
Guise. — Une réunion a eu lieu à Guise le 11 septembre, avec le concours des compagnons Faure et Mathieu. 800 personnes étaient venues écouter nos amis qui ont développé les théories anarchistes aux applaudissements presque unanimes de l’auditoire. Vu le succès de la réunion et profitant que le public s’intéressait à nos idées, nous avons organisé une seconde réunion où les travailleurs vinrent encore plus nombreux. Le compagnon Mathieu y a dépeint un tableau de la situation qui est faite aux tisseurs qui ne gagnent pas 1 fr. 50 en général ; il passe en revue l’exploitation à laquelle nous sommes condamnés tous les jours pour ne pas crever de misère et conclut à la Révolution sociale.
Le compagnon Sébastien Faure monte à la tribune et fait le tableau de la société future. A la fin de son exposé, il demande s’il y a un contradicteur, si l’on a des questions à lui poser, personne ne lui répond. Alors le compagnon Faure s’écrie : « vous êtes donc tous anarchistes, que vous n’avez rien à redire à nos idées » ; des cris de « vive l’Anarchie » lui répondent. On voit que les travailleurs commencent à être dégoûtés des vampires qui vivent de notre travail
Vu que nous étions en période électorale, le candidat Hanotaux, ex-député, était venu se représenter à ses bons électeurs. Sachant que le compagnon Faure devait combattre son programme, menteur et roublard, les bourgeois firent ce qu’ils purent pour l’empêcher de parler. Mais ils furent déconcertés quand le compagnon Mathieu fut nommé président par plus de 3,000 voix. Le compagnon Faure put combattre le menteur Hanotaux, et expliquer encore une fois les théories anarchistes, en concluant par l’abstention.
Les bourgeois présents dans la salle étaient forcés de convenir que les idées anarchistes étaient très justes, mais qu’elles ne pourraient se réaliser que dans une période très éloignée.
Sur 16,081 électeurs, il y a eu 3,316 Ça commence à venir.
La Révolte 5 octobre 1889
Lire le dossier : Les anarchistes de l’Aisne