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Archives de Catégorie: Non classé

Les débuts de l’anarchisme à Dijon

24 jeudi Jan 2019

Posted by fortunehenry2 in Non classé

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Le manifeste des anarchistes dijonnais. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

Biographie historique des efforts fait à Dijon en faveur de l’émancipation du peuple depuis 1871 jusqu’en 1887

En 1871 existait ici à Dijon, une association ayant pour titre l’Alliance Républicaine, composée d’homme appartenant à la classe ouvrière aisée. Elle avait pour but l’amélioration et l’émancipation du peuple. Cette association devait s’allier aux efforts de la Commune de Paris, ce qui l’empêcha, c’est la ceinture de lignes prussiennes puis plus tard les Versaillais.

Ces hommes attendirent impuissants l’anéantissement des efforts de leurs camarades, se réservant le droit de continuer la lutte, ce qu’ils firent, aidés par quelques courageux de la Commune qui ayant franchit tous les obstacles, vinrent leur prêter concours. L’on vit les années suivantes se fonder à Dijon toutes sortes d’associations ouvrières prenant tour à tour les noms de Chambres syndicales corporatives, Sociétés coopératives, Comités révolutionnaires, Société de la Libre pensée, l’Union des travailleurs, Commission d’initiative du Comité fédéral pour la fédération des Chambres syndicales, Groupes d’études sociales, La Fraternité, puis les Groupes communistes anarchistes. Dans ces associations tout ce qui peut améliorer le sort de la classe ouvrière fut essayé, toutes les questions pour son émancipation y fut étudié et discuté et le résultat de tous ces travaux se trouve être ce qui est écrit au commencement (voir page 1)

En 1882, le Groupe d’études sociales de Dijon organisait plusieurs réunions publiques et conférences à l’hôtel de ville, salle de l’ancienne synagogue et salle Flore, provoquant par les écrits et la parole à la discussion, faisant appel à tous les travailleurs de bonne volonté. C’est à la suite de ces réunions que se forma La Fraternité, ayant dans son sein 125 membres. Mais voilà ce qu’il arriva. Les hommes qui s’étaient dévoués pour former ces sociétés furent mis à l’index, les uns renvoyés de chez leurs patrons, quoique étant bon ouvrier, d’autres durent quitter le pays ou végéter pendant des mois dans Dijon. Pendant ce temps le procès des anarchistes eut lieu à Lyon. Des hommes habitant Dijon, pratiquant déjà ces théories, faisaient circuler leurs écrits.

Un homme venant de Genève, s’informa des hommes d’idées et de dévouement qu’il y avait dans Dijon, provoqua une réunion privée qu eut lieu le 23 décembre 1883, qui après grande discussion, un groupe se forma sous le titre : Groupe de propagande communiste-anarchiste où ces résolutions furent adoptées :

« Considérant qu’au fur et à mesure que les hommes dévoués se font connaître par leurs opinions avancées se trouvent victime des persécutions de toutes sortes de la part des intéressés

Considérant que les efforts de ces hommes ne sont nullement dans leurs intérêts mais bien dans celui du genre humain.

Considérant la misère toujours croissante qui sévit dans le peuple : pour ces motifs

Les travailleurs présents à cette réunion, s’engagent par des cotisations facultatives à répandre des brochures enseignant au peuple leurs droits et leurs devoirs et que parce que désormais aucun travailleur ne soit plus victimes, ce dont a été leurs devanciers, cette propagande devra être secrète, ceci jusqu’à nouvelle décision d’un prochaine réunion ».

Dans le courant du mois suivant, un second groupe se forma, quartier du Canal, puis dans le mois de juin un troisième dans le quartier de la rue d’Alexone, où à cette époque ils s’entendirent ensemble pour organiser la conférence socialiste qui eut lieu au théâtre de Dijon le 3 juillet 1884, par la citoyenne Paule Minck.

Depuis la formation du premier Groupe communiste anarchiste, ces hommes ainsi que les nouveaux continuaient par des fréquentes réunions à s’instruire, puis dans l’une d’elles qui eut lieu fin août, ils adoptèrent la rédaction d’un manifeste ayant pour titre Pourquoi y-a-t-il des anarchistes ? D’où vient la misère ? 

A cette même époque la loge maçonnique de Dijon dont quelques membres avaient fondé le Comité démocratique, s’entendit avec la Libre pensée, pour organiser une conférence politique dans le sens radical, ce que voyant quatre anarchistes qui faisaient parti de cette association en firent part à leurs camarades et il fut décidé, dans une réunion qui eut lieu le 14 septembre, de faire imprimer dix mille manifestes dont quelques uns seraient vendus à la sortie de la conférence et les autres envoyés dans toutes les directions. Il fut également décidé de réclamer énergiquement le silence si un des nôtres désirait prendre la parole pour riposter aux deux conférences qui devait parler (?)

Le jeudi suivant le manifeste fut porté à l’imprimerie régionale où le samedi un compagnon alla en chercher 500 dont 250 furent envoyés à Paris, pour y être vendus au profit des détenus politiques.
Dans une conférence-concert qui eut lieu le lendemain, 200 furent vendus dans le théâtre et 50 emportés par les camarades. A cette conférence qui eut lieu au théâtre de Dijon le 21 septembre 1884, fut présidée par Victor Prost de Gevrey (le même qui avait présidé la première réunion du premier congrès qui eut lieu à Paris en 1876) et un ou deux conférenciers prirent la parole, Tony Révillon et Camille Pelletan. A la fin de cette conférence, un ouvrier menuisier, travaillant à cette époque chez Duilleri (derrière le théâtre) sous le nom d’Aubert, demandant la parole et par une juste réplique, obtint les applaudissements de l’assemblée, en développant, sans se servir du mot (tant les journaux bourgeois en avaient fait une horreur), les premiers principes anarchistes.

Le succès obtenu ce jour-là encouragea à tel point que le lendemain l’un d’eux nommé Monod, ayant reçu une lettre de sa mère malade à Lyon, demandant à le voir, consulta les camarades qu’il put voir jusqu’à midi et il fut décidé :

1° qu’on lui payerait son voyage

2° qu’il partirait à Lyon voir sa mère

3° qu’il prendrait la parole dans une réunion qui devait avoir lieu à l’Alcazar le mercredi suivant

4° qu’il distribuerait 500 manifestes à l’entrée

Prenant l’express à deux heures, il distribua 100 manifestes à Beaune, en arrivant en donna 100 aux compagnons de Beaune, puis le même jour partirent quelques camarades, à pied jusqu’à Meursault où il y avait des compagnons, distribuèrent des manifestes, puis le soir prirent le train, les uns revenant à Beaune et Monod partant directement pour Lyon. En arrivant le lendemain matin à 7 heures, il alla de suite voir sa mère.

A la réunion qui eut lieu à l’Alcazar, il fut décidé qu’une seconde réunion aurait lieu le dimanche suivant aux Folies bergères (avenue de Noailles à Lyon). A la suite de cette réunion sur l’insistance de quelques compagnons disant que les orateurs anarchistes étaient tous en prison ou partis de Lyon, le compagnon Monod décida de rester jusqu’au dimanche, où il distribua à l’entrée, 500 manifestes et prit la parole le dernier à cette réunion où il eut la satisfaction d’être applaudi et pendant qu’Andrieux, l’ex-socialiste de 1869 a été sifflé et hué.

Pendant ce temps les compagnons de Dijon envoyaient à toutes les adresses qu’ils purent avoir, des manifestes et il arriva que comme ce manifeste n’était imprimé que d’un côté (ce qui valut à l’imprimeur 100 francs d’amende) il arriva que beaucoup de ceux qui le reçurent le placardèrent sur les murs des villes qu’ils habitaient, ce qui suscita une première perquisition chez le compagnon Monod (7 novembre 1884) parce que c’était lui qui les avait fait imprimer et reçus, mais ce n’est plus lui qui les avait.

