Le 20 janvier 1871, le meeting de l’Internationale se tient place du Pairay.

Le 4 janvier 1871, l’avocat Victor Arnould de Bruxelles tenait un meeting devant le section de Lize de l’Internationale et déclarait que l’Internationale présenterait au gouvernement et aux patrons une proposition demandant la diminution des heures de travail, la suppression des carnets d’ouvriers et lorsque les circonstances le permettraient, une augmentation des salaires. Si aucune de ces revendications n’était acceptée, la grève générale serait à envisager.

Le 20 janvier 1871, Bica1 de Verviers, lors d’un meeting place du Pairay recommandait aux auditeurs de ne pas provoquer l’armée qui tuerait toujours des innocents. « Je suis pour la grève, mais il est trop tôt, elle ne nous apportera rien… »

Mais le 26 janvier 1871, une cinquantaine de mineurs de la houillère Collard refusèrent de descendre au fond pour protester contre les journées trop longues. Le lendemain le travail reprenait.

Le 28 janvier, les ouvriers du charbonnage Henri Guillaume refusaient de travailler mais le soir le mouvement s’arrêtait.

Le 29 janvier, lors d’un meeting, les délégués de l’Internationale condamnèrent ces deux mouvements à cause de leur manque d’organisation.

Le 4 février, les mineurs de Collard récidivèrent mais l’équipe du soir se présenta au complet.

Le 6 février, les délégués de l’Internationale blâmèrent la grève déclenchée par les houilleurs du charbonnage Collard et leur expliquèrent que ces mouvements étaient voués à l’échec.

Le 10 février, les mineurs de Collard cessaient le travail pour protester contre la direction qui avait refusé de remonter un cheval malade. Le travail reprenait le lendemain.

Le 18 février, les houilleurs de Collard se mettaient de nouveau en grève, tentant d’entraîner, sans succès le charbonnage Marie.

Le soir même, la direction affichait un avis indiquant que tout mouvement de grève serait réprimé : parmi les grévistes, 10 ouvriers seraient tirés au sort et licenciés.

Si les mineurs arrêtèrent temporairement leurs mouvements de grèves, ils manifestèrent leur mécontentement auprès de l’Internationale, c’est ce que constata un rapport du commissaire de police du 30 mars 1871 : « Si les mineurs ne se mettent plus en grève, ils troublent continuellement les meetings des délégués de l’Internationale, qui leur recommandent le calme, attaquant ces personnes très dignes des quolibets les plus infamants. »

L’année 1872 marqua l’apogée de l’Internationale à Seraing : sur les 9.000 ouvriers des établissement Cockerill, la section de l’Internationale regroupait 7.900 membres.

Pour l’ensemble du bassin de Seraing, elle comptait 13.000 adhérents (rapport du commissaire de police de Seraing du 24 janvier 1872).

Le 3 février 1872, des délégations d’ouvriers se présentèrent devant leurs patrons, pour remettre un cahier de revendications, ils demandaient une hausse des salaires proportionnelle aux bénéfices de l’entreprise, sans réponse avant le le 6 février, la grève générale serait déclarée. Les employeurs ne répondirent pas à leurs réclamations.

Le 7 février 1872, les travailleurs quittèrent en masse leurs ateliers. Le gouvernement envoya les forces armées sur les lieux mais le calme régnait.

Le lendemain, un accord intervenait avec les patrons et le travail reprenait.

Il y eut de nombreux meetings durant tout le mois de février où les délégués de l’Internationale rendirent hommage aux ouvriers pour leur conduite durant la grève.

Avec la fin de la guerre franco-allemande, l’industrie fut prospère et les salaires augmentèrent et les ouvriers se détournèrent de l’Internationale et des revendications.

Selon un rapport du commissaire de police de Seraing de janvier 1874 : « on peut dire que l’Association internationale est à son déclin. Y a-t-il encore à Seraing 50 adhérents ? Les trois ou quatre meetings de cette année n’ont attiré au Casino de la Concorde que bien peu de monde. Où est-il le temps où les ouvriers venaient en masse et dans l’enthousiasme plusieurs fois par semaine… »

Mais dès janvier 1874, les salaires baissent de 5 à 10 %, le 29 janvier, la grève était déclenchée à Flémalle Grande et le mouvement gagnait la ville de Seraing.

De nombreux ouvriers réclamèrent leurs livrets de travail mais les patrons refusèrent de leur rendre avant le 2 février. Cette mesure provoqua un mécontentement chez les gréviste et suscita une certaine agitation entrainant des arrestations.

La grève se prolongea jusqu’au 6 février.

Malgré l’affaiblissement de l’Internationale, les meetings continuèrent mais plus espacés, celui pour la commémoration de la Commune de Paris, le 18 mars 1874, réunissait plus de 1.000 personnes au Casino de la Concorde.

Le 2 mai, un meeting au Val Potay, sur la question de la diminution des salaires, dégénéra entre les partisans et les adversaires de la grève, des coups furent échangés et 9 arrestations opérées.

Source : NIHOTTE-LACROIX Violette, Contribution à l’histoire du socialisme à Seraing-sur-Meuse entre 1848 et 1900, Liège, mémoire de licence, 1955-1956

1Bica était l’un des cinq condamnés des événements de juin 1870 à Verviers, il fut condamné à 6 mois de prison.

Lire le dossier Les anarchistes dans la province de Liège (Belgique)