Le groupe anarchiste « Les Humanitaires » se réunissait chez Mme Wagener, rue des Récollets.

Ville de Liège

Bureau du commissaire en chef de police

Service de la sûreté

Annexe de l’Hôtel de ville

Objet : manifestation socialiste

Liège le 11 mars 1887

Monsieur le Bourgmestre,

Comme suite à ma lettre du 9 courant, j’ai l’honneur de vous informer que l’anarchiste Cardinal travaille activement à l’organisation du nouveau groupe « Les Humanitaires ».

Il annonce qu’un meeting contradictoire aura lieu le 20 mars prochain et que dans la soirée ses partisans feront une manifestation avec drapeau rouge ou noir. On parcourra les rues habitées par les riches, notamment le quartier de l’ancienne Île du Commerce. Sur le parcours des collectes seraient faites au profit des victimes politiques et des ouvriers sans travail.

Les masques seraient admis à prendre part à cette manifestation. Cardinal se propose de grouper les participants sur divers points de la ville afin de diviser les forces de police. Il a déclaré que chaque manifestant serait personnellement responsable de ses actes.

L’heure et le lieu du meeting dont il s’agit seront ultérieurement désignés.

Le commissaire en chef

Archives de la ville de Liège XL IV A 16

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Ville de Liège

Bureau du commissaire en chef de police

Service de la sûreté

Annexe de l’Hôtel de ville

Objet : manifestation anarchiste

Liège le 17 mars 1887

Monsieur le Bourgmestre

Comme suite à mes lettres confidentielles des 9 et 11 courant, j’ai l’honneur de vous informer que les membres du groupe anarchiste « Les Humanitaires » paraissent avoir renoncé à leur projet de manifestation du 18 ou du 20 mars.

Cardinal n’a pu découvrir une salle pour y donner un meeting et le nombre des manifestants a été trouvé trop restreint. Deux réunions avaient été fixées aux 14 et 15 de ce mois mais aucune décision n’y a été prise. Hier, cependant, les anarchistes ont dû se réunir de nouveau chez Mme Wagener, rue des Récollets, mais à l’heure où je vous écris, le résultat ne m’en a pas encore été communiqué.

Quoiqu’il en soit voici les mesures d’ordre et de sécurité que je soumets à votre approbation.

Demain dès 5 heures du soir, le personnel au complet sera réuni dans les divers commissariats de police. MM. Les commissaires seront personnellement chargés de veiller au maintien de la tranquillité dans toutes les parties de leurs divisions. A la même heure les agents de la brigade de sûreté et de celle des mœurs, un agent de chacune des divisions, les officiers de police et agents du commissariat en chef, soit 34 hommes, se trouveront sous mes ordres à la permanence.

Sous la date du 8 mars dernier, j’ai écrit à mes collègues des communes de Seraing, Jemeppe, Herstal, Ougrée, Saint-Nicolas, Tilleur, Grivegnée et Chênée, pour les prier de me faire connaître :

1° Quel était l’état des esprits de la population ouvrière de leur commune.

2° S’il y avait lieu de croire qu’une grève pourrait prochainement y éclater.

3° Si le mouvement anarchiste ou socialiste s’y était accentué.

Il résulte de l’ensemble des communications qui m’ont été adressées à la suite de cette démarche que l’état d’esprit est calme, qu’il nest pas question de grève parmi les ouvriers et que le mouvement socialiste est stationnaire.

J’ai néanmoins prié ces messieurs de me tenir régulièrement par communications téléphoniques ou télégraphiques, au courant de tous les événements qui pourraient se produire et qui auraient pour conséquence de troubler l’ordre et la sécurité publiques.

A la même date, j’ai fait à mes collègues des divisions les mêmes recommandations, en les priant de recueillir discrètement tous les renseignements sur les projets en élaboration au sein des Ligues ouvrières en vue de rappeler l’anniversaire des événements de mars 1886.

Le commissaire en chef

Archives de la ville de Liège XL IV A 17

Lire le dossier : Les anarchistes dans la province de Liège (Belgique)