Né le 12 juin 1854 à Hasselt (Flandres-Belgique), ébéniste, libraire, camelot, anarchiste de Liège et Bruxelles.

En 1885, Henri Cardinael qui demeurait 69 rue des Champs à Liège, faisait partie du Cercle Les Prolétaires, il était signalé comme anarchiste.

En mars 1887, Cardinal travaillait activement à l’organisation du nouveau groupe Les Humanitaires de Liège.

En mai 1887, trois meetings avaient eu lieu au cours desquels il était intervenu, aux côtés des partisans du socialiste radical Defuisseaux, en tant que porte-parole local de l’anarchisme. Avec l’anarchiste bruxellois Wysmans, il avait appelé à la révolution.

Le 16 mai 1887, lors d’un meeting socialiste-anarchiste, auquel assistaient 70 à 80 personnes, quai de la Batte à Liège, Piedboeuf, Cardinal, Forêt et Volant y avaient pris successivement la parole.

Cardinal monta à la tribune au milieu d’un tumulte, de provocations et de discussions dans l’auditoire entre socialistes et anarchistes et où ceux-ci semblaient être le plus grand nombre, il combattit les théories du précédant orateur, dit que celui-ci était payé pour faire des meetings, attaqua les meneurs du parti ouvrier, qui se gorgeaient de viande et vivaient en parasites au détriment des ouvriers qui les payaient et qui eux crevaient de faim ; il préconisa la révolution, disant que la société était pourrie, qu’elle devait être renouvelée et montra que dans les pays de suffrage universel tels la France, la Suisse et l’Allemagne, l’ouvrier était tout aussi malheureux qu’en Belgique.

Le 22 mai 1887, dans un meeting socialiste-anarchiste, auquel assistaient 150 à 200 personnes, chez Léopold Laeleregnes, 383rue St Gilles, à Liège, deux orateurs, dont un ouvrier inconnu et Cardinal, y prirent successivement la parole, Cardinal monta à la tribune et combattit toutes les formes de gouvernement, depuis le gouvernement républicain, jusqu’au gouvernement despotique du Tsar, disant que la société était pourrie, qu’elle devait être renouvelée, et que dans cette pourriture, il fallait passer le râteau pour en faire le fumier qui ferait germer le bon grain. Les orateurs avaient été très applaudis et les cris de « Vive Défuisseaux, vive la grève générale et vive la révolution » avaient été poussés à plusieurs reprises.

En septembre 1887, à la sortie d’un meeting, à Ougrée, la gendarmerie avait arrêtées Cardinal et Sadier, qui y avaient pris la parole. Conduits à Seraing, ils avaient été condamnés, comme vagabonds, au maximum de la peine (7 jours de prison).

Ils firent appel, et il leur avait été permis de prouver qu’ils avaient un domicile, l’un à Liège, l’autre à Verviers. La cour avait dû les acquitter. Mais Sadier, qui voyageait sous un pseudonyme, était poursuivi pour port de faux nom.

Début décembre 1887, le groupe la Jeunesse Libertaire de Verviers avait organisé un meeting contradictoire où assistaient environ 400 personnes. Cardinal montra le spectacle de la décomposition de la bourgeoisie et que pareil spectacle serait toujours offert à intervalles plus ou moins longs tant qu’il y aurait un gouvernement, un État même démocratique ou ouvrier.

En 1888, Cardinael, toujours avec l’anarchiste bruxellois Wysmans et avec le soutien d’Hubert Sevrin d’Ensival, aida les frères Davister à organiser des réunions publiques. Ainsi, en mars 1888 à Dison, en décembre à Ensival et Pépinster, en février et mars 1889 encore à Dison et Ensival, et à Cornesse, et en avril 1890 et mars 1891 à Verviers.

Le dimanche 25 mars 1888 à Dison, le cercle d’études sociales avait organisé un meeting public et contradictoire. La grande salle de l’hôtel de Paris était comble. Cardinal et Wvsmans avaient parlé du parlementarisme et de l’impuissance de l’organisation autoritaire en développant les principes anarchistes au milieu de l’approbation complété de l’auditoire.

Le Dimanche 6 mai 1888 à Dison, le Cercle d’études sociales tenait un meetingau local de la Fraternelle, rue Léopold 4, causerie, suivie d’une tombola, Cardinal, parla des femmes du peuple, ou les martyres de l’humanité.

Au meeting anarchiste du 18 novembre 1888 au local de la Populaire, place Verte à Liège, la parole fut donnée à Cardinal. Dans un langage violent il chercha à outrager la magistrature, le gouvernement, le clergé, l’armée, c’est à dire tout l’ordre de chose établi.

