La série des conférences organisées, dans la région de l’Est, par le groupe Marie Ferré, ont eu lieu successivement à Lyon, à Thizy et à Roanne, avec un immense succès qui a confirmé toutes nos espérances.
Les orateurs étaient la citoyenne Louise Michel et les citoyens Rouanet et Digeon.
A Lyon, à l’Alcazar, les auditeurs étaient près de 4,000; à la salle de la Perle ils étaient 1,200 environ.
A Thizy et à Roanne, comme a Lyon, les salles étaient combles.
Partout, les paroles chaleureuses des orateurs ont été saluées par des applaudissements enthousiastes, tandis que des acclamations non moins éloquentes saluaient le drapeau rouge et la magnifique couronne d’immortelle offerte à Louise Michel pour la tombe de Marie Ferré.
Comme il fallait s’y attendre, les conférences révolutionnaires ont été l’objet des attaques misérables de la presse bourgeoise, monarchique où républicaine. Mais les plumitifs qui les avaient émises au lendemain de la réunion de l’Alcazar, n’ont plus eu envie de les recommencer après l’énergique réponse que leur a faite les conférenciers à la salle de la Perle.
L’immense succès de ces conférences, atteste d’une manière irréfutable les progrès de l’idée révolutionnaire et prouve, qu’à cette heure, la Révolution est déjà même dans beaucoup d’esprits.
Le Droit social 9 juillet 1882
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Rapport à M. le Sous-Préfet
Ville de Roanne (Loire)
Commissaire de police
Réunion anarchiste du dimanche 2 juillet 1882
Orateurs :
Digeon de Paris
n°892
Monsieur le Sous-Préfet,
J’ai l’honneur de vous adresser mon rapport sur la réunion que les anarchistes révolutionnaires ont donné ce jour à (illisible) heures ½ à la salle de Venise, avec le concours de la citoyenne Louise Michel et des citoyens Emile Digeon de Paris et Gustave Rouanet de Narbonne.
Formation du bureau :
Deparis, président
Fouillay, secrétaire
Remus citoyenne, assesseur
Citoyenne Labouret, assesseur
Le président Deparis déclare la séance ouverte et il invite les citoyens et citoyennes, à prendre pour modèle la citoyenne Louise Michel, dont les vertus civiques et socialistes, ne se sont pas un seul instant démenties depuis 1870.
On présente au même instant un bouquet rouge à la citoyenne Louise Michel, qui l’accepte, au nom du parti révolutionnaire socialiste, n’ayant jamais fait que son devoir.
(ne sont recopiés que les passages en rapport avec la grève de Roanne et Pierre Fournier)
Rouanet Gustave :
« Je viens saluer les affamés de Roanne. Affamés qui durant plus de 40 jours ont lutté contre les amis des Gruffy et des Bréchard.
Vous êtes tous passés sous les fourches caudines de la capitulation, mais votre conduite n’en a pas moins été exemplaire et mémorable et vous devez en tirer cette conséquence qu’il est indispensable que le Prolétariat tue la bourgeoisie ou que la bourgeoisie tue le prolétariat. Nous sommes la justice enfin et nous devons comprendre que ce n’est plus à coups de lois, mais bien à coups de fusils, que nous devons faire la Révolution sociale.
Tous les moyens sont bons pour conquérir nos droits et nos libertés, depuis la poudre, jusqu’à la dynamite et le grand Lafontaine (?) a su nous le dire autrefois : « Votre ennemi, c’est le Maître », ce qui veut dire : nos ennemis sont les patrons (Bravos!)
C’est donc à coups de fusils que nous devons faire la Révolution !
…….
Digeon de Paris :
« Ignorez-vous quels sont ceux qui ont poussé Fournier à commettre son crime ?
Ce sont les Patrons !
Fournier n’avait-il pas raison ?
Je n’ai qu’un reproche à lui adresser, c’est de l’avoir manqué ! » (Bréchard)
Le citoyen Rouanet Gustave qui se trouve près de l’orateur, se lève et il répète : « Oui, je ne lui reproche que de l’avoir manqué. »
Plusieurs voix dans la salle : « C’est un appel à l’assassinat, c’est un discours incendiaire ! »
Plusieurs voix : « A la tribune, à la tribune ! »
L’orateur proteste contre le tumulte qui se fait à la suite de ces paroles et s’assied.
La citoyenne Louise Michel s’écrie : « L’acte de Fournier était un acte légitime et je défie que l’on vienne me contredire ! »…
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Roanne le 2 juillet 1882
Le commissaire de police.
Cabinet du Préfet de la Loire
Note de service
3 juillet 1882
Préfet de la Loire à Intérieur, Paris
Réunion publique que vous ai annoncée, tenue hier à Roanne par Louise Michel, Digeon et Rouanet a duré deux heures et demie.
Sept cents personnes environ y assistaient. Les trois orateurs ont refait leurs discours habituels. Aucun incident à signaler. Ordre parfait.
Louise Michel et ses compagnons sont arrivés aujourd’hui à Saint-Etienne. J’apprends qu’ils doivent tenir une réunion publique* dans cette ville demain soir, mais n’ai pas encore reçu déclaration.
Source : Archives départementales de la Loire 1 M 527
* une autre note indique que cette réunion n’a pas eu lieu.
Lire le dossier : Pierre Fournier de Roanne, premier propagandiste par le fait. 24 mars 1882