
Préfecture de police
Direction générale des recherches
2e brigade
3e division
Réunion du groupe les Naturiens
Paris le 13 novembre 1895
Rapport
Hier soir a eu lieu salle Bouju, 69 rue Blanche, une réunion du groupe Les Naturiens.
L’assistance se composait d’une dizaine de personnes.
La séance est ouverte à 9 heures 35.
Gravelle (218.418) développe encore une fois des idées pour deux assistants nouveaux venus au groupe qui se disent les admirateurs de Sébastien Faure, et qui à l’exposé de ses théories, lui demandent pourquoi il veut tout détruire, puisqu’en travaillant deux heures par jour seulement, on pourrait jouir des bienfaits de la liberté et garder les avantages de la civilisation actuelle.
Ils voudraient, contrairement à ce que dit Gravelle, qu’on augmente encore le nombre des machines et et ils rappellent que Sébastien Faure a calculé qu’avec peu de travail, les hommes pourraient être parfaitement heureux. Ils préfèrent ces théories à celles de Gravelle, qui disent-ils, comportent un idéal impossible à réaliser.
Marné (202.212) rappelle que Louise Michel doit arriver aujourd’hui à la gare St-Lazare de retour de Londres. Il invite les assistants à aller l’y attendre à l’heure donnée par le journal l’Intransigeant.
Bariol lit une poésie d’Elisée Reclus sur le bonheur naturel extraite du journal Le Petit Cambraisien.
Beaulieu distribue aux assistants les derniers numéros des journaux La Nouvelle Humanité, le Bulletin des Harmoniens et l’Ami des ouvriers, dont ci-joint des exemplaires.
La séance est levée à 10 heures 55.
Le commissaire de police.
Archives de la Préfecture de police Ba 1508
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