Léon Lignon fit remonter les mineurs de la Concorde, pour participer à la manifestation anarchiste de Liège, le 18 mars 1886

Né vers 1850, ouvrier mineur à au puits La Concorde à Jemeppe, anarchiste, probablement membre du groupe de Jemeppe.

Le 18 mars 1886, à midi, les mineurs du charbonnage de la Concorde, près de Jemeppes, se faisaient remonter au jour à 1 heure, au lieu de 2 heures et demie, heure de sortie prévue, avec l’intention de participer à la manifestation anarchiste dont le rendez-vous était fixé à Liège. Ils sortirent aux cris de « Vive la République Sociale ! vive le drapeau rouge ! »

Les ouvriers, excités par Lignon, qui avaient remonté avant l’heure habituelle pour venir à Liège prendre part à la manifestation bien que la direction s’y soit opposée, étaient renvoyés le lendemain. Cette décision fut le point de départ de la grève générale qui éclata dans le bassin de Liège. Le charbonnage La Concorde fut le premier à se mettre en grève.

Le 19 mars, 200 ouvriers se mirent en grève, réclamant une augmentation de salaire et la réduction des heures de travail. Puis les 700 mineurs de Concorde suivirent le mouvement.

Les grévistes de Jemeppe, une centaine environ, se promenèrent le le même jour dans les environs de Seraing. La situation paraissant particulièrement grave, le gouverneur et le commissaire d’arrondissement se rendirent à Jemeppe.

Lignon fut arrêté à Liège.

Le 19 mars, une troupe de gréviste de La Concorde étaient allés briser les vitres de la maison du directeur de ce charbonnage, M. Kelekom.

Le 24 mars 1886, il fut inculpé devant le tribunal correctionnel de Liège :

1° d’avoir attaqué et frappé les gendarmes.

2° d’avoir obligé les ouvriers mineurs à remonter pour assister au meeting de la place Delcour. Léon Lignon avait déjà été condamné a déjà été condamné.

Lors de l’audience il nia ce qui lui était reproché. Selon lui c’était un autre ouvrier, qui avait donné le signal de la remonte.
Un fonctionnaire du charbonnage vint déclarer que c’est Lignon qui, le premier, a mis la main à la sonnette pour faire remonter les ouvriers.
Moreau, agent de police à Liège : « J’ai vu, dit-il, les gendarmes repousser Lignon sur la place Delcour, il s’est emporté, est devenu furieux et a jeté un pavé à la tête du brigadier de gendarmerie qu’il a blessé.
M. Gilson, agent de police à Liège, a constaté les mêmes faits.
Me Demoulin, défenseur, s’en rapporta à la sagesse du tribunal, qui condamna Lignon à une année de prison pour coups et une amende de 200 francs pour avoir transgressé les règlements de mine.

La grève à la Concorde ne cessa que le 1er avril 1886.

SOURCES :

La Meuse 20, 21, 23, 25 mars 1886 — La Gazette 23 mars 1886 —L’Émancipation 28 mars 1886 — Archives de l’État. Archives de la province de Liège. Sûreté publique XIV B4, B5, B36.

Lire le dossier : Les émeutes de Liège et du bassin de Seraing (Belgique). Mars 1886