Ravachol descendait quotidiennement à neuf heures du soir le long du Paseo de Gracias jusqu’à la Plaza Réal

Les journaux parisiens disent qu’avant de se réfugier en Espagne, Ravachol a commis plusieurs crimes à Saint-Etienne, et que les agents de la police barcelonaise avaient des nouvelles exactes du séjour de l’anarchiste français à Barcelone. Ils ajoutent que la police susmentionnée a su peu après qu’il séjournait à Barcelone chez un ami anarchiste comme lui et avec une fausse bourse.

Un Français nommé M. Ch., résidant à Barcelone, a été chargé de garder un œil sur Ravachol, ne tardant pas à découvrir que le sujet en question descendait quotidiennement à neuf heures du soir le long du Paseo de Gracias jusqu’à la Plaza Réal, généralement assis devant l’une de ces banques.

Il portait alors un pardessus noir boutonné de haut en bas et un chapeau de la même couleur. Une nuit, sous prétexte de demander du feu, M. Ch. engagea une conversation avec l’anarchiste, s’exprimant en français. Surpris Ravachol et craignant un piège, il répondit en espagnol, mais incapable de cacher son accent étranger, il finit par parler français.

Se rencontrant à nouveau la nuit suivante, Ravachol a déclaré qu’il s’était retrouvé dans la position d’un sintorero (?), ce qui était sa première occupation.

M. Ch. offrit de le recommander, le reprogrammant pour le lendemain, à onze heures du matin, mais Ravachol ne se présenta pas, perdant sa trace, que M. Ch. ne put retrouver.

Réclamé par la voie diplomatique, Ravachol et après avoir donné les ordres appropriés à la police, le chef de la surveillance, M. Freixas, se présentait le 23 octobre dernier tard dans la nuit sur la rue Corcega, à Gracia, au troisième étage de la maison numéro 280, où selon les informations, on croyait que Ravachol vivait. Ils n’ont trouvé que Paul Bernard dans cette chambre, car il était parti il ​​y a deux ou trois jours, craignant d’être pris à Barcelone.

Ravachol avait pris la direction de Paris, se réfugier chez son ami Chaumartin, où il avait été rejoint par sa maîtresse, il y a trois semaines.

El Isleno 8 avril 1892

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