Alfred Monier, le père de Ferdinand, était piqueur de chevaux et avait la nationalité française. Sa mère, Adèle Constant, était belge et travaillait comme couturière. Elle est ensuite devenue vendeuse de journaux. Ferdinand Monier a passé ses premières années à Paris. Quand il avait sept ans, ses parents se sont séparés et il est retourné en Belgique avec sa mère. Ils ont vécu dans différents endroits du pays et à la fin de 1875, ils ont émigré de Charleroi à Bruxelles. On trouve ceci à propos de la relation entre la mère et le fils dans un rapport de police : « Des fils tendre dans son jeune âge il s’est ensuite montré mauvais sujet, paresseux et ne fréquentant que la mauvaise société, au point qu’actuellement âgé de 24 ans il frappe sa mère, il l’a maltraité et elle n’a absolument rien à dire à cet enfant qui possède tout les vices. » Ce sont des déclarations tendancieuses et il ne faut pas oublier qu’elles ont été faites par quelqu’un qui n’était probablement pas le meilleur ami de Monier. Mais quand même… Dans un autre rapport de police cette description physique est donnée : « 1.65 m, cheveux et sourcils châtains, bouche moyenne, front ordinaire, yeux bleus, menton rond, visage ovale, moustache rousse, tache sur l’œil gauche, porte ordinairement un chapeau … »

Monier épousera Guillemine Rasquin. Nous n’avons pas pu trouver la date du mariage. Monier était ce qu’on appelle une pierre qui roule. Il n’avait jamais eu de travail décent et vivait aux frais de sa mère. De temps en temps, il travaillait temporairement – par exemple comme pâtissier – pour finalement rencontrer le socialiste Louis Bertrand, pour qui il commença à vendre des journaux. Il s’est donc probablement retrouvé dans le camp réformiste par hasard.

En décembre 1878, nous le voyons politiquement actif pour la première fois. Il débarque dans le Borinage où sévit alors une grève. Il organise plusieurs meetings et tente de coordonner le mouvement de grève en constituant un comité.

Dès lors, nous le rencontrerons encore et encore lors des grèves massives dans les bassins du Hainaut. Par exemple, en avril et décembre 1879. Monier est d’abord l’un des partisans de Bertrand et il collabore à la revue La Voix de l’Ouvrier. Mais bientôt il a commencé à se radicaliser.

Dès le début de sa carrière de militant, il avait, contrairement à Bertrand, appelé les mineurs à la grève et, de plus, il était bien au courant de ce qui se passait à l’étranger – notamment en France – du côté révolutionnaire. Il connaissait Blanqui et le 27 août 1879, Monier lui avait écrit en prison une lettre dans laquelle il disait que les Bruxellois s’inquiétaient de son sort et que sa candidature aux élections de Bordeaux était la bienvenue.

Entre-temps, Monier avait rejoint le Cercle Démocratique bruxellois plus radical et, sur ses conseils, le club avait publié une Adresse aux Bordelais dans le magazine français Le Prolétaire. Les Bruxellois se rangeaient donc ouvertement du côté de Blanqui et l’appel est signé par Monier lui-même. Il ne faut donc pas s’étonner que lorsqu’en septembre-octobre le blanquiste Emmanuel Chauvière fonde le révolutionnaire Cercle d’Études Sociales et ce qui sera plus tard Les Cercles Réunis, Monier le rejoigne bientôt.

Il défendait la revendication du suffrage universel et des mandats obligatoires pour les élus. Non pas qu’il soit si favorable au travail politique parlementaire, mais la revendication était suffisamment radicale pour qu’elle ne puisse être réalisé que par des moyens d’action révolutionnaires, et s’opposait ainsi à la stratégie réformiste.

Il déclara en novembre 1879 à propos de l’action violente de la police à Châtelineau : « En un mot il n’y a rien à faire sans révolution. Si votre ami Bertrand, au lieu d’être pacifique lors de l’attaque des gendarmes à Frameries, s’était montré plus belliqueux, nous serions actuellement en pleine révolution. »

Mais en revanche, il avait tout de même négocié avec le parlementaire libéral Paul Janson pour qu’il y ait des interpellations sur l’action policière dans l’hémicycle.

