Rapport Z2 : 11 novembre 1892 : Schouppe et Mathieu prennent tous les jours leur repas chez un restaurant français dans Baravick street, 47, tout près de Charlotte street.
Rapport Z2 : 13 novembre 1892 : Schouppe n’est plus revenu à son restaurant et Mathieu, qui était toujours avec lui, se promène seul. Il est probable que Schouppe va quitter Londres, si ce n’est déjà fait. Il ne serait pas étonnant qu’il aille en France et peut-être même à Paris où il a beaucoup d’amis.
Rapport Z2 :16 novembre 1892 : Placide Schouppe qui il y a quelque temps venait passer ses soirées au Club de Graffton street, n’y vient plus du tout. On ne le voit plus, non plus dans le quartier français.
On dit qu’il va quitter Londres pour une quinzaine de jours et qu’il reviendra dans les 1ers jours de décembre.
Si cela est possible on vous signalera son départ, car il semble à peu près certain qu’il ne part que pour faire un mauvais coup.
Rapport Z2 :21 novembre 1892 : Schouppe manquant d’argent pour son voyage, doit entreprendre avec Mathieu, la peinture d’un bâtiment, c’est un travail qui durera un mois au moins.
Rapport Z2 : 20 décembre 1892 : Schouppe habite maintenant dans une petite ville aux environs de Londres où il n’ose plus venir maintenant à cause de la présence des agents français qui ont été signalés.
Rapport Z2 :19 janvier 1893 : On a rien de nouveau concernant la demande d’argent qu’on a faite dans le but d’être agréable à Schouppe. Les compagnons à qui on s’est adressé ne semblent pas empressés à lui venir en aide pécuniairement.
Rapport Z2 :12 janvier 1893 : On vous a dit que Schouppe, dans une de nos entrevues, avait exprimé le désir d’obtenir de moi, un prêt de 150 francs. Suivant vos conseils, on ne fera rien car il se demanderait d’où vient l’argent. On est pas sans
Rapport Z2 :15 janvier 1893 : On n’a jamais eu l’intention arrêtée de prêter à Schouppe les 150 francs qu’il a demandés. On s’est borné à parler de la chose à Bordes (237.520) à qui on a demandé s’il pouvait lui-même les prêter. On a demandé la même chose à Ricken, en lui recommandant le secret. Celui-ci pense les obtenir de la caisse de propagande, qui est entre les mains de Malato (124.344), Malatesta (89.372), Weil (304.501), Voyer (83.921), Raab (124.555), Ricken (124.555), Nikitine (295.451) et sa femme. De cette manière si l’on a cette somme, Schouppe n’en saura pas moins gré à celui qui s’est occupé de la trouver sans que celui-ci puisse être soupçonné.
On aura probablement une entrevue avec Schouppe lundi ou mardi. Veuillez envoyer des instructions à ce sujet le plus tôt possible pour indiquer ce qu’on doit faire.
Rapport Z6 :19 février 1893 : Maroucq n’a pas de domicile connu à Londres ; il serait en ce moment à Paris. Cet individu, disait Schouppe (327.093) dernièrement est celui dans lequel il a le plus confiance pour liquider le produit de ses vols et notamment les valeurs soustraites. C’est par Cova qu’il lui envoie le tout à Paris, et ce dernier a fait récemment et en peu de temps, trois voyages auprès de lui.
Maroucq et Malatesta seraient en froid, le premier ayant fait publier des manifestes contre lui, Malato, etc.. que l’on qualifie de pontife du parti anarchiste de Londres.
Il fréquente quelque fois Bordes et c’est chez ce dernier qu’il a dit avoir remis 3.000 francs d’argent, produit de titres volés à Malatesta.
Schouppe et Mathieu, ces temps derniers ne se quittaient plus ; ils ont fait ensemble, et s’en vantent, en Belgique, un vol qui leur aurait rapporté 80.000 francs. C’était en monnaie et très lourde à emporter. C’est Malatesta qui avait fourni les fonds du voyage.
Aussitôt revenus, ils remboursèrent, mais ne versèrent que 300 francs pour la propagande, ce qui les fit attraper.
On aurait tenté d’arrêter Schouppe à Londres, mais cela n’est qu’un racontar. Il s’est caché et depuis on ne l’a plus revu. On croit et des biens informés l’assurent, qu’il serait en France, peut-être bien à Paris, en compagnie de Gustave Mathieu, d’autres disent à Liverpool, Capt notamment qui est intime avec eux.
Cova est invisible depuis huit jours, on le croit aussi à Paris.
Dans la bande à Maroucq, on rencontre aussi un nommé Chirocci (voir Schiroky et Léon Ortiz), dont la mère est cusinière dans le quartier des Champs-Elysées. C’est elle qui indiquerait les bonnes affaires et, un instant on a cru que l’affaire de l’avenue Marceau était l’oeuvre de cette bande.
Maroucq a de 45 à 50 ans, grisonnant et petit ; il est plus souvent à Paris qu’à Londres et va souvent chez Constant Martin. Comme on ne l’a vu qu’une fois, on ne peut donner un signalement précis, mais on l’adressera ultérieurement.
Rapport Z6 : 22 février 1893 : Capt (233.822) a son atelier, Alfred Place 3, Tottenham Court Road, on peut y rencontrer Schouppe et G. Mathieu, lorsqu’ils sont à Londres.
Depuis quinze jours, ils sont absents. A ce sujet on a fait certaines réflexions qu’on vous communique et qui pourraient avoir leur intérêt, vous en jugerez.
On a entendu souvent ces deux individus dire au cours de conversations, qu’un bon moyen pour exécuter de grosses affaires dans des conditions avantageuses, serait de se présenter dans les lieux choisis, porteur des insignes de commissaire de police.
Si l’on rapproche ce dessein, de l’absence de Schouppe et Mathieu, on est amené à penser qu’ils ne sont peut-être pas pour rien dans le vol de l’avenue Marceau ??
Cova (25.543) est aussi absent de Londres. Il porte sa barbe à l’anglaise.
On le croit avec Schouppe et Mathieu du côté Bruxelles ou du Luxembourg ou, à ce qu’on leur a entendu dire, il y a de bons coups à faire.
Marocq (146.429) doit habiter Paris. Il fait seulement à Londres, d’assez fréquents voyages.
C’est le receleur de la bande Schouppe.
(A suivre)
SOURCE : Archives de la Préfecture de police Ba 1508