On n’oserait, disait-il, l’arrêter, car sa défense en cour d’assises ferait plus d’effet sur le peuple que tous les discours qu’il avait pu prononcer dans les réunions publiques. Pour lui, il n’y avait qu’une chose à faire, c’était renverser toute l’organisation sociale actuelle. Quand le moment serait venu, si les ouvriers n’avaient pas d’armes, ils sauraient bien employer les moyens chimiques, ainsi que l’on s’en sert pour faire périr les punaises. Au surplus, disait-il, tous les ouvriers ont des armes, l’un avait sa lime dont il pourrait aisément faire un poignard, les autres avaient des pioches, des marteaux dont ils pourraient se servir :

« Les anarchistes sauront, marcher dans le sang et lorsqu’ils en auront jusqu’à la gueule, ils le boiront. On ne doit pas chercher à résoudre la question sociale par un bulletin de vote, chacun sait que le mot politique signifie, c’est le plus malin qui attrape l’autre. Ce qu’il faut faire parler, c’est la poudre, le jour où le tocsin sonnera que chacun sorte de son taudis. Nous flanquerons alors le feu dans toutes les paperasses de la propriété et de même que les gouvernants qui ont fait mitrailler nos frères, nous n’aurons aucun scrupule pour danser sur leur carcasse. »

Le meeting organisé le 4 décembre 1888 par les Équitables travailleurs de Saint-Gilles à l’occasion de la Ste Barbe avait attiré peu de monde :50 à 60 personnes assistaient à cette réunion que présidait Penée.

La parole était donnée à Cardinal qui déclara d’abord que pour faire une révolution il ne fallait ni arme, ni argent : « Lorsque Rogier est parti de Liège en 1830, il n’avait avec lui qu’une poignée d’individus. En 1871, l’insurrection de Paris a été fomentée par quelques hommes. Le 18 mars 1886 à 6 heures du soir, on disait qu’il y avait 26 anarchistes à Liège, cela n’est pas vrai, il n’y en avait que cinq, mais à 7 heures du soir, des centaines d’individus pillaient et brisaient. Ce qu’il faut ce sont des hommes résolus à tout, se disant que tout est permis mais qu’il est défendu de se laisser attaquer. »

Répondant à Germay, il expliqua : « les travailleurs de tous pays n’ont comme capital que la misère, la seule chose que l’on accepte pas chez les banquiers. Dans ces conditions, c’est une utopie que de vouloir les engager à mettre de l’argent de côté. »

Selon lui, « les ouvriers sont cependant encore trop riches, ce n’est que lorsqu’ils auront les dents très longues qu’ils sortiront de chez eux et mordront bien. » Il reprocha à certains ouvriers de se rendre à l’église, c’est à dire d’avoir encore quelques sentiments religieux, alors qu’ils devraient simplement se dire qu’ils n’avaient pas d’âme à sauver, mais bien un ventre à remplir. Il déclara n’exciter personne, ni engager qui que ce soit à faire ce dont il parlait, mais il trouvait qu’il vallait mieux voler une tartine que de mendier : « En volant, vous en serez quitte pour une condamnation à quelques jours de prison, tandis qu’en mendiant, vous serez mis à Rickem ou à Hogstraten pendant plusieurs mois. »

Après avoir occupé pendant plus d’une heure la tribune, Cardinal s’était retiré. Il avait été très peu écouté et à maintes reprises il avait dû interrompre sa harangue pour réclamer le silence.

Le 9 décembre 1888, un meeting avait eu lieu chez Jacquet à Ensival. Cardinal et Davister de Verviers avaient parlé devant un auditoire d’environ cinquante personnes pendant trois heures consécutives, tout en blâmant les syndicats et les sociétés coopératives, ils préconisaient l’anarchie. Les orateurs avaient été interrompus à différentes reprises par des ouvriers tisserands de la localité qui adoptaient leurs principes, mais en demandant la marche qu’ils devaient vraiment suivre le lendemain de la révolution. N’ayant pu s’entendre, ils s’étaient donnés rendez-vous à quinzaine.

Le 24 décembre 1888, un meeting était organisé par le groupe anarchiste du bassin de Seraing, de 8 à 9 heures 1/2 du soir dans la salle Longrée à Jemeppe. On comptait environ 250 auditeurs dans la salle.

Hansen et Cardinal y avaient parlé, ils avaientt attaqué les capitalistes bourgeois, préconisé la révolution à bref délai, disant que le peuple n’avait plus besoin de gouvernement, qu’il pouvait se gouverner lui-même. Ils recommandaient à ceux qui comme eux étaient partisans de la révolution, des réunions secrètes dans des maisons particulières par groupes de 10 à 15, où ils pourraient discuter et traiter à leur aise et sans crainte de la présence des mouchards, des moyens à employer pour parvenir au but désiré.

Un meeting socialiste-anarchiste a eut lieu le 1er janvier 1889, dans la salle Longrée à Jemeppe. Smeets et Secretin dit Cougnet de Jemeppe, ainsi que Cardinal, y avaient prit la parole.

Cardinal expliqua que l’on pouvait arrêter les anarchistes, mais que l’on arrêterait jamais l’anarchie ; que celle-ci était provoquée par la misère qui ne pouvait être remplacée que par l’abondance.

Cardinal s’installa à Bruxelles le 9 avril 1889.

Au mois d’avril 1889, Cardinal et Berger de Bruxelles, devant un public de 200 personnes, développèrent l’idée communiste, sans hésiter à montrer la fatalité de l’expropriation anarchiste, c’est-à-dire la fois de toute la richesse sociale et de toute autorité quelconque.

Le dimanche 5 janvier 1890, un meeting était organisé, par la Jeunesse Anarchiste bruxelloise, eut beaucoup de succès. L’ordre du jour comprenait trois questions : La Crise charbonnière, les Grèves et l’Attilude du Gouvernement. Environ 150 personnes, parmi lesquelles « 5 mouchards , dont un commissaire » y assistaient.

Wysman, Cardinal, Delsaute et Berger avaient successivement démontré que les grèves organisées, quoique utiles pour créer de l’agitation, devaient fatalement échouer, qu’il n’était pas possible au Prolétariat de lutter avec l’aide du Capital contre la classe capitaliste, qu’il fallait abandonner l’idée d’opposer les sous des meurt-de-faim aux millions des exploiteurs, que c’était là la lutte du pot de terre contre le pot de fer.

En novembre 1890 à La Louvière, le meeting organisé à l’occasion de l’anniversaire de la mort des compagnons de Chicago avait réussi on ne peut mieux. 800 personnes au moins se pressaient dans la salle bien longtemps avant l’heure annoncée sur les affiches.

Pintelon ouvrit la séance : il fit l’historique de la grève de Chicago. Puis Cardinal s’écria : « On a pendu nos amis à Chicago, mais le jour n’est pas loin où le peuple décrétera à son tour la suppression de tous les voleurs et bandits dont les classes dirigeantes sont composées. »

Il termina son discours par les cris de « hardi les gas, de l’énergie, guerre à mort à la bourgeoisie, sus au capital à l’autorité et vive la Révolution sociale! Vive l’anarchie!

Le 14 octobre 1889, le tribunal correctionnel de Bruxelles le condamnait à 15 jours de prison, pour complicité de concubinage.

En effet, en mars 1893, il vivait en concubinage avec Elise Lhomme et avait un enfant. Celle-ci avait fait un petit héritage ce qui lui avait permis d’acheter 14 place de Bavière à Bruxelles un magasin de vieux livres. Cardinal allait tous les jours, avec une brouette chargée d’une caisse de livre, au vieux marché, place du Jeu de Balle, où il tenait une échoppe.

Il était ami avec Clément, un anarchiste demeurant 25 rue de l’Hôpital.

Le 4 janvier 1896, il vendit par l’intermédiaire des Temps nouveaux, une collection de journaux anarchistes et révolutionnaires. Le produit de la vente était destiné à appuyer un acte de solidarité.

Le 10 avril 1896, il intervenait comme orateur dans un meeting à Liège sur la banqueroute du Parti ouvrier.

En 1898, le commerce de bouquiniste était au nom de sa compagne, Cardinal réparait chez lui des meubles et nettoyait des armes.

Le 30 août 1900, il habitait 54 avenue de la Porte de Hal à Saint-Gilles où il tenait toujours une échoppe de bouquiniste, place du Jeu de la Balle.

Le 7 juin 1905 1902, il demeurait seul, en chambre, 210 boulevard du Hainaut à Bruxelles, il s’occupait de l’achat et de la vente de meubles usagés et possédait une échoppe de vieux vêtement au marché place du Jeu de la Balle. Il ne s’occupait plus d’anarchie.

Le 10 octobre 1909, il prit la parole au meeting organisé par la Ligue des droits de l’homme à propos de l’affaire Ferrer.

SOURCES:

J. MOULAERT, Le mouvement anarchiste en Belgique 1870-1914. Quorum p. 84, 90,367. — Temps nouveaux 9 avril 1898 — Archives de la ville de Bruxelles POL 211 IV et POL Dossiers individuels 4289— La Révolte 1er octobre 1887, 3 décembre 1887, 31 mars 1888, 28 avril 1888, 15 juin 1889,18 janvier 1890, 29 novembre 1890 — Archives de l’État Liège, Sûreté publique XV A 58, XV A 59, XVI A 38, XVI A 56, XVI A 59 XVII A 1 — Site http://janpelleringfonds.be aujourd’hui disparu, biographie vraisemblablement rédigée par Herre Sneyers et traduite du flamand par traducteur en ligne — Archives de la ville de Liège XL IV A 16 — La biographie de Cardinal Henri sur le Dictionnaire des militants anarchistes.