Le 15 décembre, il déclara : « Oui je suis anarchiste et révolutionnaire ; je ne crains pas de le proclamer. Au moins, ma politique, à moi, a un but à atteindre dans un tour de temps relativement court : elle a détruit instantanément les obstacles et accélère la marche des événements ; la vôtre, au contraire, évolutionnistes, est une politique dormante condamnée éternellement à n’être d’aucune d’utilité à la bonne cause… La révolution seule peut accomplir et accomplira la grande transformation sociale. »

Et lors de la grève des mineurs de décembre-janvier 1879-1880, il appellera à plusieurs reprises à l’action révolutionnaire. Par exemple, le 27 décembre à Frameries : « Nous voulons (…) votre émancipation ; si on vous la refuse, les quatre bassins s’uniront pour marcher vers Bruxelles, sur cette ville où les directeurs-gérants vont se vautrer dans l’orgie avec le fruit de votre travail et c’est au cris de « vive la République » et « vive la liberté » que nous marchons ! » Ces mots furent écrits par le commandant de la gendarmerie de La Bouverie et il ajouta : « je suis d’avis, monsieur le procureur du roi, que si des mesures de rigueur étaient prises à l’égard des meneurs de l’espèce dont je viens de signaler, et notamment le nommé Monnier (sic), la grève cesserait immédiatement. » Malgré son attitude révolutionnaire, Monier ne renoncera jamais complètement aux moyens d’action pacifistes.

L’agitation radicale de Monier dans le district minier fut au grand désarroi de Louis Bertrand. Au début de 1880, Bertrand lance une campagne de commérages, mais en vain. Le 17 mars 1880, un indicateur de police écrit : « Bertrand perd son prestige. Il a, paraît-il, envoyé dans le Borinage nos correspondances de cartes pour engager les habitants de ce pays à se méfier de Ferdinand Monier. Ce dernier ayant appris la chose, a attaqué Bertrand, l’a traité de lâche, de crève-faim et l’a finalement provoqué en duel. Pour toute réponse Bertrand a fait traduire Monier devant un tribunal d’honneur. » Outre Bertrand et Monier, le jury de ce « tribunal d’honneur » était composé de dix membres : les réformistes Duverger, Bartholomeus, Bossiers, Goetschalck, Serrure et Paul De Wachter de Gand, le modéré Dewit, le radical Bogaerts et les révolutionnaires Winandy et Crié. Malgré la composition majoritairement réformiste, il avait été décidé avec dix voix et deux abstentions : « Nous blâmons l’attitude de Bertrand. Nous regrettons la conduite de Monier vis-à-vis de Bertrand, mais nous l’excusons vu l’emportement de son caractère. Nous blâmons surtout les écrits de Bertrand sur des cartes postales. Et le lendemain, nous lisions que Monier avait été nommé secrétaire général des seize sections qui s’activaient alors dans le Borinage, en remplacement du disciple de Bertrand : Léon Moniez. Monier était trop aimé des mineurs et les actions de Bertrand avaient plutôt l’effet inverse. Bertrand réagit avec colère en expulsant Monier de la Chambre du Travail de Bruxelles. Déjà à la fin de 1879, mention était faite de son exclusion du cercle « sans en avoir fait partie ». Mais dans Les Droits du Peuple, une lettre de Monier datée du 31 mars est imprimée, dans laquelle il déclare qu’il n’a pas été exclu de La Chambre du Travail, mais qu’il a démissionné. Son commentaire était le suivant : « J’ai tenu à me détacher de la politique bourgeoise qu’on y suit ; je ne veux soutenir ni les porions ni les gérants. Je suis seul responsable de mes actes et de mes paroles. Ma politique consiste à combattre les intrigants et les farceurs. Les compagnons borains connaissent ma conduite; ils savent que je suis socialiste et révolutionnaire ; ils savent que je suis quelquefois violent, je ne suis pas de ceux qui les abandonnent au jour du danger. Vingt mille compagnons borains ont applaudi à mes paroles et à mes actes ; ils sont partisans de cette politique que l’on trouve inutile et dangereuse, c’est vous dire que l’approbation des cinq ou six membres de la Chambre du Travail m’importe fort peu. » Cette lettre était signée par Monier sous le titre « Le secrétaire fédéral du parti socialiste borain » Exclusion ou départ, tout cela était de l’huile sur le feu. Dès lors, Monier, choqué, qui vécut un temps dans le bassin minier, s’opposera ouvertement et farouchement aux réformistes et deviendra le confident des Cercles Réunis révolutionnaires. En tant que membre de son Comité central, il continua à défendre le suffrage universel et les mandats impératifs à partir de considérations de propagande et dans la revue du cercle Les Droits du Peuple il écrivit du 11 avril au 18 juillet 1880 sous le pseudonyme le père Duchène la série d’articles : « Lettres du Borinage », dans lesquelles il rend compte de la situation sur le terrain. Les textes de Monier étaient imprégnés de critiques de la société bourgeoise, y compris du système scolaire qui enseignait le respect du roi, de l’Église et du capital et endoctrinait ainsi les ouvriers. Monier écrit : « L’instruction qu’on donne à nos enfants, la seule que nous pouvons obtenir pour eux, n’est-ce pas une instruction formée de préjugés bourgeois et de superstitions religieuses ? On leur apprend à se courber devant un roi, devant un prêtre, devant une fausse justice ; on leur apprend les absurdités de l’histoire sainte et les alliances de la famille royale ». Pour lui, alors que : « La misère est partout ; elle nous entoure, elle nous menace. »

