Le 31 décembre 1934

« La Fédération Communiste libertaire », organisation dissidente de « l’Union Anarchiste Communiste Révolutionnaire », fondée fin mai 1934 a tenu son premier congrès les 24 et 25 décembre courant, salle Lejeune, 67 rue de Ménilmontant.

Une trentaine de libertaires y ont pris part, appartenant tous à l’organisation. Parmi eux se trouvaient sept délégués de province, notamment Michaud, Coston (?) de Juan les Pins et deux délégués belges Lazarevitch Nicolas et Taurez Henri, Léon, dit « Ernestan ».

Quelques jours avant le congrès, le secrétariat de la « Fédération Communiste Libertaire » a fait tenir à ses principaux militants de Paris et de province, un mémoire (dont ci-joint copie) relatif à la situation générale du mouvement anarchiste.

L’ordre du jour du congrès était fixé comme suit :

1° Doctrine de la fédération

2° Journal

3° Question syndicales

4° Position en cas de guerre

5° Questions diverses

L’exposé de la première question qui a été fait par Patat Charles, secrétaire de la Fédération, a été adopté à l’unanimité. La doctrine se trouve résumée ainsi :

« La Fédération Communiste Libertaire » n’impose pas de cotisations fixes et régulières à ses adhérents – comme à l’Union Anarchiste – Elle estime que ses membres doivent comprendre la nécessité d’alimenter la caisse de l’organisation, sans obligation, ni pression, pour les besoins de la propagande.

La Fédération s’intitule « Communiste Libertaire » pour bien démontrer qu’elle fait siens les principes communistes, non sous une forme autoritaire, mais sous la forme libertaire, à l’image de la « Fédération Anarchiste Ibérique ». Elle repousse l’individualisme des actes de ses membres admis notamment par « L’Union Anarchiste ».

Elle estime que le Fédéralisme, dans lequel chaque individu est libre et égal de ses semblables, s’apparente à une sorte de démocratie, sans aucune obligation morale ou politique.

En ce qui concerne la « question du journal », Patat Charles s’est attaché à démontrer la nécessité pour la « Fédération Communiste Libertaire » d’avoir un organe. Il a déclaré que diverses feuilles telles que Terre libre, Le Semeur et La Clameur avaient offert de publier les communiqués, articles ou informations de la Fédération dans leurs colonnes. Il a fait connaître qu’un accord avait été réalisé avec La Clameur qui, prochainement, deviendrait l’organe du groupement. Il a indiqué que De Sanzy, directeur et gérant de cette feuille, avait accepté de lui réserver le leader et deux pages et que le tirage mensuel qui était actuellement de mille exemplaires, serait porté à deux mille dont quatre cents destinés exclusivement à la Fédération.

Le congrès a ratifié les arrangements pris avec La Clameur. Toutefois, il a été convenu que la Fédération tirera de temps en temps à la « Ronéo » des communiqués destinés aux militants et secrétaires des groupes.

Au sujet de la « Question syndicale », les assistants se sont prononcés à l’unanimité contre l’adhésion au syndicat de la CGTU. Quelques congressistes ont préconisé l’action au sein de la CGT, tandis que d’autres se prononçaient pour la Confédération Générale du Travail Syndicaliste Révolutionnaire. Finalement, après une longue discussion, il a été décidé que les membres de la « Fédération Communiste Libertaire », pourraient adhérer selon leur corporation à l’une ou l’autre des centrales syndicales, soit réformiste, soit révolutionnaire.

Un court débat a eu lieu ensuite sur la « Position en cas de guerre ». Il a été décidé qu’en cas de guerre, il fallait avoir recours à la grève générale et à l’insurrection. Certains assistants ont posé quelques questions en ce qui concerne l’objection de conscience. La majorité s’est prononcée contre, ne trouvant pas assez efficace le geste des objecteurs pour lutter contre le militarisme et la guerre. Elle préférerait une action plus violente et, dans certains cas spéciaux, elle ne s’opposerait pas à l’attentat individuel qu’elle repousse à priori. Néanmoins, il a été décidé que par solidarité, une lettre d’encouragement serait adressée, au nom de la Fédération, aux objecteurs de conscience emprisonnés.

Au cours de l’examen des « Questions diverses », le congrès a décidé qu’en ce qui concerne les fêtes ou soirées artistiques que pourrait organiser à son profit la Fédération, il y aurait lieu de faire appel, le cas échéant, au groupe artistique libertaire « Floréal », que dirige la militante anarchiste Rachel Lantier.

Pendant que le congrès tenait ses assises, les militants libertaires Faucier Nicolas de « l’Union Anarchiste » et Ringeas dit « Ringenbach René » de la « Jeunesse Anarchiste » se sont présentés et ont demandé à défendre à la tribune le point de vue de l’unité des anarchistes, mais les militants de la « Fédération Communiste Libertaire » leur ont refusé l’accès à la salle, leur déclarant que les débats étaient exclusivement réservés aux seuls membres de la Fédération.

Archives nationales 19940500/241

Voir aussi : La Fédération Communiste Libertaire (1934-1936). 29 décembre 1934