Bricoles de l’étranger

Par les deux fourbis que je vais vous foutre sous le nez, vous pourrez juger, les camaros, que les gouverneux de tous les patelins, c’est crapule et compagnie.

Un riche copain ayant eu des magnes avec les jugeurs de France, s’esbigna en Suisse.

Comme de juste, la putaine de républiquette le foutit dehors.

Alors le gas, prenant ses cliques et ses claques s’entra en Italie.

Là, idem sans cresson, nom de dieu ! Ca ne traina pas pour l’expulsion.

Du coup, vogue la galère : il s’en va chez les Espagnols. Là, il y moisit depuis un certain temps, et c’est tout juste si on lui fout la paix.

Qué que je dis ? On l’emmerde le plus qu’on peut ! A preuve les avaros qui lui sont tombés sur le râble l’autre semaine.

Une trifouillée de roussins ont envahi sa piôle, s’y sont installés pour toute une journée, et turellement ont tout mis sans dessus dessous.

En plus, ils ont conduit le copain à la boîte et l’y ont gardé jusqu’au soir.

A la fin, ils l’ont remis en liberté, en lui disant que c’était pas à lui qu’ils en avaient : c’est à un mariole qui a fait concurrence aux gouverneux en fabriquant de la monnaie. Ils savaient bien que le camaro n’y était pour rien, seulement faute du coupable, ils avaient pris un innocent.

Dam, j’ai pas besoin de vous dire que le bougre est rudement à cran : au cas où il n’aurait pas été tout à fait fixé, il l’est, nom de dieu !

Roussins de France, de Suisse, d’Italie et d’Espagne, c’est de la vermine pure !

Le Père Peinard 29 novembre 1891

Lire le dossier : Ravachol à Barcelone