Le commissariat de police se trouvait place Cupif rebaptisée place de la République

LA DYNAMITE

ANGERS, 6 avril. – Cette nuit, à minuit, une explosion semblable à un coup de canon a réveillé une bonne partie de la ville d’Angers.

La dynamite faisait son apparition dans notre ville et s’attaquait au poste de police de la place Cupif.

C’est un quartier très populeux et assez mal famé. Les maisons environnantes sont habitées par des personnes peu recommandables et, dans le premier émoi, le spectacle dut être très pittoresque.

La place Cupif (qui tire son nom d’un des vieux maires d’Angers) est au centre de la ville. Au milieu de la place s’élève un vaste marché couvert, une halle. Dans un des bâtiments qui entourent la place, se trouve le bureau de police, avec logement du commissaire, corps de garde, etc.

L’explosion a détruit les vitres de la halle et a démoli en grande partie le commissariat.

La bombe se composait d’un tube de tôle et elle était chargée d’environ cinq kilos de clous rivés et de morceaux de fer.

Cet engin a été placé sur l’appui d’une fenêtre qui est détruite. L’agent Andrieux a été blessé au front et à l’oeil.|

On a retrouvé exactement 54 projectiles, 2 d’entre eux avaient atteint des devantures situées à 90 mètres du lieu de l’explosion. Tout l’intérieur du poste est criblé de mitraille. Les auteurs de la tentative criminelle comptaient massacrer tout le poste, qui récemment encore faisait la relève des services à minuit, heure à laquelle il y avait dix ou douze agents présents. Mais actuellement le service change à 11 heures.

Une foule immense ne cessa de stationner autour du commissariat; c’est par miracle que les agents qui étaient au poste n’ont pas été foudroyés.

Quel est l’auteur du crime ? Dans nos pays d’ardoisières, les compagnons anarchistes ne manquent pas.

On fait en Anjou un usage constant de la dynamite, sans surveillance aucune. Pas la moindre précaution pour éviter les vols.

Quotidiennement, on pêche à la dynamite dans la Loire et dans nos autres rivières, ce qui prouve que les cartouches en question sont entre les mains de tous.

Un propriétaire racontait, ces jours-ci, qu’un terrassier de campagne, dans une paroisse écartée, lui avait demandé de la dynamite pour faciliter un travail qui se faisait dans sa propriété. Sur son refus, le terrassier en chercha ailleurs et, quarante-huit heures après, il faisait sauter les blocs de pierre qui le gênaient ; nouvelle preuve que, même dans nos campagnes, on se procure à volonté l’explosif-des anarchistes.

La justice informe, mais en province la police de sûreté n’existe pas.

On avait vu cette nuit une femme et deux hommes s’enfuir. Ils ont été dénoncés, et l’on a arrêté aujourd’hui la femme Ledu, maîtresse d’un nommé Chevry, agent d’affaires, déjà condamné deux fois pour insultes aux agents et à l’armée. Chevry s’est constitué prisonnier avant-hier pour purger sa dernière condamnation, mais on croit que c’est lui qui a préparé le coup.

Les nommés Laballe et Daumas ont été aussi arrêtés.

On recherche un autre de leurs complices.

Le Figaro 7 avril 1892

Une explosion à Angers Attentat contre un commissariat de police Dégâts sérieux Un

agent blessé.

ANGERS, 5 avril. Par service spécial. Voici des détails sur l’explosion qui s’est produite au commissariat du deuxième arrondissement.

La détonation a été formidable et accompagnée de fortes lueurs. Elle a été entendue dans un rayon de 800 mètres.

La bombe se composait d’un tube de tôle et elle était chargée d’environ cinq kilos de clous rivés et de morceaux de fer.

Cet engin a été placé sur l’appui d’une fenêtre qui a été détruite. L’agent Andrieux a été blessé au front et à l’œil. Les vitres des bureaux du commissariat et des maisons avoisinantes ont été brisées.

Sur dix arrestations opérées à la suite de cette explosion, trois ont été maintenues ce sont, celles de deux femmes, dont l’une est la maîtresse d’un agent d’affaires nommé Chevery, condamné récemment pour insultes à l’armée, et d’un nommé Daumas. Ces malfaiteurs ont du vouloir tuer tous les agents.

