Grève de Roanne.

Malgré plusieurs entrevues des délégués ouvriers avec les patrons, le sous-préfet et le procureur de la République, la grève continue. Aucune entente n’ayant pu se faire, nous engageons tous les prolétaires à faire acte de solidarité envers les exploités de Roanne. A cet effet, nous ouvrons une souscription dans les colonnes du Droit Social.

Des listes de souscription sont à la disposition de tous les citoyens, au siège social, rue du Port-du-Temple. 7, tous les jours de 8 à 10 heures du soir.

Nous publierons notre première liste dans la semaine prochaine.

Droit social 19 février 1882

Saint-Etienne, 20 février 1882. Compagnons,

La soif de justice, l’ardent désir de vivre en liberté, en même temps qu’une haine réelle contre les endormeurs du suffrage universel, s’accentuent journellement au sein des masses ouvrières de notre région.

Le cléricalisme n’est plus le seul ennemi, il y a encore le patron.

Hier encore, nous avons pu nous en convaincre; ces symptomes précurseurs des grandes époques, avant-coureurs de la révolution régénératrice, nous les avons trouvés innés dans les socialistes de la Talaudière, l’anarchie n’y avant point encore été développée.

Aussi pendant la conférence, nos amis Faure, R., Ricard et Brunel ont-ils rencontré à chaque parole l’assentiment des auditeurs, tant ce que nous préconisons est simple, naturel et humanitaire.

Nous ne doutons pas qu’aux prochaines élections, dans cette localité, les mendiants du suffrage universel rencontrent les rires et l’incrédulité de beaucoup en réponse à leur boniment et a leurs promesses mensongères.

A l’issue de la réunion, bien des compagnons étaient disposés à se constituer en groupes d’études.

Une collecte faite au profit des grévistes de Roanne a produit 2 francs.

Cercle des Outlaws

Le Droit social 26 février 1882

Comité central de la grève de Roanne.

Roanne, 28 février 1882.

Citoyens et frères,

Au nom des travailleurs roannais jetés sur le pavé par onze bandits du capital, sans pain et sans ressources, nous faisons appel à la solidarité de nos frères les travailleurs, sur laquelle nous comptons, car notre lutte n’est que le commencement de la grande bataille où nos seigneurs du capital doivent disparaître de la surface de la terre comme des êtres inutiles et nuisibles.

Pour les travailleurs roannais, merci de votre de 50 francs, à vous et à tous les amis qui pensent à leurs frères de lutte, et le. jour où nous pourrons prendre les armes, nous nous souviendrons des misères, des hontes et des tortures que nous font endurer ou que voudraient nous faire endurer nos exploiteurs et là, malheur à la vieille société, nous ferons tout disparaître sous les coups de la justice et de l’égalité.

Nos frères d’Amplepuis nous ont prié de vous faire insérer un envoi de 244 fr.75, qu’ils nous ont fait parvenir la semaine dernière. Et que par oubli involontaire nous ne vous avons pas communiqué plus tôt.

A vous et à la Révolution.

Pour le comité de la grève :

L’un des Secrétaires,

Charles Fouillard

P.-S. — Adresser les lettres et souscriptions au citoyen Michaud, rue la Berge, 18

Le Droit social 5 mars 1882

Roanne, le 7 mars 1882

Citoyens,

La grève continue malgré les manœuvres de toutes sortes de la part des patrons. Les affamés sont toujours fiers et énergiques ; ce matin encore à la salle de Venise, au nombre de plus de 3.000, nous avons voté à l’unanimité le maintien de nos revendications et la lutte à outrance.

Le groupe anarchiste des 5e et 13e arrondisements de Paris nous a envoyé la somme de 73 fr. 75, qu’il nous prie de faire publier par le Droit social. Cette somme se décompose ainsi :

De la maison Combe et Oriol et maison Croizier 69 fr. 25

Les drageurs de la maison Floquet 4 fr. 50

Merci à nos amis de Paris et à nos frères de France en général.

Salut et révolution,

Pour le comité de la grève, l’un des secrétaires

J. Mure

Le Droit social 12 mars 1882

Lire le dossier : Pierre Fournier de Roanne, premier propagandiste par le fait. 24 mars 1882