Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Né le 12 février 1879 à Paris (IIe arr.) ; mort le 22 décembre 1896 (XVIIe arr.) ; garçon marchand de vins ; anarchiste parisien.

Auguste Bordes était le fils de Guillaume Auguste Bordes, ami de Louis Duprat qui possédait un cabaret 11 rue Ramey, dont il ne pouvait s’occuper directement en 1894, étant réfugié à Londres. Sur la question de la gestion de l’établissement, voir la biographie de Louise Pioger.

Mandat de perquisition et d’amener du Préfet de police, en vertu de l’article 10 du Code d’instruction criminelle. Archives de Paris D.3 U6 carton 50

En exécution d’un mandat de perquisition et d’amener du Préfet de police du 6 mars 1894, lui laissant supposer que le cabaret Duprat pouvait servir de lieu de réunion pour une association de malfaiteurs (Loi du 18 décembre 1893- art.265 et 266 du Code pénal), le Préfet, conformément à l’article 10 du Code d’instruction criminelle, sans être officier de police judiciaire, était investi du droit de requérir les officiers de police judiciaire, de faire tous les actes nécessaires à l’effet de constater les crimes, délits et contraventions ; demanda de faire arrêter toute personne se trouvant dans l’établissement.
Le 6 mars 1894, à 22 heures, MM. Fédée, Orsatti et Archer, à la tête de 40 agents des brigades de recherches de la Préfecture de police, faisaient soudainement irruption dans le cabaret de Duprat, 11 rue Ramey.
Avec une violence inouïe, selon La Justice, ils se précipitèrent sur les consommateurs, et sans autre forme de procès , commencèrent à frapper à coups de poings et à coups de canne ; ne sachant au juste à qui ils avaient affaire, les gens attablés cherchaient à se défendre. La lutte dura près d’une demi-heure. Enfin, les tables cassées, les verres brisés, les consommateurs à moitié assommés, la police resta maîtresse du champ de bataille. Dix sept personnes, aussitôt arrêtées, furent conduites au poste de la mairie du 18e arrondissement, où M. Fédée passa une partie de la nuit à les interroger.
Auguste Bordes, âgé de 15 ans, qui se trouvait dans le cabaret au moment de l’arrivée de la police, se réfugia dans l’appartement occupé par Louise Pioger et par son gendre Benoît Morel, ébéniste mais il fut arrêté lui aussi.
A la porte du poste, une vieille femme pleurait. Elle raconta que son fils, Auguste Bordes, un employé qui habitait la maison, était descendu prendre un verre dans la soirée, et qu’il se trouvait parmi les arrêtés : « S’ils s’étaient contentés de l’arrêter, ajouta-t-elle en sanglotant, mais ils l’ont à moitié assommé. C’est épouvantable ! »
Le 8 mars, il était conduit au Dépôt de la Préfecture de police et photographié le 9 mars 1894, par le service anthropométrique. Son dossier à la Préfecture portait le n°333.545.
Il fut libéré le même jour. La procédure était transmise au procureur de la république qui mandatait le juge Meyer pour instruire l’affaire. Le non lieu fut rendu le 27 juin 1895.
En décembre 1896, Auguste Bordes fut atteint d’un abcès intestinal qui obligea ses parents à le faire hospitaliser à la Charité, opéré, il succomba aux suites de l’intervention. Il n’avait que 18 ans.
Selon le Libertaire, « c’était un de ces jeunes hommes qui ont eu la chance de se développer au sein d’un milieu anarchiste et qui, avec l’enthousiasme de l’adolescence et la conviction raisonnée de l’âge mûr, se lancent ardemment dans le mouvement révolutionnaire ». Son enterrement eut lieu le 24 décembre 1896.

SOURCES :
Archives de Paris D.3 U6 carton 50. Etat civil de Paris — Archives de la Préfecture de police Ba 1500 — La Justice 8 et 9 mars 1894 — Le Libertaire 24 décembre 1896 — Notice d’Auguste Bordes dans le Dictionnaire des militants anarchistes.

Concernant la rafle chez Duprat, lire : La rafle chez Duprat. 40 policiers investissent le 11 rue Ramey à Paris : violences policières. 17 anarchistes arrêtés dont un jeune de 15 ans. 6 mars 1894

 

Mandat de perquisition et d’amener du Préfet de police, en vertu de l’article 10 du Code d’instruction criminelle. Archives de Paris D.3 U6 carton 50