Les assises de Seine-et-Oise. — Dynamite volée. — Les accusés. — La défense. — L’acte d’accusation.

Aujourd’hui ont commencé devant les assises de Seine-et-Oise. à Versailles, les débats du procès des anarchistes, inculpés pour le vol de dynamite commis à Soisy-sous-Etiolles. An banc des accusés se tiennent quatre individus à la face énergique, à l’œil dur. Ce sont les nommés Faugoux. Chevenet, dit Chalbret, Drouet et Eliévant, Ravachol manque. Il a expié depuis d’autres crimes et son nom nefligure plus à l’acte d’accusation. A la défense se trouvent Mes Boutin, Silvy, Le Baron et Devaux, qui défendront, respectivement Faugoux, Chalbret, Drouet et Etiévant.

L’acte d’accusation

Apres avoir procédé à l’appel des jurés, le président ordonne au greffier de donner lecture de l’acte d’accusation, dont nous ne donnons, pour mémoire, qu’un résumé rapide, M. Cuisy, maître carrier à Soisy- sous-Etiolles, possède pour les besoins de son industrie, sur le territoire de cette commune, un dépôt de dynamite situé à 500 mètres du village. Ce dépôt est composé d’une cabane fermée par deux portes munies de serrures et dont la première qui s’ouvre en dehors, est munie d’un cadenas de sûreté; il est entouré d’une palissade close par une porte pleine fermant avec une forte serrure.

Le 15 février dernier, vers six heures et de mie du matin, on constatait que les trois portes avaient été ouvertes au moyen de pesées, que les serrures avaient été arrachées, ainsi que le cadenas, et qu’on avait soustrait dans la cabane 30 kilogrammes de dynamite répartie en 360 cartouches, 3 kiogrammes de poudre Favier, 400 mètres de mèches et environ 1.440 capsules-amorces.

L’instruction, guidée par les révélations de Chaumentin, fit connaître que les auteurs du vol n’étaient autres que les compagnons Faugoux, Chevenet et Drouet, assistés de Ravachol.

La première pensée du crime était venue à Faugoux et à Ghevenet, dans un voyage qu’ils avaient fait à Soisy-sous-Etiolles, le 11 février. Ils en avaient fait part à Ravachol qui l’avait adopté et ils y avaient associé Drouet, connu sous le sobriquet du 1’ «Homme blond. »

Leur vol accompli, les quatre compagnons en avaient réparti entre eux le produit qu’ils avaient dissimulé dans des paquets ou dans leurs poches, puis ils allaient reprendre à Draveil un train pour Paris, où ils arrivaient à onze heures ou onze heures et demie.

Tous ces faits sont confirmés par les aveux des accusés, particulièrement par ceux de Chevenet. Etiévant, lui, s’il n’est pas allé à Soisy-sous Etiollcs, s’est rendu complice du crime en cachant à Asnières, dans un poêle en fonte, les cartouches volées. Il l’a avoué, mais a toujours refusé de faire connaître celui qui lui avait confié ces matières explosibles.

Les renseignements recueillis sur le compte des quatre anarchistes poursuivis les représentent comme paresseux et voleurs; Faugoux a été condamné par la cour d’assises de la Seine pour provocation au meurtre et au pillage, à l’incendie et à l’insubordination des militaires. L’audience continue.

Paris 26 juillet 1892