A la suite de cette perquisition, les compagnons de Dijon décidèrent, en l’absence du compagnon Monod, que désormais tout ce qui craindrait que les tracasseries de la part de la police, serait fait sans qu’il le sache, non pas que l’on aie des doutes sur lui, mais pour que, étant interrogé, il ne puisse rien dire, ne sachant rien. Et pour qu’il n’en ignore rien, une lettre lui sera adressée dont voici à peu près la teneur :

Compagnon Monod,

A la suite de la perquisition qu a eu lieu chez vous le 7 novembre dernier, nous avons décidé désormais que toutes les correspondances intimes ne seraient plus adressées chez vous, de même toutes les décisions entraînant un caractère délictueux, seront toujours fait en votre absence, non pas que nous ayons des doutes sur vous mais pour que, ne sachant rien, l’on ne puisse, malgré vous, rien vous faire dire, car nous avons la certitude qu’à chaque fait qui se produira, c’est vous qui en subirez les conséquences, vous seul, étant connu ici à Dijon pour nos idées, si toutefois dans nos conversations, l’on se taise à votre approche, n’y faites pas attention, le bien que la cause que nous défendons l’exige.
Saluts fraternels

Pas de signature, ni de timbre

C’est ce qui fait que dans toutes les perquisitions faites chez Monod, rien n’a jamais été découvert et pour cause.

Les groupes de Dijon ayant reçu de toutes part des lettres de félicitations pour l’impression de ce manifeste, cela les encouragea à continuer leurs études et plongeant leur regards vers l’avenir, ils décidèrent d’essayer de faire la démonstration d’une société communiste anarchiste, puisant pour cela dans les écrits parus et se faisant envoyer des notes de plusieurs endroits, à seule fin de faire un travail qui répondait le plus possible aux idées de tous (voir le résultat à la page 4).

Source : Archives de la Côte d’Or 2 U 1507

L’appartement de Marie Carron à Lyon servit d’atelier pour la fabrication d’engins explosifs en avril 1890

20 dimanche Jan 2019

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L’appartement de Marie Carron se trouvait 67 quai de Scize au 5e sous les toits.

Née vers 1868, dévideuse. Anarchiste lyonnaise.

Au mois de janvier 1890, Marie Carron habitait 67 quai de Scize avec Guinet, un anarchiste. Elle le quitta en janvier, lorsque celui-ci fut appelé pour son service militaire à Toulon au régiment d’infanterie de marine. Elle avait déjà eu de lui deux enfants dont l’un était décédé et l’autre en nourrice en Savoie.
Elle resta seule dans l’appartement de la rue de Scize mais en avril, elle lui écrivit pour lui dire qu’elle abandonnait son logement, ses ressources ne lui permettant pas de le conserver.
Guinet lui aurait répondu : « Remets les clés à Cadeaux et va demeurer chez la marraine de notre enfant ». Mais elle dut renter à l’Hospice de la Charité à ce moment, à cause d’une plaie à la jambe et remit les clés à Cadeaux.
Cadeaux se servit de son appartement pour fabriquer des matières explosibles qu’il y aurait entreposées après son départ le 22 avril.
La police découvrit la fabrique de dynamite, 67 quai Pierre-Scize au 5e étage, dans cette chambre occupée par Marie Carron.
Le dimanche 27 la police était informée par des gardiens de la paix, rapportant la rumeur publique, qu’un individu inconnu, blessé au front était passé sur le quai de Pierre-Scize, en refusant les soins qu’on lui offrait, prétextant avoir des remèdes chez lui et disant qu’il s’était brûlé en fabricant des produits chimiques.
La police fit des recherches pour retrouver l’individu au front brûlé. Son signalement répondait parfaitement à celui de Cadeaux, anarchiste arrêté le 27 avril, et ce même jour, il était sorti d’une maison quai de Pierre-Scize, où il s’y livrait à la fabrication de la dynamite.
Au fond de la chambre, on trouva différents paquets contenant du charbon pilé, du soufre, un mortier, des masques, tout un attirail servant à la fabrication de matières explosibles.
La découverte de l’appartement du quai de Scize, vit les autorités défiler sur place : le préfet du Rhône, le secrétaire général pour la police, le procureur général, le juge d’instruction.
Marie Carron fut arrêtée à l’Hospice de la Charité et transférée à l’infirmerie du dépôt.
Son domicile se trouvait au 5ème, sous les toits dans une mansarde comportant deux pièces dont l’une assez grande de cinq mètres de longueur et deux de large.
Bien qu’au nom de Carron, la location était payée par Cadeaux. Le mobilier se composait d’un lit, plutôt un grabat, une commode, un poêle et une malle.
Selon un rapport confidentiel de la Préfecture du Rhône au procureur de la République en date du 10 mai 1890, renseignements émanant du commissaire spécial Baraban, « la fille Carron » était la maîtresse de Cadeaux et elle aurait été parfaitement au courant des agissements des compagnons anarchistes de Lyon et de Vienne.
Une enquête effectuée par l’un des administrateurs de l’Hospice de la Charité où elle était hospitalisée en service de maternité, indiqua que les sœurs employées dans ce service avaient vu le 29 avril (Cadeaux avait été arrêté le 27), un homme se prétendant être son père venir la voir (alors que son père était décédé), cet homme était âgé d’environ 35 ans, alors qu’elle-même avait 25 ans. Il fut refoulé. Lorsque Carron l’apprit, elle ne manifesta aucun étonnement. Les sœurs remarquèrent que Carron écrivait longues lettres ; le 4 mai, elle en écrivit une de huit pages.
L’homme qui lui aurait rendu visite à l’Hospice, serait Boissy.
D’après un autre rapport de police du 14 mai 1890, Dervieux dit l’Abruti, racontait que Carron aurait fait disparaître dans la nuit qui a précédé son arrestation, un paquet assez volumineux, en le jetant dans la Saône, entre la passerelle Saint Vincent et le pont de la Feuillée. Ce paquet aurait contenu des matières ou objets compromettants. On avait dû trouver quai Pierre Scize chez Marie Carron, des papiers brûlés, calcinés. C’était les papiers d’inscriptions des anarchistes lyonnais, les correspondances avec Paris et autres endroits, ainsi que d’autres documents importants dont Cadeaux était dépositaire.
Selon un rapport du 17 mai 1890, Marie Carron était la maîtresse de plusieurs anarchistes : Monier, Dervieux et Vitre se seraient vantés d’avoir contribué à la mettre enceinte.
La presse dressa un tout autre portrait de Marie Carron, d’après le Lyon républicain, elle déclara que son amant était Guinet, Cadeaux venait simplement rendre visite à Guinet qui était son ami, elle n’était pas au courant de la fabrication de dynamite. La presse lyonnaise rendit compte de son interrogatoire devant le juge d’instruction mais n’évoqua jamais ses relations éventuelles avec d’autres anarchistes.
Le 2 août 1893, Marie Carron donna naissance à un garçon, Jean Antoine, n’ayant pas été reconnu par son père, il porta le nom de sa mère, la naissance fut déclarée par des employés de l’Hospice de la Charité.

SOURCES : L’Express 4 mai 1890 — Lyon républicain 5 mai 1890 — Le Progrès 6 mai 1890 — Arch. Dép. Du Rhône 4 M 310 — Arch. Mun. De Lyon 2 E 1671

Marie Pételle et Peillon renseignaient la Sûreté de Lyon sur les activités quotidiennes des anarchistes en mai 1890

17 jeudi Jan 2019

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10 mai 1890

Réunion publique anarchiste de ce soir, salle Rivoire

Cette réunion, qui d’après ce que j’ai entendu sera nombreuse, sera en tout cas très mouvementée et très violente en discours.

