Rapport Z6 : 25 février 1893 : Malatesta affirme que Marocco habite à Londres au bout de Hyde Park. On espère savoir prochainement l’adresse exacte. Malatesta et lui sont brouillés depuis 4 mois.
Marocco boite et se sert d’une canne. Il a environ 50 ans.
Il va chaque semaine chez Bordes, mais jamais dans les groupes.
Bordes a un petit groupe de « gueulards » qui cherchent à monter les compagnons contre Malato, Malatesta et quelques autres.
Rapport Z6 : 1er mars 1893 : Il se préparait un coup entre Schouppe et Cova pour la Belgique (frontière du Luxembourg). Mais il y a eu dispute entre eux et la chose a avorté. Mais si les relations se renouent, on en sera averti et on tiendra au courant de ce qui arrivera.
Voici un détail qu’on croit ne pas vous avoir encore dit. On a diné le 3 novembre avec Schouppe et sa femme chez Capt.
Cette femme devait venir s’établir à Londres, si Schouppe n’avait pas été inquiété.
Le quartier où se trouve Marocco est Kilburn, en suivant Edward Street . On ira dimanche prochain dans ce quartier.
Rapport Z6 : 1er mars 1893 : Au Club, on a parlé de Schouppe qui ne possède pas beaucoup de sympathies par les compagnons. On ne le prend pas au sérieux en tant qu’anarchiste. C’est un jouisseur, dit-on, qui ne pense qu’à lui.
Il n’y a guère du reste qu’avec Mathieu qu’il a des relations d’amitié.
La femme de Nikitine et Marocco (146. 429) se sont brouillés parce qu’il paraîtrait que celui-ci aurait voulu tuer Deffendi chez elle.
Marocco a été chargé de négocier 100.000 francs de titres volés à un grand sculpteur de Paris. Le produit de ce vol devait servir, disait Schouppe, à faire évader Pini, mais personne ici n’a cru cela.
Ce vol chez le sculpteur aurait été mûri au bagne même d’où Schouppe aurait rapporté les renseignements de nature a en assurer l’exécution.
Les valeurs en question n’ont d’ailleurs rapporté que 5.000 francs au plus.
Le reste est resté entre les mains de banquiers véreux dont on vous a déjà parlé et qui étaient chargés de les écouler après avoir fait laver les numéros au moyen de procédés chimiques.
Capt (233.822) est certainement au courant de tous ces agissements et acheter son amitié et par là même sa confiance au prix du meuble dont je vous ai parlé et qu’il envie, serait peut-être une bonne affaire.
Rapport Z6 : 15 mars 1893 : On dit que Jourdan n’est venu à Londres que dans le but de donner sur Schouppe, des renseignements à la police française.
On doit parler de cela dans une prochaine réunion.
Morocco (146.420) déménagerait très souvent pour éviter les indiscrétions, c’est ce qui fait qu’il est difficile de mettre la main sur lui.
Rapport X 10 : 20 mars 1893 : Spannagel, celui qui a été arrêté chez Ouin, complote des coups avec Blanc.
Rapport 26 mars 1893 : Depuis plusieurs années, il existe à Londres, une véritable association de malfaiteurs, qui sous prétexte de professer les théories anarchistes, commentent toute sorte de méfaits,
Autrefois, elle avait pour chefs les Pini, Duval, frères Schouppe. Puis elle a recruté Gallaud dit Zo d’Axa, Ravachol, Mathieu Gustave, etc… actuellement les plus fameux de la bande sont les italiens Malato, Malatesta, Merlino, Pommati, Magrini frères ; des français tels que Mollet, Capp ou Kapp ; ces individus sont eux-mêmes en relations à Paris avec Weil, Lapie, Cluzel, Millet, Vinchon et d’autres encore. Cette organisation est d’autant plus forte et plus dangereuse qu’elle est composée de gens décidés et énergiques.
Les vols les plus audacieux commis récemment à Paris sont leurs œuvres. Ainsi ce sont les deux frères Schouppe, qui le visage masqué, ont commis le vol chez M. Colasson, aux Champs-Elysées.
Les receleurs sont Malatesta, Merlino et Malato, qui, pour écouler les titres, l’argenterie, les bijoux, etc.. ; voyagent avec Nikitine et sa femme.
Ils parlent tous plusieurs langues étrangères, ce qui leur permet de se débarrasser assez facilement du produit de ces vols.
Cette bande de coquins avérés sait distinguer parmi les anarchistes, les théoriciens et les hommes d’action. Cette dernière catégorie forme une Ligue spéciale. Elle doit à tous ses membres, surtout ceux de la tête est en jeu, aide, assistance et protection. Mais l’individu qui accepte cette protection devient un otage. Il ne peut plus disposer de sa personne. Il doit se soumettre à des conditions particulières, qui lui assurent l’impunité.
Le sort de ces hommes d’action est assuré, grâce au produit des vols.
Merlino, Malato et Malatesta sont les caissiers de la bande et les promoteurs, en quelque sorte de l’action. Ce sont eux qui possèdent l’argent, les faux papiers, enfin tout ce qui est nécessaire pour mener à bien les coups à exécuter.
