Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Né le 20 janvier 1845 à Bouzonville (Moselle) ; fabricant de couronnes, anarchiste de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Le 6 mars 1894, Pierre Tournan était perquisitionné à son domicile 14 rue Paul Bert à Montreuil par le commissaire Brougnard des Invalides. Il était remis en liberté le 10 mars 1894. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°200.095.
SOURCES : Archives de la Préfecture de police Ba 1500 — Archives départementales de la Moselle. État civil.
Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Né le 9 janvier 1853 à Boufflers (Somme) ; mort le 28 novembre 1896 à Paris (XIe arr.) ; peintre en bâtiment, entrepreneur de peinture ; anarchiste parisien.
Insoumis en 1870, Guy Toulet s’était réfugié à Bruxelles en Belgique. Revenu en France sous le nom de Leclerc (ou Leclère), il fut dans les années 1880 membre du groupe parisien Les communistes des Amandiers puis appelé Les communistes anarchistes des Amandiers sur la proposition de Lucien Guérineau. Le 12 décembre 1890, il faisait paraître dans La Révolte, l’avis suivant : « Les amis qui sont en correspondance avec G. Leclerc Pavi, sont priés d’écrire dorénavant à G. Toulet, 7, rue Mont-Louis, Paris. » En avril 1892, Toulet hébergea Meunier lorsque celui-ci commit son attentat contre le restaurant Véry. Toulet aurait logé pendant quelque temps Léauthier, qui le 13 novembre 1893, blessait l’ambassadeur de Serbie. Toulet demeurait 34 rue Servan où sa compagne exploitait une boutique de marchande de couleurs. Le 1er janvier 1894, lors des rafles suivant l’attentat de Vaillant à la Chambre des députés, il avait fait l’objet d’une perquisition où la police avait saisi diverses brochures anarchistes, mais avait été laissé en liberté. Vers six heures, on tambourina à sa porte : « Au nom de la loi, ouvrez ! » Ceint de son écharpe, un commissaire de police se précipita chez lui, suivi d’une demi-douzaine de policiers. En un clin d’œil tout dans l’appartement fut retourné, bouleversé. « Ah ! Ça, mais que cherchent-ils donc ? » se disait M. Toulet. Enfin, quand ils eurent tout vu, le magistrat demanda : « Vous avez une boutique ? » (L’appartement se situe au quatrième étage). — Une boutique et une cave, oui, monsieur. — Ah ! Vous avez une cave aussi ? Reprit le commissaire. Et, se tournant vers ses agents, qui clignaient de l’œil : — Il faudra voir aussi dans la cave, ajouta-t-il. Donc on continua par la boutique et l’on termina par la cave : tout fut scrupuleusement examiné. Et toujours M. Toulet se demandait : « Ab ça ! qu’est-ce qu’ils cherchent donc ici ? » Après une heure et demie de perquisitions, le commissaire et ses agents s’en allèrent. Le 23 mars suivant il fut l’objet d’une nouvelle perquisition. Son dossier à la Préfecture de police portait le n° 2897. Le juge d’instruction demanda sa notice à la Préfecture de police le 30 mars 1894. Il fut libéré le 21 avril 1894. Il s’était ensuite, semble-t-il, retiré du mouvement avant de décéder à son domicile 34 rue Servan.
SOURCES : Combat Syndicaliste, 4 juin 1937 (souvenirs de L. Guérineau) — Archives Nationales F7/12508 — Archives de la Préfecture de police Ba 1500 — Les Temps Nouveaux, 5 décembre 1896 — Notice Guy Toulet du Dictionnaire des militants anarchistes — La Loi 11 avril 1893 — Petit Parisien 2 janvier 1894 — Le Radical 4 janvier 1894
Né le 13 décembre 1895 à Saint Girons (Ariège), mort le 28 octobre 1981 à Saint-Girons ; ouvrier du bâtiment ; électricien ; militant de la CGTSR et du Comité de Défense Sociale à Paris.