Ils ignoraient que depuis le 1er janvier le service se changeait a onze heures au lieu de minuit. Vingt minutes plus tôt, le commissaire de police, le brigadier, le secrétaire et d’autres agents étaient présents. L’enquête est commencée. Cinquante-quatre morceaux de plomb, de fer, des boulons, des rivets ont été trouvés dans le poste et dans un rayon de quarante mètres. Deux morceaux de fer avaient été projetés à quatre-vingts mètres. On a trouvé aussi un percuteur qui, examiné par une personne compétente, pourra servir d’indicateur utile. M. Bernardeau, juge d’instruction, a lancé de nouveaux mandats qui probablement seront exécutés cette nuit.

Le Matin 7 avril 1892

L’EXPLOSION

Avec notre nouveau compte-rendu nous croyons devoir reproduire les renseignements que nous avons donnés dans notre 2e édition d’hier.

L’arrestation de Ravachol et de quelques-uns de ses complices avait tellement rassuré les populations que déjà on avait oublié les dangers récents et la dynamite n’apparaissait plus qu’en rêve. A Angers, celui qui aurait annoncé pour la nuit dernière une explosion quelconque aurait été pris aussitôt pour un fumiste et un lanceur de poissons d’avril, et on lui aurait ri au nez.

Il n’y avait cependant pas autant à rire que cela, car à onze heures quarante-cinq minutes mardi soir, un engin explosif placé sur la fenêtre du commissariat du deuxième arrondissement éclatait, lançant de toutes parts de nombreux débris de mitraille et faisait entendre une détonation qui terrifia toute la population du quartier.

Le bruit de celte détonation a été entendu chemin de la Traquette, c’est à dire à plus d’un kilomètre.

En moins de temps qu’il en faut pour l’écrire, la place Cupif et les environs furent envahis par la foule et beaucoup d’habitants occupant les maisons voisines du lieu du crime n’avaient même pas pris le temps de se vêtir.

M, Bailair, commissaire de cet arrondissement téléphona au commissariat central et, peu après, la préfecture, le parquet et la mairie furent prévenus de cet acte criminel.

A minuit, c’était à peine si l’on pouvait circuler place Cupif, rue Millet et entrer dans la rue Plantagenet.

La machine infernale.

L’engin, d’après les premières constatations a été placé sur la fenêtre du commissariat, côté gauche, c’est-à-dire le point le plus rapproché de la rue Millet. Cette fenêtre, grillagée de quatre gros barreaux de fer est placée entre la porte d’entrée et l’angle de la rue Millet, où se trouve une guérite de factionnaire et à deux mètres vingt centimètres environ de cette guérite.

Le misérable auteur de ce crime a donc pu se tenir en observation pendant quelques instants derrière ou dedans cette guérite, puis il n’avait que pas à faire pour déposer sa machine allumée sur la fenêtre et disparaître par les rues Millet, Baudrière, les quais, etc.

On ignore la forme et la composition de cette machine infernale et cependant l’orifice où était fixé la mèche a été retrouvé.

Cinquante-deux morceaux de projectiles avaient été rapportés au commissariat ce matin, à huit heures, par les habitants des maisons atteintes ; ils consistent en clous, boulons, vieux vis, écrous et vieilles ferrailles.

Leur poids varie entre cent et cent cinquante grammes l’un, de sorte que le volume de cet engin meurtrier peut être évalué à un décimètre cube au moins.

Au commissariat.

De la croisée où l’explosif a été placé, il ne reste absolument que quelques morceaux de la carrée Un des contrevents intérieurs de la croisée a été déplacé et brisé. Les murs du plafond sont légèrement dégradés et le sol est jonché de platras de toute sorte. C’est à ces contrevents que le pauvre agent de se service doit la vie et il n’est pas douteux que sans eux il eut été infailliblement mitraillé.

Le tuyau du poêle a été traversé de part en part par un projectile qui est allé frapper ensuite le mur du fond.

Le bureau du brigadier a été déplacé et plusieurs chaises ont été renversées.

L’agent Andrieux.

L’agent Andrieux qui était de garde est un jeune venu, il était étendu sur une table qui tient lieu quelquefois de lit de camp, la nuit, aux agents de service.

Il était seul, son brigadier venait heureusement de quitter son service et aucun autre agent de nuit n’était arrivé.

On juge de l’émotion causée à ce jeune agent qui, en même temps que la terrible détonation se faisait entendre et bouleversait tout dans son bureau, recevait un projectile au-dessus d’un œil.

L’émotion que lui a causé cet attentat a été telle qu’il est au lit avec une forte fièvre et que le médecin a réclamé en sa faveur quelques jours de repos.

