Tribunal de 1ère instance du département de la Seine.

L’an 1917, le 13 novembre devant nous G. Demangeat, juge d’instruction au tribunal de première instance du département de la Seine, en notre cabinet, au palais de justice, à Paris, assisté de Raphanel, commis-greffier assermenté,

Est comparu le témoin ci-après nommé, auquel nous avons donné connaissance des faits sur lesquels il est appelé à déposer.

Appelé hors la présence de l’inculpé, après avoir représenté la citation à lui donnée, prêté serment de dire la vérité, rien que la vérité et enquis par nous de ses nom, prénoms, âge, profession et demeure, s’il est domestique, parent ou allié des parties et à quel degré, le témoin nous a répondu et fait sa déposition ainsi qu’il suit :

Mme Bonafoux Léontine, Faure*, 24 ans, couturière, 7 rue du Ruisseau.

J’ai le souvenir très précis des actes auxquels s’est livré le 23 septembre dernier sur le glacis des fortifications le nommé Sébastien Faure dont vous me présentez la photographie et que je reconnais parfaitement.

Il y avait devant les petites baraques placées à cet endroit une foule assez considérable au milieu de laquelle se trouvaient beaucoup d’enfants.
A un moment donné j’ai vu cet individu s’approcher d’une petite fille de 8 à 9 ans, se placer derrière elle et lui glisser son genou entre les deux jambes ; il essayait ensuite de lui écarter les jambes.

Ce manège me parut tellement malpropre que je me suis approchée de lui et brusquement l’ai tiré en arrière. Il s’est alors éloigné ; je l’ai suivi et j’ai constaté qu’à plusieurs reprises, il recommençait les mêmes gestes obscènes à l’égard de plusieurs petites filles du même âge qui stationnaient devant les jeux forains. Les unes se laissaient faire, les autres s’en allaient.

A la fin, au moment où après avoir mis son genou entre les jambes d’une petite fille qui a été amenée au commissariat de police, il lui soulevait les jupes pour y glisser la main. Je n’ai pas pu résister plus longtemps et l’ai giflé en le traitant de dégoûtant. Il a alors pris la fuite, poursuivi par de nombreuses personnes et a été arrêté pour être conduit devant M. le commissaire de police.

Je suis mère de famille et ce que je vous dit est l’expression de l’exacte vérité.

Lecture faite a persisté et signé.

Archives de Paris D.2 U6 dossier 199

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*nommée Fort dans un autre document