Joseph Lazerges avait épousé Marie-Louise Banton, ils eurent une fille. Dans les années 1930 Joseph Lazerges qui demeurait 13 rue Custine (XVIIIe arr.) était membre du syndicat unique du bâtiment (SUB) de la CGTSR (Confédération Générale du Travail Syndicaliste Révolutionnaire). En 1933-1934 il fut le secrétaire de la 1ère union régionale de la CGTSR (comprenant les départements de la Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise et Loiret). A cette époque, il collaborait au journal pacifiste La Patrie humaine. Il était lecteur du Libertaire, du Barrage et du Combat syndicaliste, organe de la CGTSR. Militant libertaire, il fut, à partir de décembre 1935 élu trésorier du Comité de défense sociale où il avait remplacé Albert Cané et dont le secrétaire était H. Beylie. Il continua à militer au sein des organisations anarchistes jusqu’en 1939. En 1939, il fut affecté comme électricien aux Ateliers de la SNCF à Toulouse, jusqu’en juin 1940. Dès le début de l’occupation, il s’était réfugié à Saint-Girons (Ariège) où il demeurait avec sa famille, 67 rue du Général Foix. Un an plus tard, il passait en Espagne où il était interné quelques mois. Puis il gagnait Londres où il se mettait à la disposition du Gouvernement provisoire de la République française, qu’il suivait ensuite en Afrique du Nord. Il fut condamné, par défaut, le 1er juin 1943 par un tribunal de Saint-Girons (Ariège) à 4 mois de prison, pour abandon de service à la suite de son départ pour Londres. Durant son séjour à Londres et à Alger, il avait été huissier auprès du Gouvernement provisoire. Il était revenu à Paris en 1945 où il était chef monteur électricien chez Saunier-Duval-Frisquet, 99 avenue de la République (Paris XIe arr.), où il était entré le 15 septembre 1924. Il ne militait plus à cette époque dans les organisations anarchistes. Il fut élu membre du Comité d’entreprise, avec l’étiquette d’un syndicat autonome. Sa femme, atteinte d’amnésie était disparue depuis le 22 avril 1947. Joseph Lazerges avait été rayé de la liste des anarchistes à surveiller en région parisienne le 31 janvier 1949.
SOURCES : Le Libertaire, année 1932 — La Voix Libertaire, année 1936 — Archives de la Préfecture de police BA 1899, 1900, 211 W 2, 1 W 1119 (document transmis par Gilles Morin) — Notice Joseph Lazerges du Dictionnaire des militants anarchistes — Fichier des décès (INSEE).
Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Né vers 1866 à Touët de Breuil (Alpes Maritimes) ; étudiant en médecine ; anarchiste parisien.
Parfois orthographié Tosca, l’étudiant en médecine Calixte Toesca était signalé dans les réunions parisiennes en 1893, notamment celles du groupe d’études et vulgarisation des V et XIIIe arrondissements, salle Messiez, 127 rue Mouffetard, où à l’été 1893, lors des élections, il distribuait le manifeste La Grève des électeurs (d’Octave Mirbeau). A cette même époque il aurait été l’auteur d’un manifeste intitulé Au Peuple. Le 3 juin 1893, il assistait au meeting de 500 personnes à la salle du Commerce, pour protester contre la condamnation à mort de Foret. Le 1er juillet 1893, il était présent à la salle du Commerce, pour une conférence de 400 personnes, organisée par Dufour et Marin. Le 3 juillet 1893, on le retrouvait à la salle du Commerce, pour un meeting organisé par Saint-Martin et Cotté. Le 7 juillet l’indicateur Thanne, indiquait que Toesca, Guillemard, Paul Gibier se mêlaient à la foule qu’ils cherchaient à exciter, ils opéraient au quartier latin et avaient réussi à faire briser ou renverser des kiosques ou des voitures. Début juillet 1893, avec plusieurs autres compagnons – dont Renard, Bichon, Millet, Gibier et Guillemard – il avait participé aux émeutes du quartier latin suivant la mort d’un étudiant. A la fin juillet 1893, il participait à des réunion en vue de publier un quotidien anarchiste, tout au moins durant la campagne électorale des législatives. Le 23 juillet 1893, Toesca participait à une réunion pour la campagne électorale. Il était décidé d’être présent à toutes les réunion socialistes, d’essayer de s’emparer