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Archives anarchistes

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Archives de Catégorie: Les anarchistes au comptoir de l’injustice

L’arrestation de Heurteaux. La bagarre de l’usine Chritofle à Saint Denis. 3 mars 1894

18 dimanche Oct 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Mercredi dernier, comparaissaient en police correctionnelle, à la suite des perquisitions et arrestations anarchistes auxquelles se livre la police depuis un mois, six individus sous la prévention d’outrages et de rébellion. Ce sont les sieurs Cyprien Gavot, Alexis Lartigue, Arthur Maigret, Eugène Thibivilliers, François Carré et Auguste Heurteaux. Les prévenus niant, pour la plupart, les faits qui leur sont reprochés, on entend les témoins.

Consort, inspecteur de police : Le 3 mars dernier, assistant M. le commissaire de police, chargé de procéder à une perquisition chez Heurteaux, signalé comme anarchiste, je me suis rendu avec le brigadier de gendarmerie à l’usine Christofle où se trouvait Heurteaux.

M.le président : Vous n’avez pas pénétré dans l’endroit même où il travaillait ?

Le témoin : Non ; nous l’avons fait appeler au parloir et là nous lui avons fait savoir que nous venions le chercher pour assister à la perquisition qui devait être opérée chez lui. Heurteaux nous a répondu qu’il allait retourner à son atelier pour se nettoyer et changer de vêtements. Nous lui fîmes observer que nous allions envoyer prendre ses effets de rechange. Il s’enfuit alors du parloir dans la direction de son atelier.

M. le président : Sans bousculade ?

Le témoin : Pas à ce moment ; partis à sa poursuite, nous l’avons rejoint comme il allait pénétrer dans l’atelier. C’est alors qu’Heurteaux a crié : « A moi les amis, vous n’allez pas me laisser enlever comme ça ! » Nous avons été aussitôt entourés par de nombreux ouvriers.

M. le Président : Quelle était leur attitude ?

Le témoin : Hostile et mençante, car elle a obligé le brigadier à lâcher Heurteaux ; aussitôt nous avons été refoulés sous un hangar où étaient disposées des auges renfermant des liquides que nous avons pensé être des acides. Du renfort est arrivé à notre aide qui nous a permis d’emmener Heurteaux. Il nous a dit pendant qu’il se lavait : « Vous êtes des crève-faim et c’est nous autres qui vous payons et vous faisons vivre. »

Heurteaux : M. l’agent oublie qu’il a sorti son revolver de sa poche.

Le témoin : Parfaitement, mais je ne l’ai sorti qu’après que vous avez eu fait appel à vos camarades et alors qu’entourés par une bande, nous étions poursuivis par les cris de « Mort aux vaches ! Mort aux rousses, on vous fera tous sauter ! »

M. le président : Avez-vous pu remarquer le rôle joué par chacun des prévenus à cette occasion ?

Gavot : Moi je n’ai rien fait, ni rien dit d’outrageant pour les agents.

Le témoin : Il nous a fait remarquer sur un ton un peu vif qu’en pareille occasion, il ne nous suivrait pas aussi tranquillement.

M. le président : Et les autres ?

Le témoin : Je n’ai rien à dire de Lartigue et je n’ai pas remarqué Maigret. Thibivilliers a eu une attitude menaçante et injurieuse ; il a été un des plus animés et un de ceux qui ont crié : « Mort aux vaches, on vous fera sauter. »

Thibivilliers : Je nie les faits, je n’ai rien dit.

Le témoin : Tous les gendarmes étaient là quand nous avons été injurés et menacés, ils pourront dire qui se trompe. Carré a été un des plus violents ; il est allé chercher du vin blanc qu’il a donné à Heurteaux en lui disant que cela lui donnerait des forces ; il s’est opposé à l’arrestation de ses camarades.

M. le président : Avez-vous été violentés ?

Le témoin : Non, par personne ; nous avons été seulement pressés et bousculés ; ce qui le prouve, c’est que le veston que je portais a été maculé et sali par les vêtements de travail que portaient les ouvriers et qui étaient enduits de graisses, de ponce et d’acides.

Les gendarmes entendus font des dépositions identiques.

M. le substitut Seligmann requiert contre les prévenus une sévère application de la loi.

Me Henri Robert a présenté la défense de Maigret et de Carré. Me Albert Crémieux celle de Thibivilliers, Me Lagasse, celle de Heurteaux.

Le tribunal a acquitté Gavot, mais a condamné Lartigue à 25 francs d’amende, Maigret à deux mois de prison. Thibivilliers et Carré, chacun à 3 mois et Heurteaux à 6 mois de la même peine.

