Né le 27 octobre 1855 à Bruxelles, tapissier-ébéniste, anarchiste de Bruxelles.

Le tapissier-ébéniste Alexandre Colignon était régulièrement au chômage et vivait en fait aux frais de sa mère, avec qui il vivait au 1 Liederkerkestraat à Sint-Josse-ten-Noode.

Selon la police métropolitaine, il s’agissait d’un homme de petite taille (166 cm) avec un visage fin, une bouche moyenne et un petit nez et menton. Ses cheveux, ses sourcils et sa petite moustache étaient bruns et il avait les yeux foncés.

Colignon avait un caractère agréable et il savait animer des réunions avec humour. Au fond c’était – toujours selon la police – un homme sérieux et profond qui n’a jamais fait confiance à personne ni à rien.

Colignon savait lire et écrire mais n’était pas un homme ayant fait des études. Néanmoins, lorsque la police a perquisitionné sa maison le 25 mars 1883, elle a trouvé d’innombrables livres et journaux.

Selon Colignon, l’acquisition du savoir n’était intéressante que dans la mesure où elle contribuait à hâter la révolution à venir.

À l’âge de dix-neuf ans, il devient actif pendant une courte période dans le cercle modéré de la libre pensée Les Solidaires et plus tard dans le plus radical Les Cosmopolitains.

Colignon était un révolutionnaire avec des préférences pour l’anarchisme, mais il n’hésitait pas à militer avec des révolutionnaires autoritaires. En ce sens, il devient membre du Cercle Démocratique en novembre 1879 et en 1879-1880 l’un des plus farouches partisans des Cercles Réunis révolutionnaires.

Il siégea, entre autres, à son comité central. Un rapport de police du 30 septembre 1888 indique qu’Alexandre Colignon appartenait également à La Ligue Collectiviste Anarchiste (1880), mais nous n’en avons trouvé aucune confirmation ailleurs. C’était probablement une erreur. À notre avis, il ne s’est pas engagé dans ce cercle anarchiste. Il est cependant présent au congrès national révolutionnaire des 25-26 décembre 1880 à Verviers, où il représente le Groupe Révolutionnaire de St. Josse-ten-Noode, et à partir du 15 janvier 1881 il est membre du Comité de Propagande de l’Union Nationale Révolutionnaire.

Colignon, cependant, devint un anarchiste et milita dans des groupes conspirateurs. En 1881, on le retrouve dans les groupes conspirateurs Les Frères de l’ABC, Le Comité Exécutif Socialiste et Le Groupe Secret d’Action Révolutionnaire. Parallèlement, il assiste aux réunions du Cercle des Anarchistes Bruxellois où il donne le ton avec Egide Govaerts, Joseph Pellering, Léon Dupaix et Hubert Delsaute. Colignon pensait et espérait que la flamme révolutionnaire brûlerait dans le nord de la France puis soufflerait dans les régions wallonnes. Selon lui, les Bruxellois pourraient déjà commencer à créer une terreur pré-révolutionnaire. Selon lui, les attaques étaient le meilleur moyen pour cela car elles montraient immédiatement contre qui et comment les ouvriers devaient travailler. Concrètement, il envisageait un attentat contre un membre du gouvernement ou le dynamitage du palais royal, du sénat ou de la chambre. Il se considérait comme la personne la plus apte à réaliser les plans. Colignon avait autrefois travaillé dans ces bâtiments et avait sauté sur l’occasion pour les examiner. De plus, il pensait qu’il souffrait d’une maladie incurable et, en tant que célibataire, il ne se sentait responsable de personne. Nous apprenons tout cela de sources policières. Peut-être la police a-t-elle surestimé le potentiel terroriste de Colignon ou, à tout le moins, a-t-elle accordé trop d’importance à ses rêves fanfarons, car aucun des attentats prévus n’a jamais été réalisé.

Colignon était un anarchiste des actes, mais comme tant d’autres, il en est resté aux mots. Typique d’un conspirateur comme lui, il se méfia de nombreux partisans. Par exemple, il soupçonne Crié et Spilleux de travailler pour la police. C’était certainement faux en ce qui concerne Crié.

Dans les années suivantes, Colignon restera fidèle aux principes anarchistes. Par exemple, en 1885, il collabora à la revue anarcho-communiste bruxelloise Ni Dieu ni maître et, à la mi-mars 1886, il se rend avec Xavier Stuyck à Liège où, à la suite d’une commémoration anarchiste de la Commune de Paris, le peuple descendit en masse dans la rue et pilla.

Dans les années 1890, il appartenait encore au groupe des militants actifs. Par exemple, en 1893, il fut poursuivi pour distribution de placards anarchistes et en octobre 1896, le gouvernement jugea nécessaire de le faire suivre. Il était resté politiquement actif jusqu’après le tournant du siècle. Signalons enfin qu’il épousa vers l’âge de quarante-cinq ans une certaine Louise Le Roux.

SOURCES :

Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, carton177, 23-3-1882, 9-3-1883 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Bureau des Etrangers, dossier individuel 4031 : Colignon A. ; Archives de la Ville de Bruxelles, Bureau des Etrangers, dossier individuel 4164 : Monier F., extrait des procès-verbaux de police du 13/09/1880, 27/09/1880 ; Archives générales de l’Etat (Bruxelles), KR.745, Affaire des Anarchistes (1883) : 1. procès-verbal dressé par le commissaire de police F. De Jongh concernant la perquisition domiciliaire de la famille Colignon, rue du Moulin 106 à Saint-Josse-dix -Noode, 2 carnet d’adhésion de Colignon aux Cosmopolitains, 3. casiers judiciaires du 9-3-1883 et 17-3-1883; Archives générales de l’Etat (Bruxelles), dossier individuel 311118 : Chauvière E., procès-verbal de police du 30/09/1888 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, carton 178bis, Comité Exécutif Socialiste, 24-3-1881 ; Les Droits du Peuple, 20/06/1880, p. 4, col. 1, 26/09/1880, p. 2, col. 3. H. WOUTERS, Documents…, index p. 1733-1734 (sous le faux nom Collignon Jules-Adolphe). H. VANDEN BROECK, Parce que…, index p. 237 ; J. MOULAERT, Rouge et Noir…, index p. 454.

Publié sur le site http://janpelleringfonds.be aujourd’hui disparu, biographie vraisemblablement rédigée par Herre Sneyers et traduite du flamand par traducteur en ligne.