Sa blessure que l’on croit produite par un éclat de verre est sans gravité, mais il n’en est pas moins vrai que c’est heureux pour lui d’avoir été couché, car sans cela il pouvait parfaitement passer de vie à trépas, étant donné les nombreux projectiles trouvés dans le fond du bureau.

M. le commissaire qui était à son cabinet au premier étage avec son secrétaire n’a reçu aucune blessure et cependant toutes les vitres de la fenêtre ont été en partie détruites.

Sinistre rumeur

Dès l’aurore, ce matin, la nouvelle se répandait dans tous les quartiers et les ménagères, en ouvrant leurs portes, apprenaient avec stupeur que les dynamitards étaient de passage à Angers.

L’émotion causée en ville par cette terrible nouvelle a été très grande et de toutes parts on a tenu à venir constater de visu ce qu’il y avait de vrai dans cette rumeur aussi matinale que sinistre et l’importance des dommages causés.

Les effets de l’explosif.

Outre les dégâts causés à l’immeuble où est installé le commissariat, nous avons à signaler de plus ou moins importants dommages causés aux immeubles voisins.

Au café Bara, rue Millet 9, situé en face le commissariat, les vitres des fenêtres du premier et du deuxième étage ont été en partie brisées.

Un boulon a traversé l’imposte de la salle du café et est allé dégrader le plafond à l’extrémité de cette salle. Un autre s’est profondément imprimé dans la boiserie de la porte.

Au numéro 7, au petit estaminet tenu par M. Rouillé, une porte de trois centimètres d’épaisseur a été traversée par un projectile.

L’ouverture est de deux centimètres de largeur sur quatre centimètres de hauteur.

Les halles n’ont pas été épargnées, 25 lames de permiennes, en verre, d’un centimètre d’épaisseur, ont été brisées, ainsi qu’une douzaine de grands carreaux derrière la criée. Un projectile a traversé ce vaste établissement, démoli plusieurs lames du côté opposé et est allé ensuite, après avoir brisé un carreau de la fenêtre du café des Quatre Colonnes, inoccupé en ce moment, se loger dans un parpaing.

Au numéro 5 de la rue Millet, il n’y a pas moins de 30 à 40 vitres de brisées par étage. Cet immeuble appartient à M. Gautreau et est occupé par Mmes Vivian, Seringot, Plançonneau, et plusieurs autres dames dont nous ignorons le nom, mais qui sont sans profession.

De tous les immeubles atteints c’est celui-ci qui semble avoir le plus souffert. .1

Le pensionnat du Sacré-Cœur n’a absolument rien éprouvé, mais élèves et maîtresses étaient épouvantés .L’émotion était, paraît-il indescriptible.

La maison plus bas que ce pensionnat, occupée par M. Guilleux, tourneur sur bois, ainsi que celles y attenant, où habitent MM. Triquet et Poquereau, ont eu plusieurs carreaux de cassés.

Mais le fait le plus surprenant, et qui prouve irréfutablement la force de l’explosion,c’est que à quatre-vingt-neuf mètres du lieu où l’engin a été déposé, chez M. Belhonne, libraire, et chez M. Neumann, cordonnier, des projectiles ont traversé les devantures ; plusieurs autres, qui étaient venus s’applatir sur le trottoir, ont été ramassés ça et là.

D’ailleurs, on retrouve un peu partout des débris de mitraille, qui attestent l’importance de cette infernale machine.

La police sur pied.

Arrestations.

Vers une heure et demie, un certain nombre d’agents de la sûreté et de gardiens de la paix s’étaient dirigés aux gares pour s’assurer qu’aucun malfaiteur ne prenait le train.

Vers deux heures, trois individus accompagnés d’une femme arrivèrent en gare Saint-Laud pour prendre le train de 2 heures 13 pourtours, mais au moment où ils se disposaient à prendre leurs billets, la femme fut reconnue pour ce qu’elle vaut, et se rappelant le proverbe : qui se ressemble s’assemble, les agents procédèrent aussitôt à l’arrestation de ces quatre personnes.

Cette femme est l’ex-maîtresse de Chevry, condamné il y a 10 ou 12 jours, pour insulte à l’armée.

moment leurs bille ce qu’elle verbe : agents p lion de

Cette dernière et ses amis ont été remis en liberté presque aussitôt après leur interrogatoire.

Eu sortant du poste ils se sont écriés : « Ils nous ont arrêtés, ils nous payeront cela». Les agents les ressaisirent de nouveau et après explications et peut-être procès-verbal, ils les ont remis définitivement en liberté.