du bureau par la force, pour se faire entendre. Le 9 août 1893, Toesca, Renard, Boissier et Boulnois se trouvaient à la permanence des anarchistes, chez Messier, rue Mouffetard, pour aller perturber les réunions électorales, mais partout on demandait les cartes d’électeur à l’entrée, il décidèrent de changer de tactique et de tenter « d’exploiter » les candidats, en leur soutirant de l’argent. Selon l’indicateur Thanne, le 10 août 1893, Toesca se retrouvait chez Chavanne avec Millet et sa femme, Chauvin, Gaston Pérot et Boulnois, pour discuter sur la tactique à adopter pour combattre les candidats. Il aurait été décidé sur les conseils de Toesca de combattre principalement les candidats du Parti Ouvrier et les autres socialistes, « car tous préféraient voir passer des bourgeois. On s’arrangerait ensuite à faire verser de l’argent aux candidats bourgeois, pour faire de la propagande. » poursuivait Thanne. Cette tactique de contrer les socialistes était mise en pratique le 14 août 1893, lors d’une réunion 221 rue Saint-Denis, devant 100 personnes où plusieurs anarchistes dont Toesca empêchèrent un intervenant de développer le programme du Parti Ouvrier. Le 8 septembre 1893, Toesca, Brunet, Bilon, Boulnois étaient réunis chez Chavanne. Brunet expliqua que Ricois venait d’hériter une certaine fortune et s’était engagé à verser 2.000 francs pour le projet de journal quotidien Le Réveil international (projet qui n’aboutiras pas). Toesca était inscrit sur l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893, il demeurait 1 carrefour de la Croix Rouge. Les agents de police de la brigade spécialement chargée de surveiller les anarchistes opéraient, le 27 février 1894, six arrestations d’anarchistes suspectés de faire partie d’une association de malfaiteurs. Vers six heures du soir, M. Doffemont, commissaire de police du quartier Notre-Dame, accompagné d’agents, arrêta, au moment où ils rentraient, chez eux deux anarchistes français, malgré la consonance italienne de leurs noms (Toesca et Novi étaient originaires des Alpes Maritimes), habitant ensemble, 8 quai aux Fleurs. La perquisition amena la saisie de correspondances. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°329.012, le même que celui de Novi et de Bernaix. Toesca était porté sur l’état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1894, son adresse était 13 quai aux Fleurs. Fiché pour « association de malfaiteurs » en 1894, il participait l‘année suivante avec Novi à la rédaction du journal Sur le trimard (Paris, 4 juillet 1895 à mars-avril 1896). Le 3 août 1895, il fut avec Novi l’organisateur d’un meeting à la salle du commerce (Faubourg du Temple) pour trouver des fonds afin de continuer la publication de Sur le trimard, où une collecte devait être faite au profit des fils Galau afin que ceux-ci puissent rejoindre leur frère à Londres. A l’été 1896 il était avec Novi l’un des animateurs du groupe Les Négateurs qui se réunissait rue de la Montagne Sainte Geneviève et était proche des idées développées par M. Goldberg. Sur l’état du 31 décembre 1896, il était noté « dangereux » et « en recherche ».
SOURCES : Archives de la Préfecture de police Ba 78, 80, 1500, 1505 — Notice Calixte Toesca du Dictionnaire des militants anarchistes — Les anarchistes contre la république par Vivien Bouhey, Annexe 56 : les anarchistes de la Seine — Journal des débats 28 février 1894
Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Né le 28 mars 1864 à Briec (Finistère) ; serrurier ; anarchiste parisien.
Le 2 mars 1889, Arthur Tiran épousait à Paris (XIIe arr.) Amélie, Marguerite Rhom, giletière. Il demeurait 32 rue Gay Lussac. Le 26 février 1894, son logement 67 rue des Entrepreneurs était perquisitionné par le commissaire Daltroft du quartier de Grenelle. Celui-ci saisissait une boîte en fer blanc contenant de l’ammoniaque dont Tiran disait se servir pour charger sa pile électrique de sonnerie. Il était arrêté et libéré le 2 mars. Il figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1894. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°112.786.