Le Parti révolutionnaire-anarchiste veut sonner le tocsin, il est poussé, en dessous par Deloche et consorts qui à tout prix veulent faire et continuer sans trêve l’agitation boulangiste, ce qu’ils appellent actuellement le « révisionniste nécessaire ».

La police lyonnaise sera carrément prise à partie. Il faut s’attendre à l’énonciation de noms propres.

Un service a été commandé : Intérieur : 6 hommes en civil. Extérieur : 27 hommes en tenue, cachés au bureau de M. Deseur, située en face.*

*Note ajoutée par la police

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La Révolte 10 mai 1890, article évoqué par Peillon dans son rapport du 10 mai 1890.

13 mai 1890

Anarchistes lyonnais

Réunion privée des délégués des groupes anarchistes de Lyon, salle Marcelin, 105 avenue de Saxe le 12 mai 1890

C’est par des ordres émanant de Paris qu’ils se sont réunis hier soir.

Les discussions ont été vives et les décisions graves.

Après un compte-rendu des finances acquises à nouveau après la réunion publique donnée salle Rivoire samedi passé – compte-rendu donné par Paul Bernard, Condom a fait l’exposé des interrogatoires qu’il avait subi et a dénoncé le nommé Sadot, un co-détenu, comme ayant mangé le morceau. Sadot a été mis au ban.

Tailland* aussi, qui, il paraît est sorti presque aussitôt enfermé et que l’on a vu dans les rues de Lyon avec des vêtements neufs. D’après les anarchistes, c’est lui qui aurait divulgué le grenier de Régnier. Tous les deux ont été condamnés à mort.

Ce sont dix jeunes qui sont chargés de l’exécution.

Lire attentivement le journal La Révolte. Je ne sais au juste si c’est le dernier numéro paru ou le premier numéro à paraître.

*arrêté en même temps que Cadeaux

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13 mai 1890

Anarchistes lyonnais

Réunion privée, hier soir, 12 courant, salle Marcelin, 105 avenue de Saxe

La propriétaire de l’établissement est toute pour eux.

Ils étaient 16 en tout. Paul Bernard était délégué à l’ordre (Président, aperçu Vitre, Condom et le Jeune imberbe à figure patibulaire et émaciée qui a pris la parole dans la réunion publique du 30 avril dernier, salle Rivoire. Le rapport de M. Prieux, vous donnera son nom.

La réunion d’hier soir n’était pas une réunion de groupes mais bien une réunion des délégués des groupes lyonnais.

Ce qui prouve bien l’organisation du parti anarchiste et ce qu’ils ne veulent pas avouer en réunion publique, et pour cause.

Il y avait 3 délégués des groupes de Perrache, les délégués des groupes de Vaise sont venus sur les 9 h ¾. Ils étaient 4. Le reste était les délégués des groupes des Brottaux et de la Guillotière et du Grand Trou.

Pas moyen de savoir un brin de ce qui s’est dit. Deux étaient en sentinelles en dehors de la porte de l’arrière boutique où la conférence avait lieu mais il y a dû avoir forte discussion parce qu’à certains moments on entendait un bruit crescendo de paroles. Je saurai aujourd’hui ce qui s’est passé. Pas de (finances ou femmes?).

A onze heures ½, ils y étaient encore.

La plupart buvaient en causant et discutant.

La patronne seule apportait les consommations commandées : du vin ou de la bibine (bien inférieure)

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13 mai 1890

Anarchistes lyonnais

Les 4 prisonniers relaxés hier soir à 8h

Gruffat, Trémollet, Odin et un autre

A leur sortie, ils sont allés sous une pluie battante, boire le verre de l’amitié chez Sadon (?), teinturier dégraisseur, 89 cours Lafayette, compagnon militant anarchiste.

Puis Gruffat est allé coucher chez Trémollet.

Aujourd’hui Gruffat a repris sa chambre et s’est mis à travailler un peu, son patron lui ayant remis ce matin de l’ouvrage à faire.

Mais une bonne partie de la journée s’est passée pour lui à « humer le grand air de la liberté » et boire des « blanches » en faisant visites aux copains.

Aujourd’hui, sur les deux heures de l’après midi, Odin que nous avons rencontré avec Mme marie et Gruffat, allait chez Trémollet.

8 h ce soir, Gruffat est retourné chez Sadon (?), le teinturier et puis est venu accompagner Mme Marie jusqu’à la rue de la République. Mme Marie venait me retrouver sous le péristyle.

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15 mai 1890

Anarchistes

Gruffat, Odin

Celui qui vous est connu sous le surnom du Génevois, de son nom Demilliac, s’est d’après mes indications arrangé de manière à rencontrer Gruffat dans une de ses pérégrinations. Hier soir, sur les 8 heures ½, ils se sont rencontrés comme par hasard, le Genevois venant censément de l’asile de nuit des Brotteaux où il n’avait pu trouver de place.

Gruffat le connait de Mme marie où plusieurs fois je l’avais fait dîner et comme Gruffat a habité (?), ils en sont venus à causer de personnes de connaissances du pays, des réminiscences de localité.

Gruffat lui a offert de coucher chez lui, ce que le Genevois a accepté avec empressement. Ils ont couché 3 cette nuit au 181 rue Paul Bert, dans le lit de Gruffat. Gruffat, un cousin de Gruffat et mon Genevois.

Voici ce que le Genevois a appris :

Odin va quitter Lyon, il est temps, dit-il de disparaître parce qu’il lui arriverait malheur, « la rousse » le guettant.

Gruffat est de l’Internationale, il y a le numéro douze mille et quelque et fait partie de la 30e brigade. Ils sont à Lyon quinze cents anarchistes admis et inscrits. Il fait partie, lui du groupe du 3e arrondissement. Presque tous ceux arrêtés font partie de son groupe.

Hier Gruffat voulait aller à un endroit qu’il ne veut pas que la police connaisse et comme il se sait suivi par les « poulards », il a fait exprès de traverser « les fossés » et et le plus d’aller de travers possible. En revenant, il a bu la goutte chez Ferrand, cafetier, angle du boulevard des casernes, en face l’octroi de la rue Paul Bert, il a vu, a-t-il dit, 9 « poulards » : « je sais bien ce qu’ils cherchent, mais ils ne trouveront rien. Ils croient que c’est à Montchat, quand ce n’est pas loin d’ici ».

Il a aussi dit au Genevois : « Ce qu’ils ont trouvé, ce n’est rien, mais si ils avaient trouvé le truc, nous, nous en avions pour cinq ans de nouvelle ».

Il a dit aussi : « Les deux beaux messieurs qui ont arrêtés ma cousine dans son lit sans pudeur, n’y couperons pas ».

Autre propos : « La jeune école (Groupes de la Jeunesse révolutionnaire) est plus forte que nous, mais nous ne voulons pas qu’ils bougent pour le moment. Ce sont les vieux qui doivent aller de l’avant actuellement ».

Trémollet est très taciturne et ne dit presque rien.

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16 mai 1890

Trémollet

Se tient sur ses gardes et est d’un mutisme complet.

Aujourd’hui, il a reçu à la première heure la visite d’un anarcho. Ce dernier est resté la journée, se montrant peu. Il est venu dire bonjour à Gruffat sur les dix heures.

Je crois que c’est Tortelier.

Il y a eu du reste, surtout ce matin, des visites ce cinq ou six anarchistes chez Trémollet.

Hier soir dix heures, celui-ci est rentré seul chez lui ayant un bouquet à la main.

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16 mai 1890

Anarchistes

Ils attendent des ordres de Paris.

La venue du quidam, que je crois fermement être Tortelier, ne serais-ce pas un commencement.

Du reste :

La Ligue républicaine socialiste universelle (Ligue franco-italienne) se réunit en réunion privée demain chez Rivoire.

