
Salle de la Tartine, 11 rue Lepic
Préfecture de police
Direction générale des recherches
2e brigade
3e division
1er bureau
Réunion du groupe les Naturiens
Paris le 29 décembre 1895,
Rapport
Hier soir a eu lieu salle de la Tartine, 11 rue Lepic, une réunion publique organisée par le groupe « Les Naturiens ».
L’assistance était de 50 personnes environ.
La séance est ouverte à 9h15.
Gravelle qui prend le premier la parole développe ses théories habituelles.
Il raconte que lorsque César pénétra dans les Gaules, il se trouva en face d’un peuple très doux qui, pris de peur, s’enfuit dans les forêts, que le conquérant fut forcé d’incendier pour subjuguer nos ancêtres, que les seigneurs d’origine franque (manque une page).
…. il y aura de machines, moins l’homme travaillera.
Maurin parle dans le même sens, mais il se déclare cependant partisan des communistes qui préconisent la destruction des grandes villes.
A son avis les cités populeuses n’ont été crées que par des seigneurs ou des rois qui logeaient autour d’eux une suite fastueuse.
Bigot et Marné soutiennent les théories de Gravelle.
La femme Noël Bertier dit que si l’homme a subi pendant si longtemps la domination d’autres hommes, la faute en est à la religion. Elle voudrait que la femme fut entièrement libre.
Elle est interrompue et se voit obligée de quitter la tribune.
Brunet (du XVe arrondissement) dit que lorsque l’homme sera libre, il ne travaillera plus, s’il garde les machines, que trois heures par jour.
Gravelle lui répond que lorsque tout le monde sera libre, personne ne voudra plus descendre dans les mines où le travail est très dangereux et que par conséquent, les machines n’auront plus le combustible qui leur est nécessaire.
La séance est levée à 11h45.
Le commissaire de police
Archives de la Préfecture de police Ba 1508
Lire le dossier Les Naturiens, des anarchistes précurseurs de l’écologie politique