Madeleine Pelletier, fondatrice à 15 ans du groupe anarchiste « La femme libre »

Cette biographie de jeunesse de Madeleine Pelletier est un cas d’espèce : elle n’aurait jamais du exister. En effet dans ses « Mémoires d’une féministe », Madeleine Pelletier écrivais : « « Je fréquentais aussi les groupes anarchistes où j’avais été entraînée par hasard. Je n’étais pas anarchiste en réalité. Je n’ai jamais pu me représenter la société sans gouvernement et l’approvisionnement individuel par la prise au tas des produits. »

Tout semblait dit, mais les Archives de la Préfecture de police de Paris conservaient dans le carton Ba 1507, un dossier « La Femme libre » datant de 1890. Ce groupe classé dans les organisations anarchistes et composé de femmes, montrait que Madeleine Pelletier, à l’âge de 15 ans était à l’origine de sa création et en était même l’une des principales animatrices.

Alors qui croire ? Aujourd’hui l’historiographie privilégie le témoignage direct des militantes et militants, comme source primaire de l’histoire, au détriment de sources policières jugées peu fiables et orientées par la prisme d’une vision étatique des opposants.

Pourtant dans le cas présent, si les indicateurs de la Préfecture de police n’avaient pas fait leurs rapports, on ignorerait tout de cette période anarchiste de la vie de Madeleine Pelletier. Alors oubli volontaire de sa part ? Réécriture de son passé pour faire oublier un moment de sa biographie qui la dérangeait ?

Bien sûr, elle n’oblitère pas complètement ce moment, pourtant fondateur de son futur militantisme féministe, mais elle ne l’évoque que de manière allusive, en particulier sur le rôle qu’a pu y jouer Léon Jamin, qu’on peut qualifier de mentor, qui l’encouragea dans sa volonté de faire des études et n’hésita pas à faire le coup de poing, pour défendre le droit des femmes anarchistes à se grouper de manière non-mixte, contre d’autres anarchistes qui s’y opposaient.

Madeleine Pelletier expliquera d’une manière peu claire les raison de son éloignement avec Jamin : il se serait discrédité dans une lutte de tendances et étant sa protégée, elle était mal vue. Mais elle ne dit pas dans quelle lutte de tendances il s’inscrivait, ce qui ne permet pas de comprendre les raisons de leur séparation.

Il semble bien que Jamin lui avait ouvert des portes : dès 1879, il fréquentait lui-même les cours  de l’École d’anthropologie, rue de l’Ecole-de-Médecine.

Quelques années plus tard Madeleine Pelletier écrira : « ce que je suis surtout alors c’est une élève de l’École d’anthropologie. Je fonde là toutes sortes d’espoirs qui se briseront avec tant d’autres ».

Cette histoire de Madeleine Pelletier et du groupe « Femmes libres » mérite d’être connue par sa modernité et l’écho qu’elle peut avoir aujourd’hui, sur la non-mixité et sur le rôle des hommes vis à vis de cette prise d’autonomie des femmes.

Jamin devait écrire un livre sur le féminisme, il ne semble pas que cet ouvrage ai jamais été publié. Une grande perte pour l’histoire du féminisme anarchiste.

Janvier 1890

Février-mars 1890

Les réactions des hommes anarchistes.

La jeunesse anarchiste de Madeleine PELLETIER

JAMIN Henri, Léon, Eugène, menuisier, professeur de trait, syndicaliste, anarchiste, mentor de Madeleine Pelletier