Elle prépare une autre réunion publique.

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16 mai 1890

Suite des arrestations

Hier sur les quatre heures est arrivé chez Gruffat, la fille Kintz ou Lintz, celle qui vivait maritalement avec Mayeux dit Krayenbulh.

Ils ont causé ensemble, j’y étais. Elle a relaté aussi ses interrogatoires.

De tout ce qu’elle a dit, il n’y a vraiment à retenir que ceci :

« Il aurait été pris aussi bien chez la femme, votre cousine (Mme Marie) que chez moi. Ils étaient, vous étiez vendus depuis longtemps mais c’est heureux que Trémollet ait eu le temps ou plutôt la présence d’esprit de cacher le paquet ».

Cela a été dit devant Gruffat, Miège son cousin, mon (?) et moi.

La femme Mayeux a dit aussi :

« C’est étonnant que Monnier n’ait pas été arrêté, mais, il avait pris ses précautions ».

Pour eux tous, c’est Tailland qui est le mouchard et il n’a qu’à bien se tenir, partout la soi-disant Krayenbulh le trouverait, elle lui ferait son affaire.

Ce à quoi Guffat à répondu : « Il est condamné ».

La femme Krayenbulh a dit aussi : « que Vitre qu’on n’apercevait plus était passé à Genève ».

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17 mai 1890

Personnelle

Dès ce soir, madame Marie sera établie au 181 rue Paul Bert.

Dans la maison même de Gruffat et de Trémollet.

Cela, à mon avis, lui permettant de surveiller plus attentivement les faits et gestes de ceux qui viennent.

Sur les quinze francs que vous m’avez remis pour elle, elle a déboursé, pour payer location passé 12 francs

arrhes sur location nouvelle 3 francs

au Genevois qui s’est chargé de la déménager 1 franc

Nourriture pour elle et le Genevois aujourd’hui 1, 50 francs

Soit 17, 50 francs

C’est moi qui ai fourni la différence et j’ai cru bien faire car Diehl, l’ancien gardien de la paix qui désirait en faire sa maîtresse, commençait à blaguer sur moi.

Ce Diehl est trop bien avec Valter, brigadier des urbaines, rue Dunoir. Ce dernier lui raconte beaucoup de choses.

Le nom donné vous permettra d’y remédier car Valter doit me connaître et m’avait vu entrer à la préfecture.

Source : Archives départementales du Rhône 4 M 310

Note d’Archives anarchistes.  Madame Marie : Marie Pételle

Marie Pételle qui renseignait l’indicateur Peillon, avait des problèmes avec sa propriétaire. Lyon 10 mai 1890

15 mardi Jan 2019

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Marie Pételle demeurait 181 rue Paul Bert.

10 mai 1890

Particulier

Affaire des fusils

Madame Marie était arrivée à faire venir hier soir, chez elle, Michel le vieux cordonnier de la rue Bert pour le faire causer.

Ils étaient entrain de commencer à boire et à causer en présence de Diehel , le pensionnaire amoureux, lorsque la propriétaire de Mme Marie est venue lui faire une scène, en la traitant comme une drôlesse et en disant :

« qu’elle ne voulait pas que sa maison serve de réunion à des complots anarchistes, qu’elle en avait assez » etc, etc…

Le tout a retardé les effusions, nous les reprendrons demain d’une autre manière.

La propriétaire, Mme Riban, furieuse, a dû même aller aujourd’hui chez M. Arnaud, commissaire de police du quartier, se plaindre de Mme Marie.

Cette propriétaire ferait beaucoup mieux d’éclairer son passage que de s’occuper de choses qui ne la regardent pas. Je suis chargé de lui faire cadeau d’un chien de ma chienne.

Vous devez penser que le restant de la soirée ne s’est passé qu’à discuter sur la scène qui s’était produite et ce matin, pour un peu, cela allait recommencer.

Source : Archives départementales du Rhône 4 M 310

La Sûreté de Lyon doutait-elle de son indicateur ? avril-mai 1890

14 lundi Jan 2019

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30 avril 1890

Anarchistes

Vitre hier soir soupait chez sa sœur. Ce matin je pense l’avoir retrouvé devant le 272 de la rue Du Guesclin, causant avec animation avec un copain.

Entendu : « Je te dis, c’est au 52 rue de Sébastopol ».

Vu le pays, calculé le temps nécessaire pour aller du 177 rue Paul Bert à cet endroit, je trouve 22 minutes à peu près le temps que Trémollet à mis pour déposer son paquet samedi.

Je surveille l’endroit.

Deux points à voir :

Rhonan (illisible) des Charbay (52)

et Cottaz mécanicien (50)

Les nommés Rhonan et Cottaz ne sont pas anarchistes et jouissent d’une assez bonne réputation de conduite et de moralité. Ils ne connaissent pas Trémollet, ni Krayembulh. Il en est de même de Bernard (non Bertrand) et de Savigny qui passent pour de bons et honnêtes ouvriers.

Une perquisition opérée chez les sus-nommés n’a rien fait découvrir de suspect.

Lyon le 30 avril 1890

Le commissaire spécial*

*Note ajoutée sur le rapport de l’indicateur

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30 avril 1890

Affaire anarchiste

Dans la note que je vous ai adressé à onze heures, je vous avais dit que Vitre avait soupé chez sa sœur.
Voici l’adresse :

Mme Blanc 76 rue Rabelais et il travaille chez J. Nruxi(?) Cie algérienne pour chocolat 6 rue St Joseph.
Le prendre et il n’est que temps

Je suis rue Sébastopol

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Shéma figurant au début du rapport du 30 avril 1890

30 avril 1890

Suite de mes recherches

En garni

Locataires :

1° Bertrand, ouvrier cordonnier, 30 ans, moustache rare mais brune

2° Savigny à prendre ou surveiller

Le mastroquet, en face le n° 48 rue Sébastopol, très poli pour nous, donnera tous renseignements.
Déf (?) maintenant.
Bertrand n’a aucune créance et ne peut pas savoir, aucun crédit.

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30 avril 1890

Monsieur Meyer

(illisible)

Fatigué mais vaillant, ai dépensé galette et ai grand besoin d’argent, surtout pour déjeuner afin de nous rencontrer.

Nous serons en permanence à partir de la tombée de la nuit chez mastroquet près des numéros indiqués rue Sébastopol. Surveillance sans utilité*.

Votre dévoué

Remettre au porteur

*Note en italique ajoutée par la police :

Source : Archives départementales du Rhône 4 M 310

La dynamite, n’était que des bottines pour fillette. L’indicateur Peillon enfumé? Lyon avril mai 1890

12 samedi Jan 2019

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Croquis dessiné par Peillon dans son rapport pour signaler un lieu de dépôt de truc (dynamite)

24 avril 1890

affaire anarchiste

Ce soir à 6h ½, 2 militaires anarchistes*après s’être bien enquis si on les suivait ont pris l’allée n°3, rue des Ternaux, ou débouchaient par l’allée 18 rue Ste Catherine et sont venus chez Bonifol (épicerie, légumes) 15 rue St Catherine étant (?) rendez-vous demain matin 9h.

Voici 3 jours que je guette et je suis sur la voie.

* deux amis de Cadeaux (note ajoutée au rapport par la police)

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26 avril 1890

Affaire anarchiste

Dynamite

Près de l’heure de minuit, atteignant le 27 avril

En quittant votre cabinet le 26 avril sur les 7h ¼, je suis allé de suite porter les 4 francs à Mme Marie.

Je l’ai trouvé avec Gruffat et Diehel finissant de souper.

J’ai dit bonjour et en douceur lui ai fait passer l’argent en lui disant d’aller chercher le Cognac de l’amitié.
Elle revenait lorsque Trémollet portant un paquet lié dans une serviette nouée par les pointes est entré accompagné de Krozembulh.

