Le congrès socialiste révolutionnaire belge a eu lieu à la Colline, grand place à Bruxelles.

Belgique

Le congrès socialiste révolutionnaire belge a eu lieu dimanche à la Colline, grand place à Bruxelles. Il a eu un succès inespéré : en une seule journée les différentes fractions du parti révolutionnaire ont réussi à se mettre d’accord sur une propagande commune, chaque groupe gardant son autonomie, à former une fédération révolutionnaire belge, à nommer un conseil général de 10 membres, à formuler les devoirs et les fractions de ce conseil, étudier les principaux moyens d’agitation révolutionnaire, à fixer le lieu et la date (Verviers, 26 décembre) d’un prochain congrès révolutionnaire belge, à jeter les bases d’un congrès révolutionnaire socialiste international qui se tiendra à Londres à une époque qui sera ultérieurement fixée mais dans un délai qui ne doit pas dépasser une année.

Les délégués, au nombre de 45 ou 50, venus des divers points de la Belgique ont tenu séance de 19 heures du matin à 2 heures de l’après-midi et de 3 heures du soir à 7 heures.

Les adhésions les plus sympathiques nous étaient parvenues de plusieurs groupes révolutionnaires de France, des socialistes révolutionnaires sur le Mein, de Darmstadt, d’Aix la Chapelle, etc…, des socialistes révolutionnaires allemands établis à Liège et Verviers, de la Société générale des ouvriers communistes de Londres.

Cette dernière et remarquable adresse a été accueillie par d’unanimes applaudissements.

Cinq à six adhésions de groupes socialistes révolutionnaires de Paris sont arrivés trop tard ; elles seront publiées dans les journaux révolutionnaires locaux.

Parmi les rapports présentés au Congrès, il me faudrait encore signaler un très grand nombre qui étaient bien faits et bien étudiés. Je citerai seulement ceux du citoyen Piette de Verviers, au nom du cercle anarchiste L’Etincelle, du citoyen Chauvière au nom des sections socialistes révolutionnaires de la rue du Manège et de la rue de la Régence ; du citoyen Bailly au nom de la section socialiste révolutionnaire d’Ixelles ; du citoyen Monier au nom de 3 sections socialistes du Borinage.

Je tien à faire une mention spéciale du rapport des sections internationalistes de la vallée de la Vesdre, d’un discours remarquable du citoyen Delfosse (Cercle d’étude et de propagande socialiste de Liège) où il a été fait bonne justice du mouvement réformiste politicien (comme vous voudrez l’appeler) qui perd chaque jour en Belgique un peu de l’influence qu’il avait acquise il y a trois ans.

Les cioyens Delsaute des anarchistes bruxellois et Steens, secrétaire général de l’Internationale en Belgique, ont également prononcé des discours fort remarqués.

A 9 heures, une soirée a réuni au Lion de Flandre une grande partie des délégués, et on s’est séparé à 11 heures au chant de la Carmagnole et aux cris répétés de Vive la Commune, vive la Révolution sociale !

Et voilà pourtant l’Union révolutionnaire qui vient de s’opérer en Belgique, grâce à l’influence de ces cercles réunis, qu’on accusait et qu’on accuse souvent encore dans le clan des réformistes, de vouloir diviser le parti socialiste dans notre pays.

Vonck

La Révolution sociale n°3 26 septembre 1880

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