Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Né le 20 octobre 1875 à Milan (Italie) ; garçon épicier ; imprimeur ; anarchiste à Paris et Londres.

M. Orsatti. commissaire de police, et M. Fédée de la Préfecture de police opéraient, le 27 février 1894, une nouvelle descente, 3, rue Joquelet, dans l’établissement de Constant Martin, qui était en fuite. Constant Martin était établi crémier rue Joquelet, près la rue Montmartre.
Une dizaine d’agents les accompagnaient. Quelques-uns restèrent à la porte, sur le trottoir, pendant que les autres pénétraient à l’intérieur.
Pendant ce temps, la nouvelle s’était répandue dans le quartier Montmartre, si populeux à cette heure, et bientôt plusieurs centaines de personnes stationnaient rue Joquelet. Il fallut aller au poste chercher une escouade de gardiens de la paix pour rétablir la circulation.
A minuit, les portes s’ouvraient et laissaient passer Ernesta Forti, la compagne de Constant Martin et son fils Alfredo Forti, ainsi qu’un nettoyeur de carreaux nommé Barbier.
Derrière eux des agents de la brigade des recherches suivaient, porteurs des objets saisis par M. Fédée au cours de la perquisition.
Ils étaient emmenés au poste de la rue de la Banque et conduits au Dépôt.
Alfredo Forti était libéré le 5 mars et expulsé de France avec sa mère par arrêté du 8 mars 1894. Il se réfugia à Londres avec elle.
En septembre 1894 son nom figurait sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer en vue d’une « surveillance spéciale aux frontières ».
Ernesta Forti épousait bientôt un tailleur français établi à Londres, Sicard (il s’agissait semble-t-il d’un mariage blanc, pour faire annuler les arrêtés d’expulsions de la mère et du fils)
Sicard reconnaissait alors Alfred Forti, et ce dernier, étant mineur, perdait, par cet acte, sa qualité d’étranger et devenait Français.
Le jeune Sicard ex-Forti résolut de venir s’engager on France.Selon l’indicateur Z.6 : « parce qu’il n’accepte pas les idées de sa famille. »
Il arrivait le 16 octobre 1894 à Paris et se rendait aussitôt chez M. Orsatti, commissaire de police.
« Je suis expulsé comme étranger, disait-il ; je viens me livrer, mais, par acte rédige à l’ambassade française de Londres, je suis devenu Français ; par conséquent. l’arrêté pris contre moi tombe. Quoi qu’il en soit, dites-moi ce que je dois faire, car je veux m’engager et servir dans l’armée de ma nouvelle patrie. »
M. Orsatti n’avait pas voulu trancher la question et avait envoyé Forti à la préfecture de police.
Sicard, ex-Forti, avait été écroué au Dépôt pour infraction à un arrêté d’expulsion, en attendant que des renseignements plus circonstanciés soient transmis par l’ambassade sur la singularité de son cas.
Forti avait été interroge par M. Lépine, qui avait soumis son cas au ministre de l’intérieur. Il avait été décidé que ce jeune homme pouvait librement s’en aller, et que l’arrêté d’expulsion dont il avait été l’objet n’avait plus de raison d’être, puisque Forti était désormais français. Le jeune Forti, remis en liberté, allait faire les démarches nécessaires pour s’engager.
En 1895, il demeurait 3 rue Joquelet. Il était alors imprimeur. Le conseil de révision le considéra comme non français et le raya du tirage. Il était indiqué qu’il était le fils de Joseph Clair Sicard qui demeurait avec sa mère 3 rue Joquelet.

SOURCES :
État signalétique des anarchistes étrangers expulsés de France, n°2, avril 1894 — Notice Alfredo Forti du Dictionnaire des militants anarchistes — Archives de la Préfecture de police Ba 1500,1509 — Les anarchistes contre la république de Vivien Bouhey. Annexe 56 : les anarchistes de la Seine — La France, Le Temps, Le Rappel 28 février 1894, Le Gaulois 17, 18 octobre 1894 — Archives de Paris. Registre matricule 138, classe 1895, 4e bureau.