Bruxelles, le 4 septembre 1877

Comme il était convenu entre quelques membres de la section de Bruxelloise de l’Internationale, dimanche dernier, après la séance du parti socialiste brabançon, qu’une séance aurait lieu au Cygne, vers 7 heures du soir, le lundi 3 courant.

14 membres s’y rendirent dans la salle où devait avoir lieu la séance de l’association des Solidaires, seulement il était environ 9 heures.

Brismée fit cet observation en y ajoutant qu’il fallait y aller doucement afin de ne pas entraver ladite séance et surtout ne pas compromettre des français ou autres, qui pourraient être inquiétés d’avoir assisté à cette réunion, quoiqu’ils aient été pris au dépourvu. Il présida et ouvrit la séance.

Il fut procédé à l’admission de deux nouveaux candidats qui sont Caspard, marché aux Poulets, n°11 et Borgie, rue de la Clef, 20.

Brismée annonçait que le principal but de réunion était de savoir si la section enverrait à Gand, un délégué, ne fut-ce que pour un jour, savoir celui ou sera discuté la 3e question pour laquelle Steens a déjà présenté un rapport.

Cette question fut immédiatement mise aux voix et adoptée par 11 voix contre trois.

Standaert propose que le délégué qui sera envoyé soit également présent à l’ouverture du congrès afin que l’Internationale de Bruxelles y soit représentée d’une façon officielle. Une discussion eut lieu au sujet des fonds en caisse et de la somme à allouer au délégué.

Plusieurs membres, entre autres Brismée, proposent, pour deux et trois jours à l’occasion, une somme de 15 fr. vu que les moyens ne permettent pas de donner d’avantage.

Schoy propose vingt francs, disant que si la caisse ne peut suffire, une souscription pourra être faite au retour du délégué, cette dernière proposition est adoptée.

Steens et Brismée sont alors proposés comme délégués.

Brismée dit qu’il préfère que ce soit Steens, vu que c’est lui l’auteur du rapport et qu’il sera plus apte à le défendre au Congrès. La candidature de Steens est mise aux voix et acceptée.

Trappeniers rappelle qu’il y a un congrès de l’Internationale à Verviers du jeudi au samedi et qu’il est du devoir de la section d’y envoyer un délégué.

Bertrand prouve le contraire et dit qu’il a été résolu au Congrès de Jemmapes que ce congrès n’était d’aucune nécessité et que le congrès socialiste universel le remplaçait. Une courte discussion s’engage sur ce sujet.

Steens dit qu’il voyait la possibilité d’y envoyer un délégué, il n’y mettrait pas d’obstacle quoiqu’il ne saisit pas pourquoi ce congrès a été organisé alors que le délégué qui s’est rendu à Jemmapes a dit dans son rapport que le dit congrès a décidé qu’il n’y aurait pas de congrès de l’Internationale cette année.

Standaert répond à cette observation qu’il n’est nullement venu dire que Jemmapes avait décidé qu’un congrès de l’Internationale ne devait pas ne devait pas avoir lieu (Steens l’interroge, disant que les procès-verbaux sont là qui prouvent qu’il a fait son rapport dans ce sens).

Standaert répond et dis que dans ce cas il a été mal compris, que le congrès de Jemmapes a trouvé que ce serait un double emploi que de tenir deux congrès ayant le même ordre du jour et a autorisé le conseil régional belge établi à Anvers à écrire en ces termes au bureau fédéral établi à Berne (Jura).

Je ne sais, dit-il, si le conseil régional a fait son devoir en cette occasion. Je l’ignore même mais je trouve extraordinaire que les verviétois d’accord avec les jurassiens, italiens et espagnols, aient organisé un congrès qui aura lieu à Verviers le 6 courant.

Steens dit que tout cela prouve surabondamment que le conseil régional n’a nullement agi comme il devait le faire. Une lettre, dit-il, de Verviers, lui a été adressée, disant qu’un congrès devait se préparer, il n’y a pas répondu, le bureau fédéral lui a également adressé une lettre de Berne, lui annonçant la même chose et il ne s’est pas donné la peine d’en avertir les sections belges et les consulter à cet effet, donc il a abusé de ses droits et mérite des reproches.

Je suis loin de dire pour cela que les verviétois ont raison car ils font faire des dépenses inutiles aux fédérations, vu que les mêmes questions qui figurent à l’ordre du jour du congrès international sont aussi celles qui figurent au congrès de Gand.

Brismée abonde dans le même sens, seulement il déclare que les verviétois ont abusé aussi d’un droit, c’est à dire de convoquer ce congrès alors que les fédérations belges n’ont pas été consultées, qu’aucune section n’a décidé qu’un congrès devait avoir lieu dans cette ville et que ce n’était pas son affaire de l’organiser, vu qu’il existe un conseil régional en Belgique et qu’un congrès préparatoire aurait dû avoir lieu pour décider de la chose. Les verviétois n’appartenant même plus à l’Internationale, dit-il, puisqu’ils ne paient plus leurs droit d’affiliation. Il termine en proposant de ne pas nommer de délégué au congrès de Verviers, d’abord parce qu’il n’est d’aucune utilité et en second lieu parce que la caisse ne permet pas de faire ces dépenses.

Cette question est mise aux voix et adoptée. Sur ce, la séance est levée, il est 10 heures, quelques membres des Solidaires attendent l’ouverture de la séance de cette société.

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Archives de la Préfecture de police de Paris Ba 436

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