Journal de Saint-Denis 25 mars 1894

A l’enseigne « La cordonnerie anarchiste », l’échoppe de Henri Mercier à Trélazé (Maine et Loire)

10 mercredi Juin 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Commissaire spécial de police

Gare d’Angers

Angers 16 février 1894

Rapport

Des renseignements recueillis à Trélazé dans la journée d’hier et complétés ce matin, il résulte que la demeure de Mercier ou plutôt l’atelier de cordonnerie qu’il occupe dans la cour du débit Tessier est devenu depuis quelques temps, le lieu de réunions des anarchistes militants.

C’est toute la journée un va et vient d’individus suspects qui viennent apprendre auprès de lui les nouvelles ou chercher le mot d’ordre des compagnons.

On y remarque, entre autres Georget le secrétaire de la Chambre syndicale des carriers, bien connu pour ses idées anarchistes et le dimanche, Philippe, qui vient d’Angers lui apporter le concours de sa parole pour réchauffer le zèle des compagnons et faire de nouveaux prosélytes.

Quant à Chevry, on ne l’a pas aperçu à Trélazé en ces derniers temps.

On a signalé aussi parmi les habitués de l’échoppe de Mercier, le sieur Cantal d’Angers, vendeur du Petit Parisien, lequel passe presque tous ses après-midi en compagnie de Mercier, qu’il seconde dans sa propagande anarchiste. Cet individu, qui passe presque tout son temps à Trélazé, sous le prétexte de vendre des journaux et qui n’a pas d’autre moyen d’existence que le bénéfice fort minime retiré de ce commerce, paraît des plus dangereux et est devenu l’ami le plus intime de Mercier.

On remarque ce fait que, tandis que la plupart des anarchistes se montrent très réservés depuis les dernières mesures de rigueur dont ils ont été l’objet, Mercier, au contraire, affiche hautement ses idées anarchistes en mettant bien évidence son enseigne de « Cordonnerie anarchiste » et se livrant dans son atelier aux diatribes les plus violentes contre la société.

Sa propagande vise principalement à l’heure actuelle, les jeunes gens de 18 à 20 ans qui viennent à son échoppe, amenés par Georget, Ménard ou autres militants et il est à craindre que ses efforts pour les entraîner dans le mouvement anarchiste ne soient pas vains, car le nombre de ceux qui fréquentent son atelier augmente rapidement, prétend-on.

En résumé, pendant que Ménard et les autres chefs du parti anarchiste de Trélazé semblent s’abstenir de toute démonstration, par crainte de répression, Mercier a institué dans son échoppe, avec le concours journalier de Cantal et celui dominical de Philippe, un véritable cours d’anarchie à l’usage des jeunes ouvriers des carrières.

Le commissaire de police.

(2046)

Commissaire spécial de police

Gare d’Angers

Angers 21 février 1894

Rapport

Pour date suite à mon rapport en date du 16 courant, relatif aux agissements de l’anarchiste Mercier de Trélazé, j’ai l’honneur de faire connaître que les renseignements qu’il contient sont des renseignements de police, puisés à diverses sources et auprès de personnes digne de foi, bien placées pour savoir ce qui se passe dans l’échoppe du cordonnier anarchiste, mais qui se refuseraient certainement à faire des déclarations sous forme de procès-verbal ou a déposer en justice.

On me dit, d’autre part, que Mercier, à la suite de sa dernière comparution devant M. le juge d’instruction, aurait résolu de faire disparaître son enseigne de « Cordonnerie anarchiste » et de mettre fin aux conciliabules tenus journellement par les anarchistes dans son échoppe.

Sans ajouter plus de foi qu’il ne faut aux résolutions de sagesse annoncées par mercier, il semble prudent d’en attendre les effets, tout en continuant à le surveiller étroitement.

Le commissaire spécial.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine-et-Loire

Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates

Notice concernant Henri Mercier, anarchiste d’Angers

06 samedi Juin 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Notice

Mercier Henri, âgé de 34 ans, célibataire, né à Chaudefonds (Maine-et-Loire) le 24 mars 1860 est arrivé à Angers en 1888.

Cet individu qui exerce la profession de cordonnier, vit en concubinage avec une nommée Rettroré Célistine, originaire de Nantes, de cette union illégitime, sont nés plusieurs enfants, dont un seul est encore vivant, il n’a d’autres moyens d’existence que son travail, mais s’occupe assez assidûment.

Mercier est un anarchiste très dangereux, faisant une propagande effrénée et assistant à toutes les réunions ouvrières où il ne manque pas d’émettre ses opinions, il était le correspondant du journal Le Père Peinard et autres feuilles de ce genre. Lors de la grève des ouvriers textiles, au mois d’avril 1893, il se rendait fréquemment à la Bourse du travail, pour exciter au chômage, mais malheureusement ses théories n’ont pu être contrôlées, l’accès de cet établissement étant interdit à la police.

