Londres le 14 avril 1883

On a eu la preuve hier que le procès relatif à l’affaire de Phoenix- Park a profondément ému les réfugiés politiques.

Les conversations tenues avec Trunk, Demartys et Hofmann ne peuvent laisser aucun doute à ce sujet.

– Que pensez-vous de Carey demandait-on à Demartys. Ne craignez-vous pas que ses révélations ne vous atteignent par le contre coup et que le vieux Gladstone n’applique aux étrangers les mesures d’expulsion dont les autres gouvernements usent si généreusement tous les jours ?

– Pour être expulsés répondit Demartys, je ne crois pas que nous le serons ; mais je sais que presque toutes nos réunions sont suivies d’un œil avide par la police anglaise. Des mouchards ne cessent de rôder autour de Poland Street et de Percy News et ils n’attendent qu’un prétexte pour nous arrêter et nous envoyer augmenter le nombre de leurs pensionnaires à Coldbathfield. Je tiens cela de certaines sources.

Je sais que l’explosion récente de Wesminster nous est attribuée et comme les auteurs ne sont pas encore découverts, on redouble de surveillance autour de nous.

Quand à Carey, quoiqu’il advienne de nous, sa trahison va lui sauver la vie ; mais il n’échappera pas à la vengeance de nos anciens amis. Ses jours sont dès à présent comptés.

Hoffmann et Trunk disent que l’organisation des fénians et celle des anarchistes peuvent parfaitement se souder. Ils regrettent seulement que les révolutionnaires soient moins énergiques que les fénians.

Espérons, continuaient Trunk et Hoffmann, que nous serons bientôt réveillés de notre torpeur par nos frères de Russie.

Archives de la Préfecture de police Ba 435

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