A Monsieur le Garde des sceaux
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le vendredi 22 avril, après une perquisition des plus minutieuse, faite au domicile de ma mère, M. le juge d’instruction du parquet de Vervins, dressait un procès-verbal comme quoi il n’avait trouvé ni armes, ni correspondance, ni engins.
Je fus arrêté quand même, sous prétexte d’être affilié à une bande de malfaiteurs ou anarchiste.
Comme je l’ai déclaré à M. le juge d’instruction, il y a quinze jours, ma mère ayant une maison et plusieurs titres de rente sur l’État et moi un certain avenir, je ne vois pas pourquoi je professerais de telles idées où utopies si mensongères.
Je ne sais à quoi attribuer une si longue et si injuste prévention, je crois bien être victime de vengeances personnelles.
Enfin je suis un de ceux qui pensent qu’avec le temps, la prudence et la sagesse, que l’on arrivera à bien des réformes.
Dans l’espoir que vous voudrez vous occuper de ma mise en liberté.
Lavabre Léon.
Vervins le 15 mai 1892
Source : Archives nationales BB18 6450
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