SOURCES : Les anarchistes contre la république par Vivien Bouhey, Annexe 56 : les anarchistes de la Seine. — Archives de la Préfecture de police Ba 1500 — Archives de Paris. État civil.
Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Né le 3 mai 1862 à Autrey (Vosges) ; garçon de salle, homme de peine, journaliste ; anarchiste parisien.
En 1887, Louis Thirion était membre du groupe l’Égalité sociale et de la Ligue des Antipropriétaires. Au mois d’août 1887, la 10ème chambre correctionnelle de Paris jugea Louis Thirion, Mlle Delacour, Jules Leroux, Lucien Bécu,Jean Couchot, Paul Laumesfelt, Laurent Ansiaux et Pierre Dufour, prévenus de détournement d’objets saisis, de violences et voies de fait. Mlle Delacour était condamnée à un mois de prison et Couchot à quatre mois de la même peine. Tous les autres compagnons avaient été acquittés. Le 23 novembre 1887, M. Parisot, restaurateur, 108 rue Saint-Honoré,vit cinq individu entrer dans mon établissement, à six heures du soir, et qui demandèrent à diner. Ils mangèrent, burent quatre litres de vin et cinq cafés. Quand ils eurent fini, le restaurateur leur présenta la note. Tous alors, répondirent qu’ils étaient sans travail et par conséquent sans argent, que les bourgeois devaient les nourrir. Il envoya un garçon de son établissement chercher les agents au poste de la rue des Prouvaires qui les arrêtèrent et les conduisirent au commissariat des Haltes. Au commissariat, ils déclarèrent : « Si nous avions des fusils, ils partiraient tout seuls. Il ne serait pas trop tôt que la Révolution balaye des crapules comme vous ». Ils traitèrent les policiers de « canailles » et de « fainéants » Devant le tribunal correction le 26 novembre 1887, Louis Thirion, garçon de salle déclara : « J’avais faim. Je n’ai rien à dire de plus ». Georges Brunet expliqua : « Nous avions faim et c’est notre droit de manger. Nous avons fait cela pour le principe. » Adolphe Guillemaud : « Je suis anarchiste, j’accepte la responsabilité de ce que j’ai fait. Toutefois, je nié les outrages. J’avais faim. J’ai trouvé des camarades qui se trouvaient dans le même cas. Nous ne voulions ni voler ; ni incendier, nous avons voulu satisfaire notre faim. C’est un droit que personne ne peut raisonnablement nous contester. J’ai travaillé toute ma vie, j’ai la vue faible, j’entends difficilement, les patrons ne veulent plus de moi. Mais il faut bien que je mange. » Jules Leroux, homme de peine : « J’avais faim, j’ai mangé. En prenant ainsi, j’ai usé de mon droit à la vie. Tout homme a ce droit là. » Jules Rousset, homme de peine : « J’ai droit à la vie. Si c’était à refaire, je recommencerais. » Le tribunal condamna chacun des inculpés à trois mois de prison. Louis Thirion se trouvait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893. Le 4 mars 1894, son logement 125 rue d’Aboukir était perquisitionné. Il était arrêté. Il figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1896, il demeurait 9 rue de Chabanais. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°297.380. Sur l’état de 1901, il était noté « disparu ».
SOURCES : Archives de la Préfecture de police de Paris Ba 75, 1500 — Le Matin 27 novembre 1887 — Le Siècle 5 mars 1894 — Les anarchistes contre la république par Vivien Bouhey, Annexe 56 : les anarchistes de la Seine — Archives départementales des Vosges. État civil.
Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Né le 6 novembre 1858 à Château-Salin (Moselle) ; mort le 16 février 1909 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) ; couvreur ; anarchiste de Boulogne-Billancourt.