De plus en plus, Monier a appelait à la violence révolutionnaire. Il parlait encore de suffrage universel, mais plaidait bientôt pour des justiciers armés pour protéger les élus socialistes dans leur exercice du pouvoir et faire ainsi contrepoids à l’armée belge « capitaliste ». Il ne craignait pas vraiment une confrontation avec l’armée, car il y avait beaucoup de mécontents parmi les soldats. Monier avait souligné la nécessité d’établir autant de groupes locaux que possible. Selon lui, le succès du mouvement révolutionnaire en dépendait : « il faut former des groupes partout et j’ose vous assurer qu’avec 2 000 hommes imbus des idées révolutionnaires, je rassemblerais bientôt 100 000 hommes en descendants dans les rues avec le drapeau rouge déployé. » A la manifestation du 8 juin 1880 à Bruxelles, il crie : « Vive la Commune, vive la révolution sociale, vivent les pétroleurs, à bas les exploiteurs… » et moins de deux mois plus tard, à la manifestation du 15 août, il avait été arrêté pour avoir crié des slogans similaires. Officiellement, « inculpé de délit de presse prévu par l’art. 124 et suivants du code pénal », mais l’affaire n’avait pas été poursuivie.

Monier définit l’État comme un moyen de répression aux mains de la « classe dirigeante ». Seule une révolution violente pourrait offrir un soulagement contre cela : « …que la force seule changera le monde ; que le fusil vaut mieux qu’un discours et ton dernier souffle sera un cri de malédiction contre le vieux monde et un suprême appel à la grande vengeance ; la révolution sociale. »

Monier faisait toujours partie du comité d’organisation préparant le congrès révolutionnaire de septembre 1880 et était bien sûr présent à ce congrès lui-même, mais début novembre il fut expulsé du Royaume de Belgique. Pour la justice belge, Monier était une menace pour l’État et il était depuis longtemps pris pour cible par la police. En avril, il avait fait l’objet d’intenses filatures et un signalement avait été fait à son sujet, aboutissant finalement à son expulsion en novembre. L’argument de la justice était : «…depuis plusieurs mois semble avoir pris à tache d’amener par des excitations incessantes la population ouvrière du Borinage à une véritable révolution sociale. » Comme Monier ne pouvait pas vraiment être considéré comme un étranger, l’indignation suscitée par son expulsion fut énorme. Même son rival La Voix de l’Ouvrier du 21 novembre 1880 commente : « Nous ne savons à quel truc de jésuite on a eu recours pour expulser le citoyen. Monier qui s’est enfui dans la ville de sa petite enfance, à Paris, et s’est retrouvé ici aussi dans le milieu révolutionnaire. » Mais déjà en juin 1881, il dût fuir car il était recherché pour avoir insulté et menacé un policier.

