Une explosion à Lyon

On télégraphie de Lyon que, cette nuit, une explosion, dont les échos ont retenti dans tout le quartier Bellecour, ébranlait la rue Saint-François de Sales. Une bombe placée par une main criminelle sur la dernière fenêtre de la façade de la gendarmerie, devant la rue Saint-François-de-Sales, à l’angle de la rue Sala, venait d’éclater.
La violence de l’explosion a été telle que toutes les vitres de la fenêtre ont volé en éclats et que l’angle de la muraille contre laquelle la bombe avait été placée a été fortement éraillé.

Le terrible engin, du volume d’une boule à jouer, était composé d’une enveloppe en cuivre, solidement entourée de fil de fer et de fil de laiton il était rempli de poudre et de fragments de fer qui se sont échappés dans trois directions différentes dans l’appartement du capitaine-trésorier, dans la rue et sur la muraille contre laquelle était placée la bombe.

Fort heureusement, au moment où la bombe éclatait, le capitaine- trésorier se trouvait absent.
Une enquête a été immédiatement ouverte mais jusqu’à présent on n’a pu recueillir aucun renseignement. L’auteur de cette criminelle tentative semble l’avoir longuement préméditée et posséder une parfaite connaissance des lieux. En effet, pour placer son projectile, il a dû traverser la place Saint-Michel, suivre la rue Sala et remonter la rue Saint-François-de-Sales évitant ainsi de traversez la rue Bourbon, où se promènent de nombreux gardiens de la paix, et se dérobant aux regards de la sentinelle qui monte la garde devant l’hôtel du gouverneur militaire de Lyon et qui se tient a l’angle de la rue Boissac et de la rue Sala, soit à 20 mètres environ du lieu de l’explosion.
La bombe a été placée sur la fenêtre de la chambre à coucher du capitaine-trésorier et dissimulée sous un store.
Au-dessus, au premier étage, sont situés les appartements de M. Le Gallet, colonel, commandant la légion.

Prévenu de ces événements, le général Carteret-Trécourt s’est immédiatement rendu à la gendarmerie. Des gardiens de la paix ont recueilli les débris du projectile, qui seront examinés et serviront de pièces à conviction.

Le Temps 8 octobre 1884