A chaque fois que des étrangers sont venus à Angers, tels que Riemer et Tennevin, ils étaient reçus à leur arrivée par Mercier, chef de file de la propagande anarchiste, cependant se sentant l’objet d’une surveillance constante, il a quitté cette localité au mois de septembre dernier, pour aller habiter ici voir les compagnons.

Pendant son séjour à Angers, Mercier a constamment manifesté des opinions anarchistes et fréquentait principalement les nommés Chevry, Bernard, Hériché, Moru, Maillard, Philippe, Camus, Ménard, etc… sa conduite privée, quoique s’enivrant quelques fois, n’était pas trop mauvaise et lorsque Meunier fit son apparition, il a dû manger chez lui à différentes reprises.

Angers le 12 mars 1894

Le commissaire central.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine-et-Loire

Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates

Déposition de Octave Hamard, fabricant de chaussures à Angers, qui a occupé Henri Mercier pendant 8 ans

05 vendredi Juin 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Déposition de Hamard, fabricant de chaussures à Angers, qui a occupé Mercier pendant 8 ans

Le 19 mars 1894.

Je me nomme Hamard Octave, âgé de 47 ans, fabriquant de chaussures, demeurant à Angers, 46 rue des Lyonnais.

Je ne suis ni parent, ni allié, ni au service des inculpés.

Q. Veuillez nous faire connaître dans quelles conditions, vous avez employé le sieur Mercier du 20 septembre 1888 au 23 juillet 1893 ?

R. J’ai en effet eu Mercier chez moi pendant 8 ans. Il a d’abord été ouvrier monteur, puis il a été chargé de distribuer l’ouvrage aux autres ouvriers. Il devait gagner de 5 fr. 5 fr. 50 par jour.

Mercier était certainement un ouvrier très intelligent. Il se tenait bien à son travail, il faisait tout son devoir et ne disait jamais rien à personne.

Il ne s’enivrait pas. Je connaissais bien ses idées anarchistes, s’il n’avait pas été aussi assidu au travail qu’il l’était, je ne l’aurais certainement pas gardé.

Je dois ajouter que dans l’intérieur de la fabrique, je suis certain qu’il n’a jamais fait de propagande.

Je crois même qu’au moment de la grève des ouvriers cordonniers, il n’a pas été l’un des instigateurs de la grève. J’en suis même sûr, ce n’est pas dans ses idées.

J’ai encore comme contremaître chez moi, son frère qui, comme lui, se conduit très bien.

Je ne crois pas que ce dernier ait des idées aussi arrêtées que son frère. Les deux fils de ce Mercier qui sont donc les neveux de l’anarchiste, ont travaillé chez moi, mais ils n’y travaillent plus. Ils marchent sur les traces de leur oncle et il y en avait même un qui écrivait, je crois, dans le Père Peinard.

Lecture faite, le témoin signe avec nous et le greffier.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine-et-Loire

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7e interrogatoire d’Henri Mercier par le juge d’instruction d’Angers le 17 mars 1894

04 jeudi Juin 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Je me nomme Mercier Henri, déjà interrogé.

Q. Dès le mois d’avril 1892, vous avez été signalé comme un anarchiste dangereux. Vous avez à cette époque, dans la réunion publique du 23 avril , tenu des propos de la dernière violence. Notamment celui-ci : « Je suis prêt à me révolter et je pousse mes camarades à la révolte. »

R. C’est complètement faux, je n’ai pas dit cela…

Q. Dans la même réunion du 23 avril, vous avez, à plusieurs reprises, proposé la candidature de Ravachol ?

R. C’était une fumisterie.

Q. Et vous vous êtes retiré de cette réunion, en criant à plusieurs reprises : « Vive l’anarchie »

R. Je ne l’ai crié qu’une seule fois, en réponse à des individus qui criaient : « Vive la République » et qui ne sont pas républicains.

Q. Vous avez fait parti du Comité central de la Ligue anarchiste dont le siège était à Paris, 13 rue de Maistre. Votre adresse a été donnée : M. Mercier, 6 rue Dacier à Angers ?

R. Je n’ai jamais eu connaissance de ce comité là. Ainsi que je l’ai déjà dit, je n’ai jamais fait partie d’aucun groupe.

Le renseignement qui a été fourni à ce sujet, sur mon compte est inexact.

Q. Dans la réunion du 15 octobre dernier tenue à Angers, sur l’initiative du sieur Philippe, dans le but évident de constituer un groupe anarchiste, vous avez à plusieurs reprises, pris la parole dans des termes qui doivent être considérés comme une provocation directe au meurtre. Vous avez dit, notamment : « espérons que nous nous servirons des marmites pour autre chose »

Vous avez dit également : « Les ouvriers devraient mettre la main sur les machines, chacun choisir dans le tas, il faut une révolution avec un chambardement à la clef ».

