
Ce que font les consuls de la République française à l’étranger.
Il y a en France beaucoup de gens qui s’imaginent de bonne foi que ces serviteurs de la république sont placés tout exprès à l’étranger pour protéger leurs soi-disant nationaux.
On verra par le récit de l’arrestation du compagnon P. Bernard, accompli au milieu de la nuit, par trente individus armés de revolvers, comment celui de Barcelone entend le respect.
Car c’est bien à lui et à ses mouchards qu’est due cette colossale et criminelle agression.
Nous disons criminelle agression et non faute commise comme on a voulu le laisser entendre, puisque ce compagnon avait fait lui-même, le 22 juin, viser son livret militaire dans les bureaux de ce même consul général de France.
Il ne pouvait par conséquent pas ignorer à qui il avait affaire ; le seul but de cette arrestation intempestive, but inavoué, était de faire parler notre ami ou sa compagne par le peur, voir même par la torture, car c’est bien un torture qu’il a eu à subir, les bras et les poignets lui ayant enflés tellement il a été ligoté avec rage, sans compter les deux nuits passées au milieu de la plus sale vermine, sur des briques pleines de boue, sans paillasse et sans couverture.
Ce Monsieur fait donc parti des jolis fripons connus à Paris sous le nom de Goron, à Genève sous celui de Voblet, à Lyon sous celui de Baraban et Cie.
Il lui serait maintenant difficile de le nier en tout cas.
Mais allons plus loin.
Quand enfin après être sorti de prison notre ami a appris que pendant son absence des policiers, sous l’ignoble prétexte de surveiller sa compagne, avaient pris possession de sa maison, pour y faire ripaille, jouer, fumer, cracher partout ; quand surtout il s’aperçut de la disparition d’une somme de 70 francs ne lui appartenant pas, il s’empressa d’écrire à ce consul modèle pour lui mettre le nez dans son propre caca.
Non seulement ce très honnête homme n’a pas répondu mais il n’a pas même eu la pudeur d’envoyer à la presse, qui avait unanimement publié l’arrestation, une note rectificative.
De plates excuses faites en sourdine à la prison et c’est tout.
N’est-ce pas que l’imbécile Carnot et l’assassin Constant ont un bien digne représentant.
Mais ce n’est pas nous qui songerons jamais à nous plaindre de ces canailleries viles et banales.
Nous sommes de ceux qui croient que pour une canaillerie, dix actes révolutionnaires surgissent et vingt cœurs généreux s’arrachent de l’ordure ignorante ou le mensonge les aient maintenus.
Bravo donc Messieurs les bandits, tâchez de faire plus fort encore : l’heure de la justice n’en viendra que plus vite et ce jour là, nous serons sourds à vos lâches excuses.
Avis très important
Nous prisons tous les Camarades ou groupes, qui recevront le journal de bien vouloir s’occuper de suite du nombre approximatif d’exemplaires nécessaires pour leur localité et de nous le faire savoir au plus vite.
Comme on le verra l’Avenir anarchiste sera un journal de combat absolument gratuit en ce qui concerne les groupes. Mais comme nous ne pouvons vivre sans cet argent maudit, cause de toutes les calamités sociales, nous nous en tiendrons simplement à la bonne foi et au dévouement à la cause de tous ceux qui ont à cœur la révolution vengeresse.
Pour eux la souscription sera absolument volontaire, chacun fera suivant ses forces et ceux qui ne pourront rien donner pourrons du moins lire tout de même et le répandre parmi leurs amis conscients ou inconscients.
Par ce moyen les camarades qui se pourront fendre de quelques sous compenseront ceux qui ne le peuvent pas et personne ne s’en trouvera plus mal tandis que la propagande s’en trouvera mieux.
Ayant déjà presque seuls, fait d’énormes sacrifices pour lancer ce premier numéro, nous recommandons expressément à tous de nous envoyer le montant des souscriptions qu’ils auraient pu recueillir dans le plus bref délais possible, afin de ne pas mettre de retard dans l’apparition du 2e numéro et suivants.
Le montant des souscriptions peut être envoyé soit en timbres postes, en billets de banques ou en effets du Crédit Lyonnais.
Nous faisons également appel à tous nos confrères de la presse anarchiste et socialiste qui n’auraient pas reçus El Porvenir anarquista, pour qu’ils nous en avisent par l’envoi d’un numéro de leur journal.
Et nous les prions d’avance de nous excuser de notre oubli ou de notre ignorance.
Nous envoyons à tous notre salut fraternel. Toujours plus avant, vive l’anarchie, vive la Révolution.
La rédaction.
PS. Pour des raisons majeures nous n’avons pu donner à notre journal le titre que nous avions annoncé Le Bandit.
Les camarades voudront bien considérer El Porvenir anarchiste comme lui-même. Il n’en sera pas moins bandit pour cela.
L.R.
Petite poste
Père Peinard. Paris.
P. Bernard demande si tu n’as pas reçu sa dernière lettre contenant différentes choses à publier.
J. Gemovel Roanne. Le copain dont tu me parles s’est effectivement présenté au groupe ; mais une seule fois, on lui a fait une petite souscription et on a plus entendu parler de lui.
Niquet . Bienne (Suisse) P. Schichi te salue cordialement. Écrire au journal.
Quand viens-tu en Espagne ? Poignée de main. P.B.
Source : El Porvenir anarquista 15 novembre 1891. IISG signatuur Microfiche 2795
Lire le dossier : Ravachol à Barcelone