Bruxelles.

Nous continuons activement notre propagande et les effets de l’union révolutionnaire crée ici au congrès du 12 septembre, commencent à se faire sentir.

La semaine dernière, deux réunions ont eu lieu dans le quartier de la place du jeu de balle, deux réunions au Sablion et en dehors des autres réunions de groupes, un meeting général nous réunira lundi soir rue d’Anderlecht.

Un nouveau groupe anarchiste vient de se fonder à Bruxelles, il a pris pour titre : Club des révolutionnaires anarchistes de Bruxelles.

Ce nouveau groupe n’a ni président, ni règlement. Le jour, l’heure et le lieu des séances seront ultérieurement fixées. Dès ce jour, les adhésions et les communications peuvent être envoyées aux citoyens :

Heyvaert, 47 rue d’Estouvelle et Dutherque, rue Val des roses.

Vonck (Arsène Crié)

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Borinage

La Révolution sociale a pénétré dans le Borinage, grâce au citoyen, pardon, à Monsieur Bertrand, qui a bien voulu lire une de mes correspondances au prétendu congrès des prétendus houilleurs belges. Il s’agissait justement de cette correspondance où je traitais de gorille le rédacteur de la Voix de la discorde.

Le résultat de cette lecture n’a pas été tout à fait ce que prévoyait ou souhaitait Monsieur Bertrand ; les quelques numéros (une soixantaine environ) que j’avais emportés de Bruxelles ont été immédiatement vendus ; j’en aurais eu 500 que je les aurais vendus également.

FM

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Vous avez dû apprendre par les grands journaux le terrible accident de Dour ; 15 ouvriers ont été tués.

Encore une nouvelle page rouge au livre d’or de la bourgeoisie !

Cette catastrophe n’est guère faite pour amener la fin de la grève qui vient de se produire dans les charbonnages du Levant et du Couchant de Flénu.

D’ailleurs, si la misère grandit au Borinage, l’irritation, la colère, l’indignation grandissent aussi, il n’est pas étonnant dès lors que la propagande révolutionnaire réunisse beaucoup d’adhérents dans cette contrée.

F.M.

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Verviers, la 10 novembre 1880

Chers amis,

Une bonne idée vient d’éclore au sein de quelques groupes de Bruxelles, Liège et Verviers.

Discutant des moyens les plus urgents pour arriver à l’union des travailleurs, ces groupes sans s’être consultés, mais conduits par cette attraction qui fait saisir les nécessités du moment, ont simultanément mis à l’ordre du jour de leurs séances, la réorganisation de l’Association Internationale des Travailleurs.

La discussion amena tout de suite les membres à un accord unanime et ils se mirent immédiatement à l’oeuvre pour cette réorganisation.

C’est donc avec joie que nous nous sommes transmis nos impressions et que nous sommes convaincu que dans d’autres localités on avait les mêmes pensées. Une circulaire parue il y a quelques jours, venant du conseil général de l’Association Internationale des Travailleurs et adressée aux sections belges, nous convie tous à sortir de notre apathie et à recommencer la lutte interrompue depuis longtemps.

« Debout ! Compagnons ! (dit cette circulaire) le moment est venu, il est on ne peut plus propice ! Des quatre points de l’horizon le réveil s’accentue et les adhésions se manifestent enthousistes et fermes. Réunissez donc vos sections, inculquez leur le feu sacré qui vous a toujours embrasé, et que le futur congrès dessillant les moins clairvoyants, montre à nos adversaires comme à nos oppresseurs que le grand jour de justice approche aux revendications humanitaires de l’Association Internationale des Travailleurs, qui déploie son drapeau rouge avec ses emblèmes du travail comme le symbole de l’extinction de la misère et des guerres fratricides ».

Soyez persuadés, chers amis, que la Belgique va s’efforcer de regagner le temps perdu. Nous avons la ferme conviction que le combat qui va s’engager sera décisif et que nous en serons les vainqueurs.

Un de nos amis, Junghausse Théodore, vient de recevoir une feuille de route ne lui donnant que 48 heures pour traverser la frontière.

Notre ami est d’origine allemande, il habitait Verviers depuis quelques temps.

Expulsé d’Allemagne pour avoir propagé des écrits socialistes, c’est pour le même crime que les ministres de la libre Belgique, plats valets de Bismarck, l’expulsent à leur tour.

E. P.

La Révolution sociale n°10 14 novembre 1880

Lire le dossier : Les anarchistes en Belgique avant les émeutes de 1886