Le 3 mars 1894, huit anarchistes de la région parisienne étaient arrêtés, le domicile d’Eugène Thiébaux, 84 rue de Paris à Boulogne-Billancourt était perquisitionné. Il était arrêté et libéré le 10 mars 1894. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°333.516. Le 23 novembre 1896, il se mariait à Boulogne-Billancourt avec Victorine Villet, blanchisseuse. Il demeurait 15 Rond Point Victor Hugo, sa femme était sa voisine, elle demeurait au n°13 de la même rue. Lors de son décès, il demeurait 10 rue de Paris à Boulogne-Billancourt.
SOURCES : Les anarchistes contre la république par Vivien Bouhey, Annexe 56 : les anarchistes de la Seine. — Archives de la Préfecture de police Ba 1500 — Le Siècle 4 mars 1894 — Archives départementales de la Moselle. État civil — Archives départementales des Hauts-de-Seine. État civil.
Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Né le 7 juin 1870 à Puiseux-le-Hauberger (Oise) ; mort le 3 mars 1914 à Paris (XXe arr.) ; polisseur de métaux ; anarchiste de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Le 26 novembre 1892, son adresse était répertoriée par la 2e brigade de recherches de la préfecture de police. Il habitait 10 route d’Aubervilliers à Saint-Denis. Il était noté « anarchiste militant ». Eugène Thibivilliers figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893, son adresse était inconnue. Le 3 mars 1894, Auguste Heurteaux était une nouvelle fois perquisitionné. A l’heure où s’était présenté le commissaire de police du quartier de la Madeleine, Heurteaux avait quitté son domicile. La perquisition n’en avait pas moins été faite, et avait donné à la saisie de brochures et de journaux anarchistes. Le lendemain matin, deux gendarmes, en vertu d’un mandat délivré par le parquet, se présentaient à l’usine Christofle, 112, rue de la gare, pour procéder à l’arrestation de Heurteaux. Il parut d’abord vouloir les suivre sans opposer de résistance, mais en traversant la cour de l’usine il fît signe à plusieurs camarades qui assistaient à cette scène. Aussitôt, soixante ouvriers environ se ruèrent sur les gendarmes, les insultant et cherchant à leur enlever Heurteaux. Les gendarmes soutinrent une lutte terrible contre tous ces ouvriers, et ils durent sortir leurs revolvers et les en menacer. Les gendarmes purent emmener Heurteaux, ils arrêtèrent deux des ouvriers les plus acharnés, Thibivilliers et Carré qui furent conduits au dépôt avec Heurteaux. Le 21 mars 1894, Auguste Heurteaux comparaissait en police correctionnelle avec Cyprien Gavot, Alexis Lartigue, Arthur Maigret, Eugène Thibivilliers, François Carré, pour outrages et rébellion. Conort, inspecteur de police déclara que Thibivilliers avait eu une attitude menaçante et injurieuse et faisait partie de ceux qui avaient crié : « Mort aux vaches, on vous fera sauter ». Il nia les accusations portées contre lui. Heurteaux fut condamné à 6 mois de prison, le tribunal avait acquitté Gavot, mais condamné Lartigue à 25 francs d’amende et Maigret à deux mois de prison. Thibivilliers et Carré, chacun à 3 mois. Le 1er juillet 1894, Thibivilliers se trouvait parmi la trentaine d’anarchistes arrêtés à Saint-Denis. Son domicile 9 rue Samson était perquisitionné, sans succès. Sur l’état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1894, il demeurait 82 route d’Aubervilliers à Saint-Denis et sur l’état de 1901, 3 impasse Jean à Saint-Denis. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°108.066. Le 4 janvier 1913, il se mariait à Paris (XXe arr.) avec Marie Bedu.
SOURCES : Journal de Saint-Denis 8, 25 mars, 5 juillet mars 1894 — La Loi 22 mars 1894 — Les anarchistes contre la république par Vivien Bouhey, Annexe 56 : les anarchistes de la Seine. — Archives de la Préfecture de police Ba 310, 1500 — Arbre généalogique de Pierre. B246 sur Filae.
Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Né le 17 février 1859 à Lyon (Ve arr.) ; représentant de commerce, réparateur de chaussures, camelot ; anarchiste parisien.
Bernard Surgand demeurait 11 rue des Partants au début des années 1890. Il habitait en garni, 11 rue des Partants. Surgand, ancien commerçant, avait fait de mauvaises affaires et l’impossibilité de trouver un emploi l’avait poussé à fréquenter les milieux anarchistes. La Préfecture de police suivait son activité militante en le nommant Surgan. En avril 1893, à l’occasion des élections municipales, il fut l’un des candidats abstentionnistes à Charenton aux cotés notamment de Guérineau à Bagnolet et de Jean Billot à Paris XIIème. Le 6 mai 1893, il assistait à un meeting de 300 personnes, à la salle du Commerce, 94 rue du Faubourg du Temple. Le 31 juillet 1893, il participait à une réunion dans l’atelier de Jacques Mérigeau, 83 rue des Haies, pour préparer la campagne électorale des élections législatives. Le 12 août 1893, il se trouvait à une réunion chez Daguenet, 10 rue des Vignolles à Charonne, afin de se rendre ensuite à une réunion électorale et prévoir le collage d’affiches du Pot à colle. Le 18 décembre 1893, il se rendit chez Méreaux avec plusieurs autres anarchistes. Ce dernier leur déclara que Mérigeau avait été arrêté et qu’il ne pouvait y avoir de réunion. Ils discutèrent qu’il valait mieux continuer à se voir par petits groupes, plutôt que dans de grandes salles de réunions. Chapin expliqua qu’avec Surgand, ils plaçaient des bouchons chez les marchands de vins. Le 29 décembre 1893, Surgand, Daguenet et plusieurs anarchistes se retrouvaient dans un bar 28 rue des Vignolles, Daguenet protesta contre les accusations portées contre lui, il ajouta : « Je ne suis pas un dénonciateur, étant obligé moi-même de me cacher chez des camarades. » En 1893 il était signalé dans les réunions de la Jeunesses des anti-patriotes et les réunions du groupe anarchiste tenues à la salle du Château Rouge, rue des Vignoles (XXème arr.). Le 22 décembre 1893, Surgand et plusieurs anarchistes se retrouvaient au bar à l’angle des rues des Haies et Planchat. Début janvier 1894 il fut arrêté avec une quinzaine d’autres compagnons à Paris lors des rafles anti anarchistes. Le 4 mars 1894, il subissait une nouvelle perquisition 11 rue des Partants et fut arrêté. Il était libéré le 19 avril. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°332.805.
SOURCES : Archives Nationales F7/12507 — Archives de la Préfecture de police Ba 78, 1500, 1508 — L’Observateur français 6 mars 1894 — Les anarchistes contre la république par Vivien Bouhey, Annexe 56 : les anarchistes de la Seine. — Le Matin 5 mars 1894 — Notice Surgand du Dictionnaire des militants anarchistes —Archives de Lyon. État civil.
Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Né le 17 septembre 1872 à Duisbourg (Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne) ou à Bruxelles (Belgique) ; menuisier, ébéniste ; anarchiste parisien.
Le 27 décembre 1893, un rapport du Service des garnis de la Préfecture de police, signalait comme anarchiste Guillaume Springer ayant logé du 9 août au 13 décembre 1893, au 11-13 rue des Vignolles. Selon ce document il serait né à Bruxelles (Belgique) et serait âgé de 20 ans. Dans le même logement vivaient : Henri Smogglie, 19 ans, ébéniste, né à Vincennes qui avait demeuré à la même adresse du 24 octobre au 4 décembre ; Nicolas Kieffer, même adresse du 9 septembre au 17 décembre et Eugène Hettig, même adresse du 16 novembre au 4 décembre. Selon la police ils auraient été tous en contact avec Jacques Mérigeau qui venait d’être arrêté suite à l’attentat de Vaillant. Guillaume Springer était arrêté le 17 juillet 1894, en même temps qu’Henri Smogglie. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°72.143.
SOURCE : Archives de la Préfecture de police Ba 1120 (dossier Hettisch)