Dix a douze autres arrestations ont été faites dans la matinée, et cinq ou six ont été maintenues.

À chaque instant de nouveaux individus sont arrêtés et amenés au commissariat.

Les constatations.

A la première heure, MM. Lebon, secrétaire général de la Préfecture ; Le Poittevin, substitut du Procureur général ; Grémillon, procureur de Ja République, Bouzay, juge suppléant, de nombreux officiers de toutes armes ; fonctionnaires, magistrats et autres se sont transportés sur les lieux.

Grave inscription.

En recherchant les traces laissées parles projectiles, on a découvert, sur l’appui d’une fenêtre condamnée de la maison portant le n° l de la rue Millet et faisant l’angle de la rue Plantagenet, une inscription très lugubre et qui doit sonner bien mal dans l’oreille des habitants, notamment de M. Daudé, marchand de chaussures.

Qu’on en juge : « Je ferai, ce soir, sauter cette maison. — Vive l’anarchie. »

Puis au bas :

« 21 mars 1892. » Cette inscription a, été gravée à l’aide d’une pointe en fer quelconque et est en lettres majuscules que le propriétaire a fait disparaître vers onze heures.

Renseignements complémentaires.

Pendant toute la journée les arrestations, suivies aussitôt d’interrogatoires en règle ont eu lieu, pendant que les visiteurs affluaient de tous côtés.

Le directeur d’un des établissements forains de l’assemblée de Saint-Laud a apporté au commissariat, dès mardi matin, une mèche en partie carbonisée que l’on a conservée après avoir pris le nom et l’adresse du déclarant.

A l’Eden-Concert, l’artiste qui était en scène au moment de la détonation, s’est trouvée mal; elle rapporte que le bruit du coup a été suivi d’un crépitement extraordinaire qui l’a plus effrayée que la détonation. Une dame d’une maison voisine dont la gestation était avancée a été prise, parait-il, aussitôt de douleurs et un bébé a fait son apparition.

Perquisitions.

De nombreuses perquisitions ont été faites, notamment montée Saint-Maurice, numéro 14 de la rue Millet, rue Tire-Jarret, rue Lenepveu, boulevard des Pommiers, 47.

Les personnes chez qui on a ainsi opéré pnt toutes pour la plupart été arrêtées.

Onne croit pas que cet acte criminel est le fait d’un anarchiste, mais bien un acte de vengeance, dirigé par d’anciens agents ou des souteneurs, ayant à se plaindre du brigadier Davy ou du commissaire, lesquels venaient de rentrer de la foire Saint-Laud.

L’engin.

D’après les renseignements recueillis à la dernière heure, l’engin devait être une boîte en fer blanc à laquelle deux capsules avaient été adaptées. Cette opinion semble avoir pris naissance à la suite de la découverte de nombreux morceaux de fer blanc.

Les capsules ont été retrouvées.

Les arrestations.

Nous avons dit précédemment qu’une quinzaine d’arrestations avaient été faites dans la journée d’hier, et que cinq avaient été maintenues.

Nous ignorons l’importance des accusations qui peuvent exister contre elles, et il put se faire même quelles elles ne soient pas coupables ; néanmoins, nous donnons leur nom, afin de prouver à nos lecteurs le désir que nous avons de les bien informer.

Ce sont les nommés : Daumas et sa femme ; Hocqmar , Rabouin ; Naval ; Pierre; Billard.

C’est ce qui explique les perquisitions faites dans certaines maisons, notamment celle de la rue Lenepveu.

La note gaie.

Comme dans toute affaire qui se respecte, il y a une note gaie que je m’empresse de vous narrer.

Hier matin, vers neuf heures, alors que la foule était assez compacte, un enfant d’une douzaine d’années, pauvrement vêtu, en traversant les files : accrocha, avec sa manche, la muletière ; d’un monsieur quelconque, et l’enfant, n’y prenant garde, la cassa. Le propriétaire aussitôt de crier au voleur, arrêtez-le, il a volé ma montre!

On entoura le pauvre gamin dont l’innocence fut reconnue promptement, la montre n’ayant pas été déplacée, se se mit à pleurer et la foule hua le propriétaire qui se croyait volé.