Rochefort, lui-même, reçoit fréquemment chez lui tous ces individus. Il a dans sa chambre à coucher des tableaux et des objets d’art provenant de vols, accomplis par les pires anarchistes. C’est Louise Michel qui l’a mis en relations avec tous ces individus. Il se charge d’écouler lui-même certains objets dont la possession paraîtrait suspecte de la part de certaines gens. Il participe aux bénéfices et peut aider des amis politiques, tels que Louise Michel et autres réfugiés.
L’association des Hommes d’action est riche actuellement.
Une centaine de mille francs a été partagée entre les principaux chefs de cette bande. Tous vivent largement, voyagent beaucoup et dépensent sans compter.
Tous les fonds recueillis ne sont pas dépensés en voyages et en plaisirs, une large part est destinée aux hommes d’action retenus ; comme otages, dans des retraites ou à ceux qu’il est nécessaire d’éloigner pour une cause ou une autre d’un certain milieu ; ou enfin aux individus qui pour faire un coup ont besoin de fonds.
D’autre part, la propagande par manifestes, journaux, affiches, etc… grève aussi la caisse dans une large mesure.
Ainsi la Révolte touche des subsides assez sérieux de Londres. Ce n’est que par les subventions que cette feuille peut vivre.
Récemment Pouget du Père Peinard a reçu lui-même, lors de son voyage en Angleterre avec Antoine, dit N’importe qui, des fonds pour faire paraître son journal chaque jour au moment des élections.
Il faut reconnaître que cette association, composée d’hommes tels que ceux nommés ci-dessus doit être forte et doit disposer de fonds suffisants pour se livrer à toute sorte de méfaits.
On va pouvoir se rendre compte par les renseignements qui vont suivre du mal que peuvent faire ces individus, avec une pareille organisation.
Ce sont les deux frères Schouppe qui le visage masqué, ont commis le vol chez M. Colasson aux Champs-Elysées. Les recéleurs sont Malatesta, Merlino et Malato qui pour écouler les titres, l’argenterie, les bijoux, etc… voyagent avec Nikitine et sa femme.
Merlino, Malato et Malatesta sont les caissiers de la bande et les promoteurs de l’action. Ce sont eux qui possèdent l’argent, les faux papiers.
Rapport Z6 : 4 avril 1893 : Malato qui venait de recevoir une lettre de Mathieu lui disant qu’il était en sûreté en France, a été bien étonné d’apprendre l’arrestation de celui-ci. Il n’en voulait rien croire, mais la nouvelle s’étant confirmée, Malato est convaincu que Schouppe et Mathieu ont été vendus à la police. Il soupçonne un nommé Leroy de cela.
Dans la lettre dont il vient d’être parlé, Mathieu expliquant entre autre chose à Malato qu’il avait quitté Londres pour exécuter un coup qui devrait être fructueux, mais qui avait dû être remis à cause de l’arrestation de Schouppe. Mathieu ne voulant pas être à la charge des camarades de Londres, il ne devait y rentrer que quand il se serait approprié de quoi y vivre.
Parmi les vols commis par lui et Schouppe, il en est un de 8.000 francs en monnaie d’argent et billon ce qui était très lourd et embarrassant.
Cova (25543) est à Londres où il se cache. Chiericotti y est aussi.
Pour l’affaire de Luxembourg, celui-ci a dit à Delorme que le coup serait fait, mais pas par eux.
Delorme (315.135) estime que c’est là un faux fuyant par lequel Chiericotti veut l’évincer pour n’avoir pas à partager avec lui.
Schouppe, avant son arrestation avait écrit une lettre à Malatesta dans laquelle il lui disait que Jourdan n’avait rien à faire avec lui et que de plus il le croyait de la police.
Ricken Frantz est absent de Londres. Il a été voir Schouppe quelques jours avant l’arrestation de celui-ci.
Schouppe et Mathieu ont quitté Londres vers le 8 janvier.
Voici un renseignement que très peu de personnes connaissent.
Un nommé Mollet Gustave (361.235), habitant Norwich et Malato, sont en train de créer une série de lettres pour prouver que Gustave Mathieu a toujours habité Norwich.
Ces lettres doivent être remises à Rochefort qui défendra Mathieu dans son journal.
Parmi les vols de Schouppe , il en est un de 8,000 francs en monnaie d’argent et de billon ce qui était très lourd et embarrassant.
Cova est à Londres où il se cache, Chiericotti y est aussi.
Schouppe, avant son arrestation avait écrit une lettre à Malatesta dans laquelle il lui disait que Jourdan n’avait rien à faire avec lui et que de plus, il le croyait de la police.
Ricken Frantz est absent de Londres. Il a été voir Schouppe quelques jours avant l’arrestation de celui-ci.
Schouppe et Mathieu ont quitté Londres vers le 8 janvier.
(A suivre)
SOURCE : Archives de la Préfecture de police Ba 1508
Lire : Les anarchistes illégalistes à Londres. 11 novembre 1892- 22 février 1893