
Préfecture de police
Direction générale des recherches
2e brigade
3e division
1er bureau
Réunion du groupe les Naturiens
Paris le 24 novembre 1895
Rapport
Une réunion des Naturiens était annoncée pour avoir lieu hier soir, salle du Progrès, 25 rue de la Gaîté.
Des affiches avaient été posées il y a deux jours sur les glaces de l’établissement, mais quand les organisateurs sont arrivés, le propriétaire de la salle a décroché l’une de ces affiches et est allé au commissariat de police du quartier, pour demander si la déclaration avait été faite.
Il est revenu à 9h1/2 et a dit que le commissaire lui avait répondu qu’il n’avait pas été fait de déclaration et que s’il laissait tenir la réunion chez lui, il serait passible d’une contravention.
Gravelle, Bigot et les autres ont déclaré que devant cette manœuvre policière, ils se retiraient et l’on est allé tenir la réunion 52 rue de Vanves.
L’assistance était de 22 personnes, dont 4 femmes.
Gravelle a fait une conférence sur ce sujet : « Naturisme et civilisation ».
Il a montré la civilisation comme une cause d’esclavage pour les déshérités et il a conclu en préconisant le partage du sol pour que chacun vive des produits de la part qui lui reviendrait.
Comme on lui demandait par quel moyen il pensait qu’on pourrait arriver à cela, il a répondu « par la révolution », mais alors a-t-il dit, il ne faudrait pas que les ouvriers rentrent à l’atelier tout de suite après, comme ils l’ont toujours fait.
Auguste Garnier a au contraire préconisé l’emploi du machinisme, mais collectivement, de façon à ne plus travailler que 3 ou 4 heures par jour, ce qui lui a attiré cette réplique d’un assistant : « Le troisième État t’a envoyé au Dépôt, la quatrième, t’expédiera sur les pontons. »
Mathilde Tremulot a fait savoir qu’elle avait écrit un opuscule qu’elle porterait à l’Intransigeant en demandant si l’on veut le publier.
La séance a été levée à 11 heures et demie.
Le commissaire de police.
Archives de la Préfecture de police Ba 1508
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