Angleterre

PERSÉCUTION DE LA « FREIHEIT »

Notre confrère, la Freiheit, organe des socialistes – révolutionnaires allemands, publié à Londres, est de nouveau poursuivi par le gouvernement anglais, pour un article bien senti à propos des avènements de Dublin, qui porte ce titre: « La réponse des révoltés » et cette épigraphe : « Contre les tyrans tous les moyens sont bons !! » Il est à remarquer que quant à la forme, cet article n’est pas plus violent que celui du Times et d’autres journaux qui demandent l’extermination de la Land-League.

Le passage incriminé de cet article est celui-ci : « Que Lord Cavendish était au fond un homme très borné, ne change rien à l’affaire. Au contraire, cela prouve que les révolutionnaires irlandais font une guerre plutôt à un principe maudit qu’aux personnes. En tous cas, ils sont assez pratiques pour combattre le principe qu’ils veulent abolir dans la personne de ceux qui le représentent, et abolissent ceux-ci, partout où l’occasion s’en présente. En politique il n’y a pas de meurtre ; il n’y a que l’élimination des obstacles. C’est le point de vue qui s’établit en Irlande, et tant mieux ! »

Mais le gouvernement de Gladstone perd décidément la tête. Il veut imiter le prisonnier de Gatchina et, ne pouvant pendre les vengeurs irlandais, il tombe sur les journaux. Le compositeur de la Freiheit, Wilhelm Mertens, a été arrêté et traîné devant le juge, qui ne l’a remis en liberté provisoire qu’après avoir exigé 5000 fr. de caution.

La police anglaise ne s’est pas contentée d’arrêter le compositeur de l’imprimerie : elle a confisqué les articles composés, jeté les casses par terre et fait un tas de leur contenu, c’est-à-dire rendu la fonte hors de service.

Malgré cela, la Freiheit continue de paraître ; mais son numéro du 20 Mai a paru avec deux pages en blanc portant cette inscription : Confisqué par le gouvernement anglais.

Qu’on s’en souvienne : — « Chaque fois que le peuple voudra faire usage des libertés qui lui sont octroyées par la bourgeoisie, — ces libertés seront abolies » La liberté, c’est le droit du plus fort. »

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Les sections anglaise, allemande, hollandaise, italienne et slave de l’Association Internationale des travailleurs à Londres viennent de lancer un manifeste aux travailleurs anglais sur les affaires d’Irlande.

Le manifeste fait très bien ressortir comment, après s’être rendu populaire comme défenseur des droits du peuple, Parnell trahissait ce même peuple en complotant avec le gouvernement et comment la mort de Cavendish et de Burke a mis fin à ces complots.

Le manifeste se termine par un appel éloquent aux ouvriers anglais pour se soulever contre leurs oppresseurs.

Le Révolté 27 mai 1882

Lire le dossier : L’Internationale noire