Signature de l’indicateur

Londres, le 24 avril 1883

Lors des poursuites dirigées contre Mertens, l’imprimeur de la Freiheit, pour un article paru dans ce journal glorifiant le meurtre de lord Cavendish et de M. Burke, les sections anarchistes de Londres organisèrent un comité de défense chargé de recueillir l’argent nécessaire pour payer les frais. Hoffmann, de la section française réussit à s’imposer comme trésorier de ce comité.

Il toucha de la sorte 46 livres sterling, provenant de souscriptions organisées par la section allemande.

Il s’agit aujourd’hui de rendre les comptes. Hoffmann lorsque cette affaire fut terminée disait à qui voulait l’entendre qu’il avait perdu beaucoup de temps, qu’il avait dû emprunter de l’argent à diverses personnes pour couvrir les frais, et que les allemands refusaient de lui en donner pour rembourser les bailleurs de fonds.

A la fin, la 1ère section fatiguée de tout ce tapage a demandé à Hoffmann l’emploi qu’il avait fait de l’argent reçu par lui. Or il se trouve que le compte de recettes et des dépenses établi par Hoffmann lui-même fait ressortir qu’il doit rester en caisse 3 livres et quelques shillings.

Mais cela n’est rien, le côté grave de l’affaire, c’est que son compte de dépenses, après un sérieux examen, a amené les allemands à accuser Hoffmann de malversations et d’indélicatesse.

Quatre délégués de la 1ère section, parmi lesquels Franck et Mertens, sont venus formuler leurs griefs à la section française.

Cette dernière a de son côté nommé une commission chargée d’examiner les faits incriminés et cette commission est d’avis d’expulser Hoffmann de l’Internationale.

En effet, dans ses dépenses figurent notamment deux sommes qui sont la plus grave accusation portée contre lui : l’une de 200 francs qu’il aurait payée pour consommations bues dans différentes réunions du comité. Or les membres de ce comité affirment qu’ils ont eux-mêmes payé la plupart du temps les dépenses qu’ils ont faites, et l’autre de 12 shillings et quelques pences payée pour une traduction en anglais de la défense écrite par Mertens en allemand.

Or le traducteur affirme n’avoir jamais rien touché et n’avoir du reste jamais rien demandé pour ce service.

Demain la section française décidera du sort de Hoffmann.

La séance promet d’être piquante, car les allemands commencent à révéler sur le compte de Hoffmann bien des choses auxquelles avant on n’attachait pas une grande portée et qui aujourd’hui prennent des dimensions colossales.

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Londres, le 27 avril 1883

L’affaire Hoffmann a eu un dénouement mercredi soir à la séance tenue par la section française. Son expulsion a été décidée à l’unanimité moins une voix, celle de l’italien Rava, et une abstention, celle de Cokney, un nom d’emprunt sous lequel se cache une individualité remuante et paradoxale.

A cette même séance, le bureau a été réformé. Un membre nouveau venu, Lebas a été nommé secrétaire, Guerchet, trésorier et une commission de contrôle, composée de Leborne, Muller et Robin a été nommée.

Archives de la Préfecture de police Ba 435

Lire le dossier : L’Internationale noire