Couverture du Néo-naturien
Préfecture de police
Direction générale des recherches
2e brigade
3e division
1er bureau
Réunion du groupe les Naturiens de Montmartre
Paris le 29 janvier 1896
Rapport
Hier soir a eu lieu à 5 heures, salle Bouju, 69 rue Blanche, une réunion du groupe Les Naturiens de Montmartre.
Léo Brissac (218418) et Gravelle (149465) parlant de la polémique engagée actuellement entre Rochefort et Séverine ont donné tort au directeur de l’Intransigeant qui selon eux n’aurait pas dû attendre cinq ans pour dénoncer les faits qu’il reproche aujourd’hui à Labruyère.
Ils ont ajouté que Rochefort était un caméléon et qu’il se moquait absolument des malheureux, bien qu’il se présente parfois comme un partisan des anarchistes.
Rochefort ne désire pas le moins du monde la suppression du régime actuel a dit Léo Brissac, car il est lui aussi un bon bourgeois ; il émarge aux fonds secrets et c’est grâce à lui que le Ministère aujourd’hui au pouvoir à été fondé. Ma répugnance à son égard a augmenté depuis le jour où je l’ai vu se faire acclamer à la gare du Nord par une foule stupide.
On a parlé ensuite du rôle des mouchards dans les groupes anarchistes. Léo Brissace s’est plaint de ce que Sébastien Faure cherche toujours à jeter la suspicion sur ses adversaires ou ses concurrents comme Tortelier, Martinet et lui, Léo Brissac.
Gravelle dit qu’il faut mépriser ces soupçons : dans notre groupe aussi, il peut y avoir des agents secrets, a-t-il ajouté, mais cela doit nous être indifférent, car si nous voulions prendre une décision sérieuse, nous n’irions pas le dire en réunion.
Les assistants ont ensuite parlé du libraire Lapie dont la boutique a été récemment saccagée à Londres par les anarchistes qui avaient acquis le preuve qu’il était à la solde de la Préfecture de police.
Bariol a distribué des invitations pour le banquet des Naturiens qui doit avoir lieu le samedi 29 février prochain et pour la soirée familiale que le comité qui demande la grâce de Grangé, condamné politique et compagnon de bagne de Cyvoct donnera le dimanche 2 février à 8 heures précises du soir à la salle Besson, 34 avenue Gambetta.
Beaulieu a distribué les journaux L’Ami de l’ouvrier et la Débâcle sociale.
La séance levée à 11 heures 5 minutes.
Le commissaire de police.
Arrêt (328)
Archives de la Préfecture de police Ba 1508
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