Monier se retira dans la capitale belge. Il avait entre-temps obtenu, par une procédure de protestation, le retrait de l’arrêté d’expulsion. Ses principaux contre-arguments étaient qu’il était né en Belgique d’une mère belge et qu’il y avait accompli son service militaire.

A 22h30, le 22 août, il est arrêté par la police trop zélée lors d’un meeting de l’Internationale. Les forces de l’ordre n’étaient pas au courant de la suspension de son exil. Lorsque Monier leur montra le document de preuve au poste de police, ils furent complètement surpris et ont durent le laisser partir.

Dès son retour, Monier se replongea dans le travail de propagande dans le Borinage. Le 4 septembre 1881, avec son ancien adversaire Léon Monniez, il édita un numéro unique de la revue radicale le Petit Borain et ils organisèrent une série de meetings. Les deux « Monier » pouvaient compter sur le prestige qu’ils avaient acquis dans le passé. D’eux il était dit, entre autres : « Les explosions de dynamite qui eurent lieu il y a 18 mois dans le Borinage sont attribuées à Léon et Ferdinand Monnier. »

Dès la fin de 1881, Ferdinand Monier militera dans la Ligue Républicaine Socialiste à Bruxelles.

Au milieu des années 1880, avec Egide Govaerts et Henri Wysmans, il redevient l’une des figures incontournables de l’anarchisme bruxellois. Il restera actif en tant qu’anarchiste jusqu’au tournant du siècle.

Enfin, nous voudrions nous arrêter brièvement sur la manière dont Monier apparaît dans l’historiographie du socialisme belge. Plus précisément avec les vues d’André Mommen, qui écrit que Ferdinand Monier est explicitement passé au blanquisme révolutionnaire. Il suggère même que Chauvière a participé à cet interrupteur. Eh bien, ce point de vue est incompatible avec les conclusions de notre étude. Au départ, Monier n’avait pas vraiment eu besoin de personne dans sa radicalisation. Il rejoint Le Cercle Démocratique et Les Cercles Réunis après être devenu révolutionnaire sous l’influence des grèves dans le Borinage. De plus, Monier n’était pas un socialiste autoritaire, même s’il était solidaire de l’emprisonné Blanqui. C’était plutôt un anarchiste, prêt à faire des compromis pour des raisons tactiques. En ce sens, il a su se réconcilier avec la revendication du suffrage universel et il s’est associé aux militants des Cercles Réunis.

SOURCES :