Trémollet m’a dit qu’il me connaissait et que j’étais opportuniste.

Je lui ai répondu que oui parce que je ne croyais pas au bonheur du peuple par les théories socialistes ou anarchistes.

J’ai soutenu âprement mes opinions et ces deux-là, les leurs.

Nous nous sommes séparés, moi pour aller à la salle Rivoire (ce dont je ne me suis pas caché) et eux pour aller à la réunion salle Marcelin.

Sous le prétexte de me donner une commission pour « La fameuse Jeanne », madame Marie m’a dit :

1° que Gruffat lui avait avoué le matin même, que l’herbagère de la rue St Catherine tenait un des trucs :

Gruffat : oui c’est rue Ste Catherine

Mme Marie : l’herbagère, la veuve Bonijol

Gruffat : qu’est-ce qui te l’a dit

2° que Krozembulh ayant aperçu 2 poulets devant sa porte était venu demander l’hospitalité de la nuit et qu’il devait coucher avec Gruffat dans son lit à elle, 177 rue Paul Bert, pendant qu’elle-même coucherait au 181 même rue dans le lit de Gruffat.
Nous nous séparâmes.

Je fus salle Rivière à 10 h 5 minutes, j’en sortais la séance finie.

Lorsque devant le photographe Masserini qui en fait l’angle pour ainsi dire, Mme Marie, Gruffat et un autre arrivaient.

Sous le prétexte toujours de Mme Jeanne, Mme Marie me prit à part et me dit :

Le paquet que tenait Trémollet était un paquet de dynamite. C’est pour donner lundi aux compagnons désignés à faire les coups.

Elle a ajouté :

Lundi soir tout sera désigné pour jeudi « ils on dit que rien ne devait rester debout ».

Agissez avec la plus grande prudence, mais en tout cas, mettez Mme Marie à l’abri, elle a une peur bleue, maintenant.

Je suis un homme, je reste à mon poste. Seulement après, je crois qu’il faudra me faire faire un petit voyage.

************************************

Préfecture du Rhône

Nous préfet du Rhône, commandeur de l’ordre national de la Légion d’honneur, agissant en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés par le code d’instruction criminelle – article 10 –

Requérons monsieur le commissaire spécial de la Sûreté de Lyon, d’opérer perquisition domiciliaire chez les nommés :

Trémollet Prosper, cordonnier, demeurant 181 rue Paul Bert, sur le devant

Gruffat François Joseph, cordonnier, demeurant même adresse, sur le derrière

Veuve Petel Joseph Antoine, demeurant 177 rue Paul Bert

Krayenbulh Joseph Antoine, 152 avenue de Saxe (doit être le nommé Mayeux Alfred, déserteur du 47e de ligne)

A l’effet de rechercher les engins explosibles, poudres fulminantes, armes de toutes sortes susceptibles de servir à la perpétuation d’un attentat contre la sécurité publique et aussi à l’effet de mettre lesdites personnes en état d’arrestation.

Lyon le 26 avril 1890

Le préfet du Rhône

****************************************

Préfecture du Rhône

Nous préfet du Rhône, commandeur de l’ordre national de la Légion d’honneur, agissant en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés par le code d’instruction criminelle – article 10 –

Requérons monsieur le commissaire spécial de la Sûreté de Lyon, d’opérer perquisition domiciliaire chez les nommés :

Vitre François, demeurant 166 rue Boileau, au 1er chez sa sœur.

Veuve Bonijol, herbager, 15 rue Ste Anne

A l’effet de rechercher les engins explosibles, poudres fulminantes, armes de toutes sortes susceptibles de servir à la perpétuation d’un attentat contre la sécurité publique et aussi à l’effet de mettre lesdites personnes en état d’arrestation.

Lyon le 26 avril 1890

Le préfet du Rhône

******************************************

Préfecture du Rhône

Commissariat spécial de la Sûreté à Lyon

Rapport du 27 au 28 avril 1890

Arrestations

Puillet Louis 3é ans, sans profession, 5 boulevard des Casernes

Trémolet Prosper, 33 ans, cordonnier, 181 rue Paul Bert

Gruffat François Joseph, 34 ans, cordonnier, 181 rue Paul Bert

Griffon Claude 34 ans, cordonnier, 5 boulevard des Casernes

Cusin Henri, cordonnier, 24 ans, 43 rue de la Villette

Saÿs François, 27 ans, tourneur mécanicien, 43 rue de la Villette

Toinet Antoinette, 24 ans, dévideuse, 43 rue de la Villette (concubine de Saÿs)

Krayembulh Aimé Albert 28 ans, peintre, avenue de Saxe.

Source : Archives départementales du Rhône 4 M 310

******************************************

Préfecture du Rhône

Commissariat spécial de la sûreté

Agglomération lyonnaise

n°4197

Lyon le 27 avril 1890

Monsieur le préfet,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance, qu’à la suite de vos instructions, des perquisitions ont été opérées ce matin, vers les 4 heures, soit par moi, soit par mes collègues M.M. Prieur, Jacques, Schloessinger et Pernel, chez les nommés :

1° Trémollet

2° Gruffet

3° Krayembulh

4° Veuve Marie Pétel

5° Puillet

6° Cuzin

7° Saÿs et sa femme

8° Femme Bonifol

Lesquels n’ont fait découvrir nulle part le dépôt ou la trace d’armes, engins et matières explosibles.

Néanmoins, tous les susnommés ont été arrêtés et conduits au palais de justice, excepté la femme Bonifol, pour être mis à votre disposition.

Quant aux sieurs Vitre et Dervieux, chez lesquels des perquisitions devaient être également opérées, ils n’ont pas été trouvés à leur domicile.

Le commissaire spécial

**************************************************

Lyon, le 29 avril, 8 h. soir.

Voici d’après des renseignements puisés à bonne source, l’exacte vérité sur l’affaire des anarchistes de Lyon qui cause une vive émotion dans cette ville.

Les indications recueillies par le service de la Sûreté faisaient présumer que les anarchistes de Lyon préparaient pour les approches du 1er mai des attentats, et détenaient dans ce but des matières explosibles.

Sur ces données, dans la nuit du 26 au 27 avril des perquisitions furent faites simultanément chez plusieurs d’entre eux et furent suivies des arrestations des nommés Trémollet, Gruffat, Guzin, veuve Petel, Puillet, Griffon, Says sujet suisse, femme Says, Krayenbuhl se prétendant sujet suisse, mais dont le vrai nom est Mayeux et qui est un déserteur français.

Tous se laissèrent arrêter sans résistance.

Le 27 avril, a onze heures et demie du soir, trois autres anarchistes, parmi lesquels le nommé Cadeaux, furent arrêtés, rue Molière, au moment où ils sortaient d’un débit de boissons un quatrième parvint a s’échapper.

Le sieur Cadeaux s’était grièvement brûle à la face en manipulant les matières destinées à préparer les explosifs. Mis en éveil par les arrestations de la nuit précédente, il fit disparaître la plus grande partie de ces matières; mais une perquisition opérée chez lui dans la journée du 28 amena, cependant, la découverte de plusieurs paquets ou bouteilles contenant des produits chimiques répondant à cette destination.

Le service de la Sûreté put arrêter un quatrième anarchiste qui s’était échappe la veille et fit chez lui une perquisition qui amena la découverte de matières analogues aux premières, enveloppées dans une blouse. Arrête vers huit heures du soir, cet anarchiste, nommé Régnier avoua que Cadeaux lui avait, la veille remis ce paquet, pour le cacher chez lui.

Enfin, aujourd’hui, deux nouvelles arrestations d’anarchistes dangereux, celles des nommés Poyet et Condom, ont été opérées.