R. Je n’ai jamais tenu ces deux propos. Ils ne seraient pas d’accord avec mes idées. On m’attribue des propos qui sont peut-être tenus par d’autres.

Q. Vous avez encore dit, dans un autre passage : « Le capital amassé dans les caisses du patron est de l’argent volé. Ouvriers intelligents, vous devriez faire comprendre cela à vos camarades. Le moyen est tout indiqué : « tuer les patrons » (Il répète cela trois fois) et prendre leur matériel.

« Pourquoi en grève, ne met-on pas le feu dans la fabrique ? »

R. Si ces propos étaient exacts, comment n’aurais-je pas été poursuivi ? J’affirme catégoriquement que je n’ai pas dit tout cela. Il faudrait être fou pour tenir des propos comme cela, devant un commissaire. Je suis assez intelligent pour savoir ce que je dois dire et rien que cela.

Q. Vous avez également dans cette réunion annoncé que « tous les dimanches, à la même heure, vous feriez une conférence anarchiste dans le même local et qu’on entrerait au moyen de cartes ?

R. S’il a été fait une convocation de ce genre, elle a été faite par le propriétaire du local et non par moi.

Je persiste à affirmer que je suis, il est vrai un théoricien de l’anarchie, mais nullement partisan de la propagande par le fait.

Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine-et-Loire

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6e interrogatoire de Mercier par le juge d’instruction d’Angers le 14 mars 1894

02 mardi Juin 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Je me nomme Mercier Henri, déjà interrogé.

Q. Veuillez nous faire connaître vos antécédents.

R. J’ai habité Angers de 1888 à 1893. Je suis entré chez M. Hamard le 20 septembre 1889 et sorti le le 23 juillet 1893 pour aller habiter Trélazé.

Q. Vous avez connu à cette époque à Angers Riemer  et Tennevin ?

R. Je les ai entendu dans des réunions publiques ; mais je n’assistais pas à la réunion de Riemer à Trélazé, réunion pour laquelle il a été condamné par contumace à Angers, à 2 ans de prison.

Riemer doit actuellement être arrêté, quant à Tennevin, je ne sais pas où il est en ce moment-ci.

Q. Vous n’êtes pas marié ?

R. Non, monsieur. Je vis en concubinage avec une jeune fille d’Angers qui s’appelle Célestine Béthoré.

Q. Vous êtes désigné, ainsi que je vous l’ai déjà fait connaître et connu par les anarchistes des autres régions. C’est vous qui, avec  Chevry avez reçu au cours du mois de décembre dernier, le placard « Les dynamitards aux panamitards », placard qui ne vous est pas parvenu uniquement parce qu’il a été saisi à cette époque ?

R. Je n’ai jamais reçu ce placard. Il est probable qu’il m’a été adressé à Angers et non à Trélazé où j’habite.

Q. En effet, vous avez également reçu le placard « A Carnot, le tueur » ? On a saisi chez vous l’Almanach du Père Peinard pour 1894, le journal du Père Peinard du 1er au 8 octobre 1893. Des chansons anarchistes très dangereuses, notamment une chanson, au dos de laquelle est écrit cette phrase : « Mais on feint ? Toujours à [illisible] pour l’extermination de cette race de parasites » (pièce à conviction lettre G) ?

R. En réalité je n’ai jamais reçu les placards puisqu’ils ont été arrêtés. En outre je n’habite plus Angers et l’adresse était fausse.

Quant aux autres publications qu’on a saisis chez moi, je les avais achetées au marchand de journaux. Enfin, je ne peux pas dire comment la chanson, au dos de laquelle se trouve la phrase que vous venez de me citer, a pu être chez moi. Je crois qu’on me l’a prêtée pour la copier.

Q. Avez vous toujours assisté aux réunions données par Philippe à Angers ?

R. J’ai assisté à une, celle du 15 octobre et encore je ne suis pas resté jusqu’à la fin.

Q. Vous avez connu à Trélazé, Hamelin et Sèvre ?

R. J’ai connu Hamelin, il y a 3 ou 4 ans, très peu. Je ne connais pas Sevre.

Q. Vous n’avez jamais été de la Fédération socialiste de l’Ouest ?

R. Non, monsieur, elle n’existait plus quand je suis revenu du régiment.

Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine-et-Loire

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Les adresses d’Henri Mercier et l’affiche « Carnot le tueur » envoyée de Londres à Angers

28 jeudi Mai 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Document Ficedl-Affiche. Lire le texte ici

3e interrogatoire de Mercier par le juge d’instruction d’Angers le 8 janvier 1894

Je me nomme Mercier, déjà interrogé.

Nous présentons à l’inculpé une lettre portant un timbre poste de Brest du 5 ? janvier 1894.