F. MONIER, (lettre de Monier du 31/03/1880 ) – Les Droits du Peuple, 11/04/1880, p. 3, coul. 1; F. MONIER, (sans titre) – Les Droits du Peuple, 22/08/1880, p. 2, coul. 3 ; F. MONIER, Évolution & Révolution. – Les Droits du Peuple, 16/05/1880, p. 2, coul. 1-2 ; F. MONIER, (sans titre) – Les Droits du Peuple, 5/9/1880, p. 2, coul. 1; H. DELSAUTE, F. MONIER & H. WYSMANS, Belgique. – L’Hydre Anarchiste, 23/03/1884, p. 4, coul. 3-4 ; (F. MONIER) LE PERE DUCHENE, Lettres du Borinage. – Les Droits du Peuple, 25/04/1880, p. 3, coul. 1-2, 5-9-1880, p. 2, coul. 1-2, 16/05/1880, p. 2, coul. 1, 23/05/1880, p. 2, coul. 3-4, 30/05/1880, p. 2, coul. 2, 6-6-1880, p. 2, coul. 3-4, 13/06/1880, p. 3, coul. 1, 20/06/1880, p. 2, coul. 4, 27/06/1880, p. 3, coul. 3-4, 7-4-1880, p. 2, coul. 2, 18/07/1880, p. 2, coul. 4 – p. 3, coul. 1. Archives de la Ville de Bruxelles, Bureau des Etrangers, Dossier Individuel 4164 : Monier ; Archives de la Ville de Bruxelles, Bureau des Etrangers, Dossier Individuel 4149 : Govaerts, extrait, Conseil Régional de l’Internationale, 7-1-1880 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Bureau des Etrangers, Dossier Individuel 519 : Crié, extrait, Cercles Réunis, 20-11-80 ; Archives générales de l’État (Bruxelles), dossier individuel 336596 : Crié, rapport au Roi de juin 1880 ; Archives de la police de Paris, dossier individuel B a/1022 : Crié, Analyses de différentes lettres, lettre de Jean Claes du 21-2-1882 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.195, Leseverein, 8-3-1880 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.177, 4-6-1880 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.194, manifestation du 15-8-1880, rapport du 20-8-1880 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.178bis, 20-12-1880 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.178bis, Cercle Anarchiste, 7-6-1881 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.178ter, 24-8-1881 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.178bis, Internationale, 22-8-1881 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.178bis, 30/08/1881 ; Archives de la Ville de Bruxelles, fonds de police, Kt.194, fin septembre 1881 ; Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds de la Police, Kt.177, 3/1/1883 ; Archives générales de l’État (Bruxelles), PG.219, réunions à Cuesmes et Frameries, 27-12-1879 ; Institut international d’histoire sociale (Amsterdam), Belgique, Libertäre Drücke u.s.w., 1885 – , affiche brochure de 1886 : Manifeste Anarchiste ; Le Révolte, 20/09/1879, p. 3, coul. 1-2 ; Les Droits du Peuple, 11-4-1880, p. 3, coul. 1, p. 4, coul. 3, 16/05/1880, p. 2, coul. 2, 20/06/1880, p. 3, coul. 3-4, p. 4, coul. 2, 27/06/1880, p. 4, coul. 3, 25/07/1880, p. 4, coul. 2-3, 8-8-1880, p. 1, col. 4 – p. 2, coul. 1, 22/08/1880, p. 1, col. 4 – p. 2, coul. 1-3, 26/09/1880, p. 2, col.3, oct.-nov. 1880, p. 4, coul. 2 ; La Voix de l’Ouvrier, 22/08/1880, p. 1, col. 4 – p. 2, coul. 1, 21/11/1880, p. 1, col. 4 ; La Voix de l’Ouvrier, 21-11-1880, p. 1, col. 4 ; De Volkswil, 21-11-1880, p. 2, coul. 3 ; L’Etudiant Socialiste, 25-11-1880, p. 3, coul. 1; La Persévérance, octobre 1880, p. 2, coul. 2, novembre 1880, p. 2-4 ; La Révolution Sociale, 17/10/1880, p. 4, coul. 3-4, 24-10-1880, p. 4, coul. 2-3, 31-10-1880, p. 4, coul. 3 ; Le Petit Borain, 4/9/1881, p. 3, coul. 1-2 ; H. WOUTERS, Documenten…, Vol. III, p. 1250, 1272, 1329-1330, 1343-1344, 1400-1402, 1407, 1412, 1433-1436, 1439-1440, 1483, 1484, 1485, 1493, 1502-1503, 1567-1579, 1579-1575, 1567-1575 1575 1648-1649, 1661, index p. 1767; C. DE PAEPE, Niederlände…, p. 305, 317 ; L. BERTRAND, Histoire…, Vol. II, p. 330, 339 ; L. BERTRAND, Souvenirs…, Vol. Je, p. 202. A. MOMMEN, Socialisme belge…, p. 39-46 ; A. MOMMEN, Réformistes…, p. 6, 12 ; H. VANDEN BROECK, Parce qu’ils ont la liberté…, p. 86-87, index p. 239 ; J. LOUIS, Histoire du mouvement anarchiste liégeois…, p. 23; Ch. VERCRUYSSE, La jeunesse de Louis Bertrand…, p. 116 ; J. PUISSANT, L’évolution…, p. 191-196 ; D. DE WEERDT, L’Origine…, p. 136-139; A. FORDYN, Attaques politiques en Belgique…, répertoire ; H. SNEYERS, Anarchisme et blanquisme…