Tous ces individus ont été mis à la disposition du procureur de la république, auquel ont été transmis les produits saisis, qui feront l’objet d’une analyse.

A l’heure actuelle, quinze arrestations ont été opérées; d’autres sont imminentes.

Journal des débats 30 avril 1890

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29 avril 1890

Affaire anarchiste

Il est certain que le paquet de Trémollet était de la dynamite, qu’il n’est pas allé manger sa soupe, puisqu’il n’est pas rentré à son domicile et qu’il s’est dirigé du côté de la Vilette avec Krozembulh et Gruffat ayant le paquet. Qu’ils ont mis presque 20 minutes avec cette course et qu’ils sont revenus toujours courant. Il y a un témoin Diehel que madame Marie l’a impliqué dans l’affaire.

Ce matin, madame Marie va faire cracher le morceau par Gruffat.

Le truc est préparé admirablement.

Les rapports de la Sûreté vous le ferons connaître.

Madame Marie y est depuis neuf heures ce matin.

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Préfecture du Rhône

Commissariat spécial de la Sûreté

Agglomération lyonnaise

n°4529

Lyon le 6 mai 1890

Renseignements

La veuve Petel ayant déclaré que dans la soirée du 26 avril dernier, vers les 8 heures et demie, le nommé Trémollet était rentré chez elle pour reprendre un paquet qu’il avait déposé, quelques instants auparavant, sur un tas de linge, il résulte des explications de Trémollet que ce paquet contenait une paire de bottines pour fillette et, à ce sujet, il fait connaître que ces bottines ayant été trouvées trop étroites par M. Bardot contremaître au service de M. Desrayand, fabricant de chaussures, 17 rue Clas Suiphon, il fut prié de les rapporter chez lui, pour les remettre à la forme. C’était six heures du soir environ.

M. Bardot Antoine, ainsi que le sieur Hivéro André, confirment les dires de Trémollet et ajoutent que celui-ci avait placé la paire de bottines dont il s’agit dans un linge blanc, vulgairement appelé « toilette ».

Ce linge m’ayant été remis, hier par la femme Trémollet, puis représenté à la veuve Petel, celle-ci croit le reconnaître pour être celui qui enveloppait l’objet ou les objets que Gruffat avait désignés comme devant être de la dynamite.

Gruffat, interrogé rapporte :

Depuis plusieurs jours, la femme Petel me harcelait de questions au sujet de dépôt d’armes et de dynamite que nous compagnons anarchistes, d’après elle devaient avoir à leur disposition.

Cette insistance de la part de la susnommée me parut assez étrange, cependant, je ne l’attribuai qu’à un excès de curiosité, assez naturel chez les femmes et c’est alors que voulant, à mon tour l’intriguer, je lui dit, à diverses reprises, qu’il y avait effectivement à Lyon, plusieurs dépôts de dynamite et des armes et je me rappelle fort bien lui avoir dit, dans la soirée du 26 avril dernier, que le paquet déposé par Trémollet dans sa chambre, contenait de la dynamite, mais je le répète, je n’ai dit cela que pour intriguer la curiosité de la veuve Pétel.

Tels sont les renseignements relatifs au paquet signalé comme devant renfermer le truc, c’est à dire de la dynamite.

Lyon le 6 mai 1890

Le commissaire spécial

***********************

8 mai 1890

Anarchistes

J’ai appris pas mal de choses aujourd’hui. D’abord, le linge Trémollet n’a pas été reconnu, ni par Diehel, ni par M.Hivéro. Ce n’est pas une serviette d’enveloppe mais bien une serviette ordinaire à raies rouge, de forme et grandeur ordinaires. J’ai vu le paquet et l’enveloppe de mes yeux vus, tout le peut certifier.

******************************************

Renseignements en réponse à la note ci-jointe en date du 8 courant.

Il ne me reste absolument rien à ajouter à mon rapport en date du 5 courant faisant connaître que le linge que portait Trémollet le soir qu’il est allé appeler Gruffat chez la dame Marie Pételle (demeurant 177 rue Paul Bert) était d’après cette dernière et le sieur Diehel qui demeure à la même adresse, blanc, sans aucune raies rouges.

Ce linge qui d’après Trémollet était une toilette blanche servant à porter la chaussure, a été présenté à ladite dame Pételle et au sieur Diehel qui sans avoir été affirmatifs, ont déclaré que ce linge était tout à fait semblable en couleur et étoffe mais qu’ils l’avaient vu plus petit.

Lyon le 14 mai 90

 

Source : Archives départementales du Rhône 4 M 310

Peillon, l’indicateur qui renseignait la police lors des arrestations d’anarchistes autour du 1er mai 1890 à Lyon

11 vendredi Jan 2019

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L’indicateur Peillon dînait au restaurant Rumel, 50 rue Grolée.

2 mai 1890

Peut-être précautions à prendre pour ce soir.

Venant du Sacré-coeur sur les 11h du matin, j’y avais été faire une tournée après avoir (illisible) passé chez la mère Rivoire et autre choses. J’ai entendu de mes oreilles :

Sur le pont de l’Hôtel-dieu (j’ai entendu) Sugier (vu de trois quart) dire à deux hommes qui l’accompagnaient – ils se dirigeaient tous du côté de la rue Childebert :

« Le préfet ne rira pas ce soir », m’apercevant, comme ils me dépassaient, Sugier, s’arrêta de parler en faisant comme un signe de ne plus rien dire.

J’avais consigné la chose dans mon esprit sans y attacher beaucoup d’importance, lorsqu’en dînant au restaurant Rumel, 50 rue Grolée, un employé télégraphiste de L’État, dînant à la grande table du milieu et parlant haut avec ses copains (vos collègues), racontait les événements lyonnais d’hier, blaguait le déploiement de forces et la personne qui était avec moi à crû entendre cette phrase : « Il y en a qui ne rigoleront pas ce soir », d’après des lambeaux de phrases entendues alors et qui montraient plus une animosité contre le gouvernement, qu’un sentiment de commisération envers les personnes arrêtées hier soir.

Je crois pouvoir assurer qu’il y a là un point néfaste et (illisible) et en rapprochant ces deux phrases de celles que j’ai entendu et (?) hier et que je vous ai transmises.

Je me pose la demande mais il y a un moyen bien simple pour vous de savoir, c’est d’interroger un agent de la sûreté qui dînait tout près de lui et qui n’a pas perdu un mot de la conversation et qu’il a écouté religieusement et professionnellement.

Je connais l’agent mais ne connais pas son nom, il y en avait même un autre agent que j’ai aperçu à votre bureau, mais placé plus loin, a-t-il pu entendre ?

Pour m’assurer, j’ai vu l’heure à l’horloge du restaurant, il était midi ¼.

************************************

Rapport

Les renseignements recueillis concernant les propos signalés par la note ci-jointe font connaître qu’aucun agent de la Sûreté n’a dîné au restaurant Rumel, 50 rue Grolée, le 2 mai vers midi, néanmoins les agents Ponsard, Guillard et Fongellaz qui sortaient de la trésorerie générale ont passé devant le restaurant Rumel au moment où le nommé Peillon, indicateur, y entrait accompagné d’un autre individu et les avait sans doute reconnus.

Au restaurant Rumel mange quelques fois un employé télégraphiste dont on ignore le nom et qui s’y trouvait effectivement à diner en compagnie de plusieurs autres clients. Comme ils connaissent Peillon* qui fait actuellement beaucoup de bruit et d’embarras et le sachant journaliste, ils ont causé des événements occasionnés par la manifestation ouvrière du 1er mai uniquement dans le but de savoir s’il ferait un article sur ce qu’ils avaient dit en sa présence.

Lyon, le 3 mai 1890

L’inspecteur

Source : Archives départementales du Rhône 4 M 310

Il pourrait s’agir de Jacques Peillon

Des délégués anarchistes pour la création de la Fédération nationale des syndicats le 11 octobre 1886 ?

29 samedi Déc 2018

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Les groupes anarchistes de Paris et de Toulon trouvaient le n°2 « trop pâle ». Document Fragments d’histoire de la gauche radicale.

8 septembre 1886

Commissariat spécial près la Préfecture du Rhône

Renseignements sur les agissements des groupes anarchistes lyonnais.

Les groupes anarchistes de Paris et de Toulon ont écrit aux groupes anarchistes de Lyon pour leur faire connaître leur mécontentement au sujet de la ligne de conduite suivie par le journal La Lutte sociale qu’ils trouvent trop pâle pour le parti qu’il représente, notamment son second numéro.

Les anarchistes de Lyon sont dans l’intention d’organiser une réunion publique pour samedi prochain ; toutefois comme cette date est trop rapprochée, il est probable que la réunion n’aura lieu que le samedi 18 septembre courant, salle de la Perle à la Croix-Rousse.

Les groupes anarchistes de Lyon ont reçu une lettre de la Ricamarie annonçant la prochaine arrivée à Lyon du compagnon Masson, l’un des principaux chefs du parti anarchiste de la Loire, qu’accompagneront cinq ou six autres anarchistes, dont les noms ne sont pas encore connus.

Ils arriveront en cette ville dimanche prochain, douze du courant par le premier train du matin, venant de St Étienne et descendront à la gare de Perrache.

Rendez-vous est pris avec eux pour une réunion privée intime au siège de la rédaction du journal La Lutte sociale 263 rue de Créqui, de 2 à 4 heures du soir (dimanche).

200 journaux anarchistes ont été demandés pour Firminy (Loire) ; ils seront expédiés jeudi soir.

La rédaction du journal a reçu des journaux révolutionnaires espagnols et italiens.

Le commissaire spécial

Baraban

**************************************************

13 septembre 1886

Commissariat spécial près la Préfecture du Rhône

Renseignements sur les agissements des groupes anarchistes de Lyon

Les groupes anarchistes de Lyon ont reçu de nombreuses correspondances de Lille, Amiens, le Havre, Roubaix, St Etienne, Vienne, Marseille, Toulon et Troyes, annonçant quelques envois d’argent et que des délégués anarchistes, dont les noms seraient donnés ultérieurement, se rendront au Congrès national des syndicats ouvriers qui doit s’ouvrir à Lyon le 4 octobre prochain.

Le mandat sera le même pour tous les délégués et devra conclure à l’expropriation de la propriété.

La rédaction du journal La Lutte sociale est dans l’intention d’écrire à Paul Reclus, ingénieur à Bessèges (Gard), parent d’Elisée Reclus, pour le prier de rédiger un article critiquant celui de Laur, député de la Loire, intitulé La mine aux mineurs.

La rédaction du journal La Lutte sociale est en correspondance suivie :

1° avec un nommé Capallero, sujet italien, anarchiste très militant, demeurant à Gênes

2° avec un nommé J. Labille, soldat au 2e bataillon de chasseurs de l’infanterie légère d’Afrique, détaché dans la province d’Alger.

Ce nommé Labille a envoyé à la rédaction l’article ayant pour titre Correspondance et signé Un groupe de soldats africains, inséré dans le journal La Lutte sociale, numéro du 11 septembre courant, 3e page et 3e colonne.

La femme Bordat s’est rendue le dimanche 12 courant, à 10 heures du matin, à la prison St Joseph pour lui remettre des livres.

Le nommé Polo, tisseur et anarchiste militant est parti pour Vienne (Isère) où il a trouvé du travail pour quelques jours, mais sa femme et ses enfants sont restés à Lyon, ce qui indiquerait chez lui un esprit de retour.

Le nommé Montfouilloux, anarchiste, est parti hier, dimanche, pour Rive de Gier et St Chamond (Loire) pour faire de la propagande au profit du journal La Lutte sociale.

Deux délégués et non six (voir correspondance du 8 septembre 1886) les nommés Masson , 22 ans et Moulins, 18 ans, anarchistes délégués de la Ricamarie sont arrivés à Lyon le 12 du courant, par le train de 7 heures 34 du matin.

Ils se sont rendus directement au bureau du journal La Lutte sociale où ils ont payé 200 numéros du journal expédiés à la Ricamarie et au Chambon (Loire) et versé la somme de 6,60 francs au profit de la propagande dudit journal.

Après avoir déjeuné à Perrache, ils sont retournés au bureau de la rédaction, à deux heures un quart et ont été reçus par les nommés Boissy, Aubert, Dervieux, Bergues, Monier, Perrel, Rocca, Fromajoux, Monnet, la femme Bordat et quelques autres femmes.

Ils ont engagé les anarchistes de Lyon à être très prudents et à ne jamais conserver aucun écrit au siège de la rédaction, pas même les noms des donateurs de lots de tombola. Ils ont promis de faire une propagande sérieuse pour obtenir des souscriptions et abonnements au journal et ont fait connaître que le nommé Ravel, cordonnier à Firminy, se chargerait de la distribution à domicile du journal dans les trois localités de la Ricamarie, Firminy et du Chambon.

Les deux délégués sont repartis ce soir à 6 heures par le train de St Etienne.

Le commissaire spécial

Baraban

Source : Archives Départementales du Rhône 4 M 309

Joseph Bernard : les anarchistes n’ont plus de programme. 14 février 1886

28 vendredi Déc 2018

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14 février 1886

Réunion publique des groupes anarchistes lyonnais à l’Eden-Théatre.
Intervention de Joseph Bernard :

En venant à cette réunion mon intention n’était pas de prendre la parole, j’y suis obligé sous la pression de quelques amis et aussi, parce que j’avais cru que les anarchistes allaient nous apporter et et développer un programme sur lequel nous aurions peut-être pu nous appuyer pour arriver à ce que nous voulons.

J’avais cru qu’ils allaient nous dire :

Nous voulons la révolution par tel ou tel moyen, pour atteindre tel ou tel but !

Mais non, rien, on se borne à dire : Nous voulons la révolution violente !

Nous aussi, nous voulons la révolution violente !

Nous aussi, nous la voulons ainsi, puisqu’elle ne peut-être faite autrement mais il faudrait nous dire comment vous voulez la faire.

Je crois que depuis 3 ans on ne sait ni ce que l’on veut, ni ce que l’on fait ; on patauge. J’avais cru que vous viendriez nous dire : Voilà ce qu’il faut détruire ! Mais non, vous restez muets sur ce point essentiel. Notre but est le même, il est vrai, et si nous divisons c’est parce que nous manquons d’orientation et aussi parce que chacun cherche à assurer d’abord son bonheur personnel au lieu de chercher à faire celui du peuple.

Faites donc un programme et dites ce qu’il faut faire, car avant tout il faut dire ce que l’on veut détruire et ce que l’on veut mettre à la place.

Je ne rejette aucun moyen pour faire la révolution, je les accepte tous ainsi que je l’ai déclaré jadis devant le tribunal, car il n’y a que la force brutale qui peut la faire.

Lorsque la Fédération est entrée en lutte à Lyon, elle avait un programme, tandis que vous nous venez aujourd’hui les mains vides.

J’ai utilisé mon séjour à la prison pour étudier à ma manière, vous avez peut-être étudié comme moi, suivant la vôtre, mais ce que je puis dire, c’est que je suis devenu sceptique ; je ne crois plus à l’anarchie, pas plus qu’à la théorie des hommes qui veulent transformer la société d’un jour à l’autre.

J’éprouve le désir de trouver les moyens d’améliorer ma situation personnelle, en même temps que celle de tous les travailleurs.