Le Petit Courrier 8 avril 1892

Notre correspondant d’Angers nous écrit : Je vous ai télégraphié hier quo l’explosion qui s’est produite au poste de police de la place Cupif, paraissait, dirigé contre le brigadier Davy. Davy est poursuivi avec acharnement depuis long temps par un malfaiteur condamné récemment pour la septième fois et écroué avant-hier soir, à quatre heures. Il n’a pas pu être l’auteur de l’attentat, puis qu’il était en prison, mais tout semble indiquer que c’est l’œuvre de sa bande. Cet individu se nomme Chevry et est une sorte d’agent d’affaires. Deux hommes, qu’il fréquentait d’ordinaire, se sont pris récemment de querelle, et l’un a menacé l’autre de le dénoncer comme fabriquant de la dynamite. L’autre aurait répondu : « Tu ne peux pas me dénoncer, tu es avec moi. Tu es Mathieu et moi je suis Ravachol. » Un commerçant d’Angers, M. Bouvet, a pu donner quelques renseignements très précis sur trois hommes et une femme qu’il a vus arrêtés devant la fenêtre du poste peu de temps avant l’explosion. Tout cela forme un ensemble d’indices assez importants et assez concordants.

Le Temps 8 avril 1892

ANGERS, 8 avril. – L’instruction semble tenir une bonne piste. On a découvert, parmi les débris de la bombe, des plombs ayant dû servir à un filet de pêcheur. Or, l’on sait, de façon certaine, que Chevry, Daumas et leurs maîtresses, avec un nommé Dupuy, qui à été arrêté hier, sont allés pêcher, le soir de l’attentat, à la Baumette.

Daumas est d’ailleurs un pêcheur assidu. D’autre part, on sait que Chevry a dit à sa maîtresse, le soir de son arrestation : « Ne t’inquiète pas : il y a de la dynamite préparée pour eux. »

Une demoiselle Lehélocant a vu deux hommes s’enfuir par la rue Tire-Jarret. Leur fuite précipitée l’a réveillée. Quelques secondes après, la bombe éclatait.

Elle a distingué qu’un des hommes avait une pièce à la jambe droite de son pantalon. On a saisi un pantalon au domicile de Daumas.

L’instruction continue.

Le Figaro 9 avril 1892

La dynamite à Angers

Un indice important

On a remarqué que des débris d’écrous retrouvés sur le le lieu de l’attentat provenaient de boulons qui servent aux bassicots des ardoisières. Il y a là un indice de nature à guider la police dans ses recherches.

Les soupçons se portèrent sur le nommé Chevry, agent d’affaires déjà plusieurs fois condamné ; des agents se rendirent à son domicile, rue de la Coulée, 9 ; mais Chevry s’était constitué prisonnier la veille, à cinq heures du soir, pour purger deux peines d’emprisonnement.

A défaut de cet homme, les agents arrêtèrent et emmenèrent sa maîtresse la femme Ledu.

Deux autres individus, les nommés Laballe et Daumas, ont également été mis en état d’arrestation.

Leur signalement correspondrait à celui des individus qui s’enfuyaient à minuit par la rue Baudière.

L’Union bretonne 9 avril 1892

Une enquête oui marche également très lentement est celle qui a été ouverte à la suite de l’explosion de la place Cupif à Angers, Cinq individus, trois hommes et deux femmes, sont actuellement impliqués dans celte affaire et maintenus en prison ; ce sont Chevrv, Daumas, Dupuis, la femme Ledu, maîtresse de Chevry, et la maîtresse de Daumas. Mais, jusqu’à présent, les magistrats n’ont pu obtenir de leur part aucun aveu. Des perquisitions ont été faites dans une maison en partie abandonnée et qui s’élève au coin du quai Monge et de la place La Rochefoucauld Liancourt. Chevry et ses acolytes venaient souvent, parait-il, passer dès heures dans cet immeuble. Après bien des recherches, la police aurait trouvé des boites en fer-blanc, dans le genre de celle 3ui a servi d’enveloppe à la bombe. Cette découverte fera-t-elle avancer l’instruction ? souhaitons le.

La Gazette nationale 11 avril 1892

Angers, le 15 avril. Dix personnes sont impliquées dans l’affaire de l’explosion de la place Cubif. Ce sont les nommés Chevry, Dupuy, Daumas, Laballe, Le Floch, Fayet, Camus et sa femme, la fille Ledu, maîtresse de Chevry, et la femme de Daumas. Cet après-midi, les principaux accusés, Chevry, Dupuy et les époux Camus ont été mis par deux témoins en contradiction flagrante. Ils prétendaient ne pas se connaître, mais les témoins prouvèrent les relations fréquentes des quatre inculpés. L’affaire a, par suite, fait un grand pas. Aujourd’hui on croit à un acte de vengeance et à un complot anarchiste.

Journal des débats 16 avril 1892