Publié sur http://janpelleringfonds.be aujourd’hui disparu, vraisemblablement rédigée par Herre Sneyers et traduite du flamand par traducteur en ligne.

*****************************

Biographie parue sur le site Dictionnaire des militants anarchistes : https://militants-anarchistes.info/spip.php?article4029

MONIER (ou MONNIER), Ferdinand, Alfred

Né à Ixelles le 2 juin 1854 – Ouvrier confiseur ; marchand de journaux – Bruxelles (Belgique)

Ouvrier confiseur et colporteur du journal La Voix de l’ouvrier, Ferdinand Monier (ou Monnier), qui s’était engagé dans le mouvement révolutionnaire dès la fin des années 1870, fut avec Egide Govaerts, Wysmans, Pintelon, Stuyck et Alexandre Colignon, à l’initiative de la publication du journal Ni Dieu ni maître (Bruxelles, 23 numéros, 23 mai 1885 au 22 mai 1886) dont il fut l’un des administrateurs. Il était à cette époque l’un des principaux orateurs des meetings anarchistes à Bruxelles. Lors d’un meeting socialiste début 1885 organisé pour les sans-travail, il avait pris la parole et déclaré : « Quand l’ouvrier a faim, il sait ce qu’il doit faire ; il ne doit rien attendre des mandataires pourris de la bourgeoisie. Les droits politiques !…Ah le suffrage universel, il s’agit bien de cela ! Allons droit au but, à la bourgeoisie ; c’est elle que nous devons tuer« , intervention qui fut vigoureusement applaudie selon la presse de l’époque.

Le 27 juillet 1885 et à la suite de l’arrestation de quatorze militants anarchistes, dont plusieurs étrangers qui seront expulsés, Ferdinand Monier fut condamné pour « outrage à la police ». Dans les premiers mois de 1886 il prit une part active à la campagne d’agitation menée en Wallonie (Bruxelles, Liège, Verviers). Suite à des meeting tenus à Bruxelles le 27 mars et à Dison le lendemain et qui furent suivis d’attroupement et d’incidents avec la police, il fut arrêté et emprisonné. Ces divers troubles du mois de mars en Wallonie seront à l’origine d’une loi anti-anarchiste.

Lors de la campagne menée à l’été 1886 par les socialistes en faveur du suffrage universel, il fut l’auteur d’un Manifeste anarchiste dont les 6.000 exemplaires furent saisis par la police et qui lui valurent d’être condamné le 12 novembre à trois mois de prison par la Cour d’assises du Brabant.

Monier continua de diffuser toute la presse libertaire des années 1890. Il fut également un collaborateur du journal Le Cri des opprimés (Charleroi, au moins 2 numéros des 4 et 11 octobre 1896) publié par Emile Chapelier. En 1896 il était l’un des diffuseurs de L’Insurgé (Bruxelles).

En 1898 il demeurait 4 rue de Rollebeek à Ixelles et était le responsable de la Bibliothèque de la jeunesse libertaire qui publia au moins une brochure : Paul Sosset « A l’aube du siècle 1. Le mouvement libertaire » (32 p.).

A l’automne 1900, il devait être l’administrateur de la revue L’Effort devant paraître à Bruxelles à partir d’octobre.

Au début des années 1900 il aurait cessé, selon la police, de militer. Toutefois, au début des années 1910 il figurait toujours sur une liste d’anarchistes et était alors libraire.

SOURCES :

R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit. // J. Moulaert « Le mouvement anarchiste en Belgique… », op. cit.// Arch. Bruxelles POL 209 , POL 215