toutes les Sections belges… (décembre 1880) ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, carton 195, Congrès de Gand, 10-15 septembre 1877 ;
Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, carton 178bis, lettre du Préfet de Police à l’Administration de la Sécurité Publique du 15/03/1883 ;
Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, carton 195, 14/05/1877 ;
Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, carton 195, Les Cosmopolitains, 28-2-1879 ; Archives générales de l’État (Bruxelles), PG.223, procès-verbal de police de 1886 ; La Persévérance, février 1881, p. 4, col. 3 ;
H. WOUTERS, Documenten…, Vol. III, p. 1287, 1405, 1483, index p. 1751 ;
C. DE PAEPE, Niederlände…, p. 305.A. SCHANER, Contributions…, p. 12, 35-37. D. DE WEERDT, Le Belge…, p. 102, 108. H. VANDEN BROECK, Parce que…, p. 87, index p. 238.
Un frère d’Egide Govaerts a également été vu sporadiquement lors de réunions anarchistes à Bruxelles. Le coupeur de tissus Gérard Govaerts (Govaerts Jeune) habitait au 10 rue du Chemin-de-Fer, chez un vendeur de légumes. En 1879, il est membre du cercle radical des libres penseurs bruxellois Les Cosmopolitains et affilié à la section locale de l’Internationale. Le 28 décembre 1879, il assiste à une réunion de la Ligue Collectiviste Anarchiste. (H. WOUTERS, Documenten…, p. 1358, 1436, index p. 1751.) Peut-être qu’Arthur Govaerts (cf. biographie) était aussi un frère d’Egide.
Publié sur le site http://janpelleringfonds.be aujourd’hui disparu, biographie vraisemblablement rédigée par Herre Sneyers et traduite du flamand par traducteur en ligne.