Saint-Denis

X n°1

Paris le 15 mai 1890

Le jeune anarchiste dont je vous ai parlé, Armand Michel, est venu voir son père. Il a entrepris de l’ouvrage, puis est reparti pour Reims. Sa présence à Reims ne sera pas nuisible pour nous, parce qu’il a promis à son père de venir le voir assez souvent et comme il le tient au courant de ce qui s’y passe au point de vue de leurs relations avec les anarchistes de Paris, il prétend que ceux de Reims sont plus sérieux qu’à Saint-Denis.

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Nous avons réunion samedi pour former les deux groupes dont je vous ai parlé, l’un sera pour la théorie, l’autre pour l’action. Ce groupe d’action obligera l’anarchiste qui sera pris par la police à ne pas vendre ses compagnons, à subir la peine que lui infligera le tribunal que ce soit lui ou non. Il faudra qu’il dise que c’est lui. Pendant ce temps le coupable aura le temps de passer la frontière et après il donnera des preuves certaines de son innocence avant qu’on puisse le faire passer en cour d’assises.

Je vous donnerai dans la prochaine lettre la décision qu’ils auront prise dans leur réunion.

Ils ne se fréquentent pas depuis lundi. On les voit de temps à autre un ou deux. Je vais chez Segard, comme c’est là le rendez-vous, mais cette semaine très peu sont venus et il n’a été parlé de rien de sérieux.

Je vous mettrai au courant du groupe d’action. Je vous donnerai les noms cette fois.

Comptez sur moi, mais ne trouvez pas drôle que je ne vous écrive pas plus souvent.

Ci-joint un exemplaire du journal le Révolté, très intéressant, voir l’article Pierret et un exemplaire du Père Peinard.

X n°1 S. D.

Archives de la Préfecture de police Ba 76

Lire le dossier : Les anarchistes de Seine-Saint-Denis