Album photographique des individus devant faire l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières, septembre 1894. CIRA de Lausanne.

Né le 1er avril 1869 à La Neuville-en-Tourne-à-Fuy (Ardennes), tisseur, coiffeur puis horloger, anarchiste de la Marne et de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Au moment du tirage au sort en 1889, il demeurait à Loivre (Marne).

Le 3 mars 1886, il était condamné par le tribunal correctionnel de Reims à 50 francs d’amende, pour transport de gibier en temps prohibé.

En 1888, il s’installait en Belgique.

Le 19 janvier 1889, le tribunal correctionnel de Reims le condamnait à un an de prison et 100 francs d’amende pour abus de confiance, peine aggravée à 13 mois de prison, en appel à Paris le 25 février 1889.

Le 14 mai 1890, le tribunal correctionnel de Reims le condamnait à 15 jours de prison, pour abus de confiance (état de récidive légale).

Il était déclaré insoumis le 16 janvier 1891.

Le 30 janvier 1891, le tribunal correctionnel de Laon (Aisne) le condamnait, par défaut, à un an et un jour de prison, pour abus de confiance.

Le 13 novembre 1891, la cour d’appel de Paris le condamnait à 6 mois de prison, pour abus de confiance.

Le 19 décembre 1891, il était condamné par le tribunal correctionnel de Reims (Marne) à 13 mois de prison et 25 francs d’amende (peine confondue avec celle prononcée le 13 novembre 1891), pour le vol d’une montre à l’une de ses clientes à qui il n’avait jamais rendu l’objet qu’elle lui avait donné à réparer.

La police avait saisi sur lui une liste d’une vingtaine d’anarchistes.

Le 21 mai 1893, la gendarmerie de Clairvaux (Aube) l’arrêtait, pour insoumission à la loi militaire.

Le 27 juin 1893, le conseil de guerre du 6e corps d’armée lui infligeait un an de prison pour insoumission.

Ce jugement était annulé sous renvoi par le conseil de révision de Paris en date du 10 juillet 1893 et il passa dans la réserve le 1er novembre 1893.

Le 21 novembre 1893, il demeurait 14 rue du Fort de l’Est à Saint-Denis.

Il arrivait à Londres en décembre 1893, avec la fille de Galau de Saint-Denis ce qui entraîna la jalousie de Bastard qui était auparavant l’amant de cette dernière. Bastard promettant de lui faire la peau, à coups de couteau, s’il le revoyait à Saint-Denis.

Le 5 janvier 1894, l’indicateur Z6 indiquait que Gustave Rousseau s’était fait couper les cheveux et teint en noir, il était parti la veille.

Le 7 janvier l’indicateur annonçait que Rousseau avait été au Havre en compagnie de Pierri et qu’ils étaient arrivés 3/4 heures après les perquisitions.

Le 17 mars 1894, peu de temps avant la descente opérée par la police de sûreté au Club international des coiffeurs (International Toilet Club), les agents firent une perquisition chez Hédin, horloger, 16, Charlton Street. Ils prirent les numéros des montres et saisirent des papiers et brochures anarchistes.

Le 19 mars 1894, l’indicateur Jarvis faisait savoir que Rousseau avait volé un vélo chez Delbecque.

Le 9 juin 1894, Jarvis dans son rapport, notait : « Rousseau doit partir pour le Luxembourg où il doit faire un coup. Il a l’intention de dévaliser une vieille femme. Il est véritablement le chef d’une bande, car à toute heure de la nuit, on voit venir chez lui des gens à mines suspecte, parmi lesquels un individu connu sous le nom le Marquis. »

Le même jour l’indicateur Z6 écrivait : « M. Melville a fait des visites domiciliaires chez Lapie et chez Mme Cachin. Cette dernière loge Latour, sujet suisse dont le véritable nom est Lutz.

Il est descendu aussi chez Gauthier de Grenoble PittStreet et Charlotte Street.

Ces visites avaient pour but de découvrir un sieur Hédin (323.466)*, qui n’est autre que Rousseau, l’horloger, lequel est l’ami de Fanéon dit le Breton et d’Edouard Foubert (323.466 ?) dit La Merde, condamné à Brest, il y a deux mois avec Bernard, récemment extradé de Londres.

Hédin a demandé aujourd’hui à Lapie, qui les lui a refusés, les moyens de quitter Londres, il lui a confié en même temps qu’il était accusé d’avoir mis le feu aux décors de l’Opéra et d’avoir commis des vols à Saint-Denis, en compagnie de Pierry et de Segard.

Rousseau est un hâbleur, il a raconté cela à beaucoup de personnes, à Franco, à Piccinelli**, au vicomte de Boisduiller, un aventurier, tellement que, deux heures après, toute la colonie anarchiste connaissait son histoire.

Cet individu a demeuré 6 Charlton Street, il a payé son loyer en abandonnant à son propriétaire une obligation de 100 francs de la ville de Paris ou du Crédit foncier, obligation provenant d’un vol et lui ayant été remise par Martial Bourdin pour la liquider.

Rousseau habite actuellement chez Escaré, 15 Stor Street Tottenham Court Road, il entre par la boutique de Franco qui est établi dans cette maison. »

Le 16 juin 1894, Jarvis écrivait : « Corti, Rousseau et Pierri passent de la fausse monnaie et visent toujours la France pour faire un coup.

Rousseau n’est pas encore parti pour le Luxembourg, mais il ne va pas tarder. Il a dû faire une affaire cette semaine car il avait de l’argent. »

Selon Jarvis, dans son rapport du 29 juin 1894, Hédin aurait déclaré : « on devrait jeter une bombe le jour de l’enterrement de M. Carnot. Il ajoute qu’on devrait en placer également une ici, pour que les compagnons soient expulsés, car ils perdent leur énergie en se fiant à ce qu’il n’y a pas de lois d’expulsion en Angleterre. »

En juillet 1894, Hédin déménageait, une lettre fut trouvée derrière une commode, dans le local qu’il avait occupé, ainsi qu’une liste de souscription en faveur de Meunier, Hédin était signataire, sous son pseudonyme, de la liste.

En mars 1895, il habitait à côté de New Oxford Street.

Dans une lettre de dénonciation, adressée début juin 1895, à Scotland Yard, il fut accusé, avec la complicité de Napoléon Lombard et de Bouvet dit Lafleur, d’avoir assassiné à la veille de Noël, un individu pour lui voler argent et bijoux, puis d’avoir dissimulé le cadavre dans une caisse en bois.

Le 1er avril 1896, il demeurait 17 Rathbone Place à Londres

En septembre 1896, il rachetait le restaurant de Francis sur Dean Street qui devint le rendez-vous des souteneurs.

* noté Herdin et Erdin dans le rapport

** le rapport les distingue alors qu’il s’agit de la même personne (erreur de retranscription ?)

SOURCES :

Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914 : Échanges, représentations, transferts par Constance Bantman — Album photographique des individus devant faire l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières, septembre 1894 — L’Indépendant rémois 20 décembre 1891— L’Echo de l’arrondissement de Bar-sur-Aube 28 mai 1893 — Archives Départementale de la Marne, 30 M 75 et Registre matricule, n°501-10001 R 1149 — Les anarchistes contre la République, 1880-1914. Radiographie d’un mouvement par Vivien Bouhey. Annexe 22 — XIXe Siècle 19 mars 1894 — Archives de la Préfecture de police Ba 1509 — Dossier d’étranger Hédin Louis, n°483729 aux Archives de l’État à Bruxelles — Notices biographiques Rousseau Gustave et Hédin Emile, Jules du Dictionnaire des militants anarchistes.