Cette lettre porte la suscription suivante : « Monsieur Mercier, cordonnier [illisible] à Trélazé, Maine-et-Loire.

Après l’avoir examinée, l’inculpé dit : « je reconnais bien que cette lettre est à mon adresse. »

Nous ouvrons cette lettre en présence de l’inculpé, nous y trouvons une feuille commençant par ces mots : « Mon ami, je ne sais si tu as reçu… » et signée « Régis ».

Nous lisons cette lettre à l’inculpé et lui faisons signer Ne variatur, ainsi que l’enveloppe, nous les signons avec notre greffier.

Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.

(1988)

4e interrogatoire de Mercier par le juge d’instruction d’Angers le 19 janvier 1894

Je me nomme Mercier Henri, déjà interrogé.

Nous présentons à l’inculpé une lettre saisie au bureau de poste de Trélazé et portant la suscription suivante :

« Monsieur et Madame Mercier, 29 rue Beaurepaire Angers ; et remis sur cette adresse (Trélazé) inscrit par la poste.

Après avoir examiné la lettre, l’inculpé dit : « cette lettre doit être pour mon frère. Du reste, il est facile de s’en rendre assurer par la signature »

Nous ouvrons la lettre en présence de Mercier, lequel après l’avoir examinée dit : « cette lettre est bien pour mon frère ».

Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.

5e interrogatoire de Mercier par le juge d’instruction d’Angers le 16 février 1894

Je me nomme Mercier Henri, déjà interrogé.

Il a été saisi à la poste d’Angers en vertu de l’ordonnance de saisie que nous avons rendue à la date du [pas de date d’indiquée], un paquet venant de Londres et dont l’adresse est la suivante :

« M. Mercier, rue Lyonnaise 51, Angers Maine-et-Loire, France »

Ce paquet contient ainsi que vous le voyez, un placard anarchiste intitulé « A Carnot le tueur »

Q. Comment se fait-il que vous soyez en correspondance avec les anarchistes de Londres qui ont votre nom et votre adresse, pour vous envoyer des placards, évidemment afin de les afficher ?

R. L’adresse que vous venez de me présenter n’est pas la mienne, ce qui prouve surabondamment que je ne suis pas en correspondance avec ces gens là.

Je n’habite plus Angers depuis le 25 juillet 1893, je suis maintenant au village du Buisson, rue du Vessière ?, commune de Trélazé.

Si j’avais donné mon adresse et si j’étais en correspondance avec les anarchistes de Londres, je leur aurais donné tout au moins l’adresse exacte.

Depuis que je suis en liberté provisoire et même avant, je n’ai écrit à personne que pour les besoins de mon commerce, ceci, je vous l’affirme.

Q. Encore une fois, veuillez nous dire comment il se fait qu’à Londres, les anarchistes connaissent, sinon votre adresse exacte, tout au moins votre nom et la ville où vous habitez.

Si vous ne correspondez pas avec les anarchistes de Londres directement, vous êtes tout au moins en relation avec eux par des intermédiaires ?

R. Je suppose qu’on a vu mon nom sur les journaux.

Il y a deux ans, on a fait une perquisition chez moi, sous prétexte que j’étais anarchiste dangereux. Cette perquisition a fait l’objet de nombreux articles dans les journaux et j’ai acquis une notoriété suffisante pour que mon nom ai été conservé par les anarchistes, même à l’étranger.

Du reste je n’ai jamais habité la rue Lyonnaise n°51. J’ai habité rue Beaurepaire, rue Dacier, boulevard Davier, rue des Carines ? Etc…

Q. Il est certain, ainsi que nous vous l’avons déjà dit que votre nom n’a pas été conservé depuis 2 ans par les anarchistes à l’étranger, si vous ne continuez pas à être en relations avec eux, soit directement, soit par des intermédiaires.

Payez-vous, notamment une cotisation à une société anarchiste quelconque ?

R. Je ne fais partie d’aucun groupe, je ne paie aucune cotisation.

Q. Il est constant que Philippe va passer toutes ses journées de dimanche chez vous.

Continuez vous à faire avec lui de la propagande et à provoquer des réunions anarchistes ?

R. Philippe est mon ami. Il est venu deux dimanches pour faire réparer des chaussures et pour me voir. Il n’est pas venu plus souvent que cela.

Je n’ai fait aucun acte de propagande ou provoqué de réunions anarchistes.

Je suis seul, je m’occupe de mon travail et pas autre chose.

Q. Il résulte cependant de renseignements qui nous sont parvenus que vous « continuez à afficher hautement vos opinions anarchistes » et que vous vous livrez dans votre atelier aux diatribes les plus violentes contre la société ?

R. Ceci m’exaspère absolument, ceci est complètement faux et donnerait réellement l’idée de mal faire….J’ai chez moi tout juste mon atelier et rien de plus. Or cet atelier est déjà rempli par des tables de mon apprenti et de moi, mes outils, mes rayons et mes marchandises. Il n’y a pas place pour faire la moindre réunion.

