Ville de Limoges
Commissariat de police 1er arrondissement
Affaire Meunier
Renseignements
Le nommé Meunier est venu se fixer à Limoges au mois de décembre 1892, jusqu’au mois d’août 1893. Il était accompagné du nommé Tennevin, compagnon anarchiste militant.
Le nommé Meunier simulait de travailler de la profession de cordonnier en qualité d’apprenti pendant un certain temps chez un nommé Aubert et chez un nommé Beaure ; ces deux derniers compagnons anarchistes, mais en réalité, Meunier ne travaillait que fort peu et dès lors ne touchait qu’un salaire dérisoire, pour ainsi dire nul. Il passait son temps à lire les journaux et à courir les établissements publics, consommant un verre de droite et de gauche.
Le nommé Meunier faisait de temps à autre des conférences anarchistes dans divers quartiers de la ville et profitait des collectes pour subvenir à ses besoins. Durant son séjour à Limoges, il s’est absenté de cette ville pour aller faire une conférence à Angers et revenir à Limoges peu de temps après.
Le dimanche 25 décembre 1892, le sieur Beaure prenait possession du logement qu’il occupe actuellement rue Soretas n°4. Pendant l’emménagement des enfants voisins [illisible] dans la rue devant la porte du nouveau venu, un objet qui était probablement tombé de quelque meuble. C’était une bombe creuse en métal ayant 6 ou 7centimètres de diamètre, possédant sur un côté une petite ouverture fermée par un bouchon à vis et sur l’autre côté un petit tuyau vide destiné à recevoir une mèche.
Les enfants portèrent cette bombe chez eux et s’en servirent comme d’un jouet et la montrèrent à leur père, le nommé Boucol quand celui-ci rentra chez lui : Boucol dévissa le petit bouchon de côté et constata que l’objet était plein d’une poudre grise. Il fit tomber cette poudre sur le coin de la table et allait y mettre le feu, quand sa femme craignant une explosion s’y opposa et balaya la poudre dans la rue.
Boucol comprenant que l’engin trouvé par les enfants devant l’habitation de Beaure, l’ami des anarchistes Tennevin et Meunier, pourrait nous offrir quelques intérêts, s’empressa de remettre l’engin au commissaire de police du 2e arrondissement en lui déclarant ce qui précède.
Une enquête fut ouverte et transmise à monsieur le procureur de la république.
Le 12 mars 1894.
Le commissaire de police.
2 U 2-143 Archives départementales du Maine-et-Loire
Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates