Couverture du Néo-naturien

Préfecture de police

Direction générale des recherches

2e brigade

Cabinet

1er bureau

Réunion du groupe les Naturiens, salle Bouju 69 rue Blanche

Paris, le 28 août 1895

Rapport

Hier soir a eu lieu salle Bouju, 69 rue Blache, une réunion du groupe dit Les Naturiens.

Sept personnes y ont assisté.

La séance est ouverte à 9h30. Bariol lit le procès-verbal de la dernière séance et rappelle que le groupe a décidé d’organiser pour le 28 septembre un banquet à 2 fr. par tête et qu’on peut souscrire dès à présent.

Il prie Gravelle d’illustrer le menu de naturiens prenant leurs ébats et termine en disant qu’il a invité pour ledit banquet, une personne qui revient de Saïgon et qui parlera de la civilisation de ces pays éloignés.

Gravelle annonce qu’il a fait grève pendant quelques jours puis est rentré au Monde nouveau. Il avait demande de l’augmentation.

Beaulieu, parlant de la lettre envoyée au baron de Rotschild, dit qu’elle n’a pas dû être confectionnée par un ouvrier mais par quelqu’un sachant manipuler les explosifs.

« Il vaut mieux que ce soit lui que moi, déclare-t-il. »

Gravelle ajoute que M. de Rotschild n’est pas un savant qu’il n’a encore rien fait jusqu’à présent que de fonder un dispensaire comme font tous les épiciers enrichis et de donner 25.000 francs par an aux pauvres.

Zisly dit Demerhac, lit un article du Petit Parisien sur un hameau de Bretagne dont les quelques habitants ne « seraient pas encore astreints aux nécessités de la civilisation actuelle et vivraient en naturiens. »

Gravelle dit que deux sociétés du genre de celle qu’il veut fonder sont actuellement en formation, une du côté de Bordeaux et l’autre en Suisse. Ces sociétés, dit-il, ne veulent pas de la culture et pratiqueront simplement l’élevage.

La séance est levée à 10h45.

Le commissaire de police.

Archives de la Préfecture de police Ba 158

Lire le dossier Les Naturiens, des anarchistes précurseurs de l’écologie politique