
Le congrès de Verviers
C’est de Verviers que je vous écris ; le deuxième congrès trimestriel du parti socialiste révolutionnaire, en Belgique, vient d’avoir lieu, et il a réussi au point de contenter les plus difficiles.
Le Congrès s’est ouvert samedi à 11 heures rue de la Montagne à Verviers. La vérification des mandats a prouvé que les groupes dont les noms suivent, s’étaient faits représenter :
Comité central des cercles réunis, Bruxelles
Conseil fédéral de l’association internationale, Bruxelles
Section bruxelloise de l’Internationale, Bruxelles
Cercles des anarchistes bruxellois, Bruxelles
Section socialiste révolutionnaire de la rue de l’Astre, Bruxelles
Groupe de la jeunesse socialiste des Sablons, Bruxelles
Vryheidsbond, Ligue de la liberté, Bruxelles
Club anarchiste révolutionnaire, Bruxelles
Section socialiste révolutionnaire de la rue du Miroir, Bruxelles
Section socialiste révolutionnaire de la place des Renards, Bruxelles
Cercle scolaire socialiste, Bruxelles
Bureau fédéral de l’Union révolutionnaire, Bruxelles
Groupe socialiste de la rue de l’Hôpital, Bruxelles
Cercle révolutionnaire, Ixelles
Section socialiste Saint-Josse-Ten-Noode
Groupe droits et liberté, Schaerbeck
Union des mineurs du bassin de Charleroi
Fédération socialiste de Gilly
Section socialiste de Cuesmes (Borinage)
Groupe de socialistes révolutionnaires de Warquignies (Borinage)
Union socialiste de Chatelineau-Taillis-Pré
Parti socialiste de Jemmapes et Flénu, Borinage
Cercle En avant de Verviers
Cercle d’études et de propagande socialiste, Liège
Cercle l’Etincelle, Verviers
Un groupe de socialistes allemands
Parti socialiste de Tubize
Un grand nombre d’adhésions de l’étranger étaient parvenues au Congrès ; je signalerai spécialement une adresse d’un groupe socialiste allemand, manifestant son ardente sympathie pour la Freiheit, et son attachement à la cause révolutionnaire, et une lettre de Boston (Amérique) constatant que les journaux : le Socialiste et la Révolution sociale de Mexico ; l’Internationale, de Montévidéo ; l’Ouvrier de Chicago ; l’Anarchiste de Boston, ont adhéré au projet de réunir en 1881, à Londres, un congrès socialiste révolutionnaire international.
Après la composition définitive du bureau formé des citoyens Gerombou, président ; Clenneberg et Debreyger, assesseurs ; Delfosse et Laurent, assesseurs, le Congrès a fixé le prochain congrès du parti socialiste révolutionnaire belge, au dimanche qui suivre le 8 mars ; le lieu du congrès a été fixé à Cuesmes (Borinage).
La première séance du Congrès a été levée à une heure et demie.
A l’ouverture de la deuxième séance du Congrès, le président a donné lecture d’une dépêche ainsi conçue :
Au président du Congrès de Verviers !
Félicitations au Congrès révolutionnaire, vive la Révolution sociale !
Pour la section de Cuesmes,
Le président : Fourneau
D’immenses applaudissements ont accueillis la lecture de cette dépêche.
La parole a été accordée ensuite aux rapporteurs des divers pays ; l’espace me manque malheureusement, pour reproduire même une partie de ces rapports, dont la plupart étaient bien étudiés, et dont quelques-uns étaient remarquablement faits.
J’aurais à citer, notamment, les rapports du Cercle d’Ixelles, du Cercle anarchiste bruxellois, du Comité central des cercles réunis, du Cercle d’études et de propagande de Liège, du Club anarchiste bruxellois, de l’Internationale, etc…
Je dois me borner à vous transmettre les conclusions votées par le Congrès :
1° Le Conseil fédéral aura son siège à Bruxelles ; il se composera de délégués, toujours révocables, élus à raison de un par chaque groupe de Bruxelles, adhérent au congrès de Verviers ;
2° Le Congrès reconnaît l’indispensable nécessité de réorganiser au plus vite l’association internationale des travailleurs, en laissant à chaque groupe révolutionnaire qui adhérera à cette association, liberté pleine et entière de se constituer et de s’organiser de la manière qu’il jugera le plus profitable au succès de la Révolution ;
3° Le Congrès admet, en principe, la création d’un journal socialiste révolutionnaire gratuit ; cette question sera étudiée de nouveau au prochain congrès ; en attendant, le Congrès engage tous les groupes adhérents à soutenir par des versements volontaires, le journal la Persévérance, de Verviers.
Le Congrès décide de créer une caisse de propagande ; chaque groupe adhérent au Congrès devra verser 25 cent. Par mois.
Le Congrès se déclare également partisan, en principe, d’agir surtout dans les villes, par la journal et dans les campagnes par les brochures gratuites.
4° Le Congrès révolutionnaire émet le vœu qu’un questionnaire, qui servira à établir une enquête révolutionnaire, soit fait par les groupes adhérents à l’Union révolutionnaire, et que ce questionnaire soit déposé sur le bureau du prochain congrès. Le Congrès pense qu’il est utile pour les socialistes de profiter de toutes les occasions pour faire au gouvernement une opposition violente.
Le Congrès juge que tout socialiste attaqué par les agents de l’autorité a le droit et le devoir de repousser la force par la force.
Le Congrès a décidé ensuite d’après l’avis des diverses sections belges, et de plusieurs groupes étrangers, que le CONGRES SOCIALISTE REVOLUTIONNAIRE INTERNATIONAL, aura lieu à Londres, dans la dernière semaine du mois de mai 1881.
La 2e séance du Congrès de Verviers a été levée à 7h1/2 du soir. De 8h1/2 à 10h, un meeting public a eu lieu avec l’ordre du jour : De la Révolution en Russie. Les citoyens Chauvière des Cercles réunis, Delsaute des Anarchistes bruxellois, Debuyger de l’Internationale ont pris successivement la parole.
De 10 à 11h a eu lieu un concert socialiste où ont assisté un très grand nombre de citoyens et de citoyennes de Verviers. De 11h à 12h1/2, le congrès a tenu une dernière séance et réglé les derniers détails de l’organisation du parti révolutionnaire en Belgique.
Le lendemain après avoir assisté à un enterrement civil qui a réuni plus de 800 personnes, les délégués étrangers ont quitté Verviers, enchantés du bon accueil qu’ils y ont reçu ; on s’est quitté en se donnant rendez-vous à Cuesmes pour le mois de mars et en poussant une fois encore sous les voûtes sonores de la gare verviétoise, le cri de : Vive la Révolution Sociale.
Vonck (Arsène Crié)
Le même jour notre ami Reivax (Xavier Stuyck) se rendit à Cuesmes (Borinage) ; son voyage est si intéressant pour que je lui laisse le soin de le raconter dans le prochain numéro de la Révolution sociale.
La Révolution sociale n°1 2 janvier 1881
Lire le dossier : Les anarchistes en Belgique avant les émeutes de 1886