X n°1

Le 2 octobre 1890

Plus j’entre profondément dans la confiance des anarchistes au milieu desquels je vis, plus par des demi-confidences qu’ils me font, je pénètre leur caractère et leurs façons de vivre, plus aussi je me convaincs qu’ils ne sont que des vulgaires escrocs.

Perret de Saint-Ouen demeurant passage des 4 Cousins, 28, n’a jamais travaillé à ma connaissance.

J’apprends qu’il s’entend avec son propriétaire qui est marchand de vin, pour exploiter les commerçants en gros de ce liquide. Les moyens qu’il emploie sont certainement rémunérateurs, car il mène joyeuse vie.

Brunet doit partir vendredi pour Saint-Quentin, afin d’échapper à la contrainte par corps qui le menace, pour non paiement d’une somme de 500 francs qu’il doit payer dans le délai cinq jours à compter d’hier 1er octobre.

Descamps a fait des siennes dimanche et lundi derniers et comme il m’a déclaré ne pouvoir rien me dire quant à présent, parce que la chose était trop sérieuse, j’en augure qu’il ne s’agit tout au moins que d’un vol important.

Vanautrève aîné, vient, dit-il, d’accomplir un tour de maraudage lucratif. Il doit m’en faire prochainement la confidence, je vous en ferai part.

Lorsqu’il sera à Saint-Quentin, Brunet fera de la propagande pendant quelque temps, puis se rendra dans les Ardennes afin de pouvoir passer plus facilement la frontière en cas d’alerte. Il m’a dit qu’il correspondra avec moi.

Je vous adresse ci-joint les numéros du 14 et du 28 septembre du Père peinard, la Révolte du 13 au 19 septembre et l’International n°6

X n°1

Archives de la Préfecture de police Ba 76

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