Georget qui est le secrétaire du syndicat n’est peut-être jamais venu dans mon atelier. Du moins, je ne m’en souviens pas l’y avoir vu.

Coutal vient m’apporter mon journal tous les jours. Meirand vient quelques fois pour ses chaussures.

Je me doute de ce qui a soulevé ainsi la police contre moi :

J’ai mis sur ma boutique : « Cordonnerie anarchiste » pour me faire une clientèle. Mais ça ne veut pas dire fabrique de bombes.

Ma clientèle augmente, il est vrai ; mais c’est de la clientèle de chaussures et non pas de la clientèle anarchiste.

La semaine dernière, j’ai fabriqué jusqu’à 14 paires de chaussures et j’ai veillé jusqu’à minuit. Ceci, je suis prêt à le prouver et mes livres en font foi.

Je n’ai donc guère eu le temps de m’occuper ni d’anarchie, ni de complot anarchiste. Je demande à vivre tranquille en travaillant.

Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine-et-Loire

Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates

1er interrogatoire d’Henri Mercier par le juge d’instruction d’Angers le 4 janvier 1894

27 mercredi Mai 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Je me nomme Mercier Henri, âgé de 33 ans, cordonnier, demeurant au Buisson, commune de Tréazé, né à Chaudefonds-sur-Layon (Maine-et-Loire), le 24 mars 1860, fils de feu Jean et de feu Marguerite Jacob, célibataire, lettré.

J’ai tiré au sort à Angers, j’ai eu le n°102 de la classe 1880. Je n’ai jamais été condamné.

Nous présentons à l’inculpé une lettre portant le timbre de la poste d’Angers, indéchiffrable et le timbre de départ de Brest (Finistère) 31 décembre.

Cette lettre porte la suscription :

« Monsieur Mercier, cordonnier, rue du Vision ?, à Trélazé, Maine et Loire »

Après l’avoir examinée, l’inculpé dit : Je reconnais bien que cette lettre est à mon adresse.

Nous ouvrons la lettre en présence de l’inculpé, nous trouvons une première feuille datée de Keranfurus Izella, 31 décembre 1893, commençant par ces mots : « Mon cher ami, dès que…. été » et la signature « A. Meunier »

Nous lisons cette première feuille à l’inculpé.

Un second papier plié en quatre portant la suscription au crayon : « Pour remettre à qui tu sais ».

Sur notre demande l’inculpé répond :

« Je ne peux pas trahir le secret de mon ami, ni dire la personne dont il s’agit »

Nous brisons le cachet de cette seconde lettre, et nous la lisons en présence de l’inculpé. Elle commence par ces mots : « Amie, si [illisible] votre dernière lettre me porte à le croire… etc et signée « Régis »

Nous faisons signer de variatur les trois pièces dont il s’agit (l’enveloppe et les deux lettres qu’elle contenait) par l’inculpé et nous signons nous-même, ainsi que le greffier.

Indépendamment de la lettre qui vient d’être saisie et dont je viens de vous donner connaissance, on a saisi à votre domicile différentes pièces :

Lettre A :

1° Un cahier de souvenirs

2° L’Almanach du Père Peinard pour 1894

3° Sous la cote B. Plusieurs chansons sur feuilles séparées.

4° Sous la lettre C : une chanson imprimée avec une note manuscrite au verso

5° Sous la lettre D : une numéro du Père Peinard du 1er au 8 octobre 1893.

L’inculpé après avoir examiné ces pièces, déclare qu’elles ont bien été saisies chez lui.

Nous les lui faisons signer Ne variatur et nous les signons nous même avec le greffier.

L’inculpé reprend : « Les chansons portées dans le cahier ont été écrites par ma femme. »

Ce sont des copies qui ont été prises n’importe où.

L’Almanach du Père Peinard a été déposé et à paru dans les les premiers jours de décembre, c’est à dire avant la promulgation de la nouvelle loi, sinon je ne l’aurais pas acheté.

Les chansons portées sous la cote B ont été copiées, il y a longtemps, je ne sais où par ma femme. Je ne saurais dire qui a écrit ce qui n’est pas copié par ma femme.

J’ajoute que tout cela doit avoir déjà passé sous les yeux de l’autorité dans les précédentes perquisitions.

La note manuscrite écrite au verso d’une chanson (sous la lettre C) est très ancienne et est depuis très longtemps chez moi.

Je ne sais pas par qui elle a été écrite.

Le n° du Père Peinard, du 1er au 8 octobre, a été acheté par moi dans les mêmes conditions que l’Almanach.