Il appartient à ceux qui souffrent de chercher le moyen de s’émanciper et ils ne doivent rien attendre des autres. C’est pourquoi je vous demande à vous, qui voulez nous changer, de réformer la société : «Où est votre programme ? Si vous n’en avez point, personne ne peut marcher avec vous.

*************************************

13 février 1886

Ville de Lyon

Commissariat de police

Quartier de la Croix-Rousse

Réunion publique salle de l’Eden-Théâtre

400 personnes dont 30 femmes

Bernard, anarchiste :

« Il y a trois ans, 60 de nos membres ont été condamnés à la prison. Il ne s’agit pas pour eux de dire aujourd’hui, nous sortons de prison, nous voulons détruire ceci ou cela ; nous voulons la révolution violente pour détruire les obstacles.

Pour détruire des préjugés il faut établir des réformes. Je crois qu’on patauge, on ne sait ce qu’on veut. On sait qu’on souffre mais on ne connaît la source de cette misère (applaudissements)

Je croyais que les orateurs qui m’ont précédé auraient dit : Voilà ce que nous voulons (Une voix : dites-le)

Nous avons tous le même but avec les collectivistes et blanquistes et cependant nous sommes divisés, parce que chacun cherche la solution dans son propre bonheur et non dans celui du peuple.

Je n’ai pas l’intention d’imposer un programme, mais je demande qu’on en établisse un et qu’on entre en lutte ensuite.

J’ai dit en police correctionnelle que le poignard, la dynamite, tous les moyens étaient bons pour arriver à l’émancipation ouvrière. C’est encore le seul moyen aujourd’hui. Dans mille ans, ce sera encore la force brutale. Il n’y en a pas d’autre. La force morale n’existe pas sans elle.

La Fédération révolutionnaire a eu un programme qui est peut-être tout à changer aujourd’hui, mais enfin elle s’est présentée en réunion publique avec un programme.

Je suis profondément sceptique ; je crois à peu de chose.

Cependant, je crois à la misère, lorsque rentrant chez moi, je n’ai ni pain, ni vin. Tout en ne croyant à aucune théorie, il est des hommes qui souffrent. Celui qui souffre a besoin de souffrir moins.

J’ai lu que l’émancipation des travailleurs pouvait se faire par eux-mêmes, par ceux qui souffrent. Je demande que le parti anarchiste fasse un programme et dise : voilà ce que nous voulons défendre.

Source : Archives Départementales du Rhône 4 M 309

Attentat et menaces contre l’évêque de Grenoble le 10 janvier 1887

06 mardi Nov 2018

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Deux formidables détonations retentirent près de la porte de la cathédrale qui communique avec l’évêché.

On sait que Mgr Fava, évêque de Grenoble, par l’énergie de son attitude et la fermeté de ses déclarations à l’endroit de la franc-maçonnerie, a l’honneur d’être particulièrement désigné à la haine de la secte. Aussi pouvait-il paraître vraisemblable qu’au nombre des ennemis du prélat il se trouvât un détraqué, plus criminel qu’inconscient, pour placarder à son adresse des menaces de mort. C’est ce qui serait arrivé à Grenoble, si l’on en croit un journal radical de cette ville. De deux affiches dont cette feuille donne le texte, nous reproduisons la moins extravagante :
Au nom du peuple de la liberté ! .
Le tribunal secret a condamné, en audience privée, le 2 janvier, M. Amand-Joseph Fava, ci-devant évêque de Grenoble, à la peine de mort!
En conséquence, le président du tribunal secret mande et ordonne, à tous les dépositaires de la justice, de mettre le présent jugement à exécution,
A savoir, que M. Amand-Joseph Fava, ci-devant évêque de Grenoble, doit mourir dans les quinze jours qui suivent le jugement.
Fait à Vienne, le 8 janvier 1887.
Le président,
D. T. P. V, A. +

Le trésorier,
R. L. W. +

Lundi soir, au moment de la fermeture de la cathédrale, ces menaces parurent avoir un commencement d’exécution ; deux formidables détonations retentirent près de la porte qui communique avec l’évêché.
L’église fut aussitôt remplie d’une épaisse fumée.
Dès que la détonation fut entendue à l’évêché, M. le chanoine Meresse, secrétaire intime de Mgr Fava, descendit pour voir ce qui s’était passé. Il ne constata aucun dégât matériel, mais une simple trace de poudre sur le seuil de la porte.
Le Salut Public dit que la police a ouvert une enquête.
Nos renseignements particuliers confirment d’autre part l’opinion du Nouvelliste de Lyon, qu’il ne s’agit que d’une odieuse fumisterie.

L’Univers 14 janvier 1887

La deuxième affiche, écrite à l’encre rouge, est ainsi conçue :

En conséquence,

Moi dépositaire des glaives de la justice du tribunal secret, je donne avis à Monsieur Fava, évêque de Grenoble, que, quand un despote persécute le peuple, le peuple supprime le despote !

Vous êtes un despote religieux ; – le Christ pardonne à ses bourreaux ; vous, lancez vos foudres épiscopales sur ceux que vous devriez respecter, sur ceux qui vous nourrissent et qui daignent avoir l’indulgence de vous laisser remplir votre saint ministère.

Drôle de ministère ! Qui consiste à faire aimer le roi et haïr la République !

En voilà assez, n’est-ce pas, Monsieur Fava, ou bien Armand-Joseph pour ces dames… les bigotes ou les béates !

Fougueux évêque, vous avez presque fait trembler la République sur son tr^ne ! C’est parfait, plus que parfait, tout ceci éclipse le verbe, qui n’est qu’un pleutre auprès de vous. – Vous avez bien rempli votre devoir de prélat, mes compliments !

Mais en voilà assez, le peuple se lasse, vous nous g^nez, nous vous supprimons, vous devez mourir, vous mourrez.

Vous avez trop longtemps prié Dieu, priez le diable ; car lui seul peut vous tirer de nos griffes ; priez-le, Monsieur Pava, il vous donnera la vie en échange de votre âme. Ainsi soit-il.

Le tribunal des vengeurs vous a désigné à sa justice, vous subirez la sentence.

L’exécuteur du tribunal secret,

L. W. V.+

Le Salut public 12 janvier 1887

Isère. Une correspondance de Grenoble, adressée à l’Express, donne de nouveaux renseignements sur les menées de ceux qui adressent des lettres de menaces à Mgr l’évêque de Grenoble :

L’enquête commencée par le commissaire de police pour découvrir les auteurs de l’attentat commis à la cathédrale est, parait-il, en bonne voie.

De nouveaux placards ont été collés hier sur les portes de la cathédrale ; ils ont été presque aussitôt enlevés. Le même forcené ou le même fumiste, le nom ne fait rien à la chose, a apposé sur les murs du Palais de justice, une lettre manuscrite, écrite à l’encre rouge et renouvelant ses menaces à Mgr Fava, évêque de Grenoble.

Ce dernier placard a du être collé en plein jour, car il n’a été enlevé que dans l’après-midi.

Toutes ces lettres de menaces sont écrites à l’encre rouge et signées des initiales mystérieuses L. W. V. accompagnées d’un sigle cabalistique ayant la forme d’un poignard. L’écriture est contrefaite, cela est certain, mais elle est droite, ferme et régulière, ce qui prouve certainement que son auteur n’est pas un enfant ni même un jeune voyou comme l’ont prétendu certains journaux.

On a trouvé sous la fenêtre du concierge de l’Evêché une bouteille enveloppée d’une feuille de papier et dans laquelle avait été placé un pétard.

Cette bouteille enlevée par le concierge renfermait une petite ficelle au bout de laquelle était placée une lettre de menaces avec cette inscription, à l’encre rouge : « Troisième et dernier avertissement ».

Cette bouteille d’abord jetée et brisée par le concierge a été recueillie ensuite et remise à M. le commissaire de police.

Le Salut public 15 janvier 1887

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