Belgique.
Borinage.
Il est difficile de se faire une idée de la misère qui règne maintenant dans le Borinage, et il est presque impossible de comprendre que certains compagnons songent encore à des réformes de détail, quand nous avons à grand peine le pain de chaque jour. On parle beaucoup du droit de vote, on ne ferait pas mal de songer à assurer d’abord le droit à la vie.
Il y a dans plusieurs charbonnages de malheureux scloneurs (conducteurs) qui font jusqu’à 18 heures de travail par jour. Ajoutez qu’ils n’ont qu’un maître salaire et qu’ils sont sous l’autorité des chefs de trait. Ces chefs de trait sont pour la plupart des cabaretiers ; c’est chez eux que se fait la paye de la semaine ; le scloneur est presque obligé de boire pour se mettre bien avec son chef, et on comprend facilement, dès lors, comment il se fait qu’il y a tant de ménages de scloneurs dans la misère.
Cette situation n’est pas particulière aux scloneurs ; elle est générale pour tous les ouvriers qui travaillent dans les charbonnages.
Les salaires vont toujours en diminuant, et directeurs, gérants, payeurs ne font que rire de nos pacifiques réclamations.
N. Morvin.
Bruxelles.
Peu de nouvelles à vous transmettre de Bruxelles ; la propagande continue avec un peu trop de mollesse peut-être ; mais enfin on ne reste pas absolument inactif, et les heureux effets de l’Union révolutionnaire continuent à se faire sentir.
Un concert organisé à la Ruche, au profit de la famille d’un expulsé, a très bien réussi ; deux autres réunions, organisées l’une par le Cercle des Anarchistes bruxellois, l’autre par le Vryheidsbond, auront lieu d’ici peu au Lion de Flandre, rue des Brasseurs.
Les socialistes-révolutionnaires auraient d’ailleurs grand tort de ne pas agir activement et de ne pas profiter du mécontentement qui grandit chaque jour contre le conseil communal et contre tout le gouvernement en général.
Pour peu qu’on s’occupe avec activité du prochain Congrès socialiste-révolutionnaire de Cuesmes, la Belgique sera en mesure de se présenter dans de bonnes conditions au Congrès international de Londres.
La Révolution sociale 6 février 1881
Lire le dossier : Les anarchistes en Belgique avant les émeutes de 1886