Je dois vous dire que l’Almanach du Père Peinard a été en vente à la gare, ainsi que le Père Peinard et je crois bien qu’ils doivent y être encore s’ils n’ont pas été saisis. Il faudrait donc poursuivre la librairie Hachette aussi bien que moi.

Q. Voulez-vous nous fournir une dernière fois des explications sur la phrase de la lettre de Meunier à votre adresse :

« Le bal qui devait avoir lieu le 25 courant a raté et pour cause » ?

R. Probablement, on avait organisé à Brest pour le 25 décembre, une soirée suivie de bal et cette soirée n’a pu avoir lieu. Voilà comment j’interpréterais cette [illisible] de Meunier.

Q. Vous êtes en rapport constant avec Dubois, Philippe, Chevry ?

R. Pour Dubois, pendant la grève, j’avais besoin d’un ouvrier pour un coup de main, je suis allé à la Bourse du travail demander l’un des plus nécessiteux et on m’a désigné Dubois, c’est ainsi que je l’ai employé pendant 3 semaines.

En ce qui concerne Chevry, voilà un an ou deux que je n’ai pas de rapports avec lui. Du reste, je n’en ai jamais eu de bien sérieux, considérant l’homme comme peu digne d’intérêt.

En ce qui concerne Philippe, nous avons été socialistes ensemble, nous nous sommes trouvés à toutes les réunions publiques et nous professons les mêmes théories.

Q. Les publications que vous avez chez vous sont dangereuses et indiquent que vous êtes le correspondant habituel des rédacteurs du Peinard ?

R. Dans les premiers temps, j’ai été le correspondant du Père Peinard, auquel j’envoyais des faits divers. Mais il y a 2 ans que j’ai cessé.

Je ne suis pas de ceux qui prennent tout ce qu’ils reçoivent comme article de foi et je me réserve toujours le droit de discuter.

Q. Ne savez-vous pas que plusieurs anarchistes militants d’Angers auraient tenus des propos établissant le dessein de faire déposer une bombe sur une des usines de la ville ?

R. Jamais je n’ai entendu parler de cela. Ça ne peut avoir été dit que par des gens ayant intérêt à nous nuire.

Notamment en ce qui concerne Philippe, c’est un penseur, un théoricien, mais il est bien incapable de faire cela.

Lecture faite l’inculpé signe avec nous et le greffier.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine-et-Loire

Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates

Interrogatoire de la veuve Ledu concernant le départ de Chevry, anarchiste militant d’Angers

21 jeudi Mai 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Ville D’Angers

Commissariat central de police

Interrogatoire de la veuve Ledu concernant le départ de Chevry, anarchiste militant

N°3507

L’an 1894 et le 13 avril.

Nous Etienne Blanc, commissaire central de la ville d’Angers, officier de police judiciaire, auxiliaire de monsieur le procureur de la république.

Informé par le service de la sûreté que le sieur Chevry Anatole, anarchiste militant avait dû quitter la ville d’Angers, lundi dernier, 9 du courant, et que cet individu, pour cacher son départ, n’a certainement pas pris le chemin de fer dans l’une des gares de cette ville, attendu qu’une surveillance de jour et de nuit y est constamment exercée. Avons mandé dans notre cabinet, la nommée Artel Maria, veuve Ledu, âgée de 41 ans, concubine de Chevry, demeurant rue de la Madeleine 53, dans le but de lui demander si elle connaissait l’adresse actuelle de ce dernier et pourquoi il avait quitté Angers, sans en avertir M. le juge d’instruction, contrairement à ce qu’il avait promis à ce magistrat.

La veuve Ledu nous a déclaré ce qui suit :

La semaine dernière, Chevry m’avait déjà déclaré qu’il avait l’intention de quitter Angers, qu’il n’attendait que l’argent qui devait lui être envoyé de son pays, pour partir. Et vendredi 6 du courant, il reçut une lettre de son notaire, l’invitant à lui faire parvenir sa procuration pour régler les affaires de la famille vu que son père est décédé et qu’alors il lui enverrait de l’argent. Chevry expédia une dépêche disant qu’il n’avait pas d’argent pour envoyer une nouvelle lettre et lundi 9 avril, il reçut une nouvelle lettre du notaire, lui faisant connaître qu’il pouvait se rendre chez M. Guillaume, notaire à Angers, où il pourrait donner sa procuration et toucherait le surplus de l’argent qu’il lui envoyait.

Chevry revint de chez le notaire vers 2 heures de l’après-midi et me déclara qu’il allait partir, sans vouloir me dire où il avait l’intention de se rendre, prétendant qu’il ne le savait pas d’ailleurs pas lui-même. Il ajouta, lorsque je serai casé, que j’aurai trouvé du travail, je t’écrirai et tu viendras me rejoindre si tu veux. Depuis ce jour, je ne l’ai pas revu et je n’ai pas reçu de ses nouvelles.

Quelque temps auparavant, il avait manifesté l’intention d’aller à Laval, espérant y trouver du travail, chez un nommé Soulié, agent d’affaires, pour lequel il avait travaillé autrefois.

Je crois réellement que Chevry m’écrira, attendu qu’il n’a absolument rien emporté et qu’il lui reste encore chez moi tous les papiers, ainsi que du linge et d’autres effets. Je puis vous affirmer qu’aussitôt que je recevrai une lettre, je vous en préviendrai, afin que vous puissiez en aviser M. le juge d’instruction, pour lui faire connaître son adresse, ainsi qu’il le désire.

Lecture faite, la susnommée persiste et signe avec nous.

Il résulte des renseignements recueillis auprès de M. Guilbeau, notaire que Chevry aurait touché en son étude, lundi dernier 9 du courant, la somme de 20 fr. 25 ce qui ne lui permettait pas de se rendre dans la Haute-Marne, son pays natal, s’il n’avait pas d’argent, ce qui est d’ailleurs probable.

De tout ce que dessus, avons dressé le présent procès-verbal pour être transmis à M. le juge d’instruction.

Le commissaire central

2 U 2-143 Archives départementales du Maine-et-Loire

Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates

1er interrogatoire de Marie Artel (veuve Ledu) par le juge d’instruction d’Angers le 29 décembre 1893.

20 mercredi Mai 2020

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Nicolas Chevry et Marie Artel vivaient rue de Paris, 33 passage de l’Industrie.

Je me nomme Marie Artel, veuve Ledu, âgée de 41 ans, journalière, demeurant à Angers rue de Paris, passage de l’Industrie 33, née à Angers, le 14 juin 1852, fille de feu Jean-Baptiste et de feu Marie Bertret, veuve de Mathurin Ledu, 2 enfants, lettrée.

J’ai été condamné une fois.

Q. Vous êtes inculpée d’avoir, soit avec Philippe, Chevry ou Dubois, soit avec d’autres individus restés inconnus, établi une entente dans le but de préparer ou de commettre des crimes contre les personnes ou les propriétés ou de vous être rendue coupable des crimes ci-dessus précités ?

R. En fait d’anarchistes, je ne connais que Philippe et sa femme qui sont venus deux fois, depuis que nous sommes 33 rue de Paris. La dernière fois qu’il est venu, nous sommes allés à la foire ensemble.

Je dois vous dire que Chevry ne me tient pas au courant de toutes ses affaires. Quand il écrit, il profite ordinairement du moment où je ne suis pas là. Quant à ses correspondances, il se les fait adresser chez Philippe 148 rue de Paris ou bien il se les fait adresser chez Hériché.

Nous ne connaissons même Philippe que depuis que Chevry est sorti de la prison où il venait de faire deux mois pour insultes à agents.

Nous connaissons aussi un nommé Bijoux, cet individu est venu prendre le café avec sa femme, le jeudi soir 21 décembre sur les 9 heures – Chevry est descendu avec eux quand ils sont partis sous prétexte d’aller boire un verre. C’est ce soir là qu’il a été arrêté.

Je vous affirme que je n’ai point vu chez nous le placard « Les dynamitards aux panamitards ».

Je n’ai pas fabriqué de colle pour afficher ces placards.

Chevry est parti avec sa [illisible] et puis c’est tout. Je ne l’ai pas revu.

Q. Est-ce que Philippe n’est pas venu chez vous ce soir-là ?

R. Non monsieur, il n’est venu que le nommé Bijoux, ce jour-là.

Q. Ne savez-vous pas que Philippe a déclaré à Chevry qu’une bombe était, ou serait sur le point d’être fabriquée, pour être jetée sur une usine d’Angers ?

R. SI Chevry l’avait fait ou en avait entendu parler, ce n’est pas à moi qu’il l’aurait dit, car je ne l’aurais pas supporté.

Chez moi Philippe et Chevry chantaient des chansons plus ou moins extravagantes, mais jamais je ne les ai entendu parler de bombes.

Q. Ne savez-vous pas que Philippe recevait ou écrivait des correspondances anarchistes ?

R. Je n’allais jamais chez lui que pour demander Chevry et il ne me communiquait pas ses affaires.

Ils ne m’aimaient pas beaucoup, ni lui, ni sa concubine.

Q. Vous deviez également aller chez Hériché pour savoir ce qui s’y passait ?

R. Je ne crois pas qu’il se passe rien de mal chez Hériché. C’est du très beau monde et du monde très comme il faut.

Du reste je n’y allais que rarement, que pour chercher mes provisions.

On ne connait pas Chevry. C’est un homme exalté, il écrit beaucoup, mais il est incapable de faire du mal.

Lecture faite, l’inculpée signe avec nous et le greffier.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine et Loire

Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates

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