Préfecture de police

Direction de la police judiciaire

N° A. 146395

Parquet

Recherche du nommé Faure Auguste, Louis, Sébastien

Paris le 9 novembre 1917

Soit transmis à Monsieur le juge d’instruction, la copie du rapport fourni par l’inspecteur Charles de mon service, au sujet de la recherche du nommé Faure Auguste, Louis, Sébastien.

Pour le Directeur de la police judiciaire

Le commissaire de police.

Rapport

Le nommé Faure Auguste, Louis, Sébastien, né le 6 janvier 1868 à Saint-Etienne (Loire) d’Auguste et de Catherine Seigneur, célibataire, publiciste, demeurant 190 boulevard de la Villette, qui fait l’objet d’un mandat d’amener en date du 24 novembre 1917, de monsieur Demangeat, juge d’instruction, près le tribunal de 1ère instance du département de la Seine, l’inculpant d’outrage public à la pudeur a été recherché infructueusement dans le département de la Seine.

La concierge de l’immeuble qui porte le n°190, boulevard de la Villette, consultée à déclaré :

« Monsieur Faure Sébastien qui est directeur du journal Ce qu’il faut dire est vraisemblablement en voyage. Je ne l’ai pas revu depuis un mois environ ; pendant ce laps de temps, il a fait prendre son courier une fois par semaine, par un homme que je ne connais pas.

Lorsque M. Faure partait en voyage, il me laissait toujours son adresse et je lui faisais moi-même parvenir le courrier, qui arrivait à son nom. Depuis la guerre, M. Faure voyage peu ; je crois même que c’est la première fois qu’il s’absente.

Je ne connais pas son adresse actuelle. Je sais qu’il dirige l’école La Ruche, au Patis, près Rambouillet (Seine-et-Oise) mais cette école est pour ainsi dire fermée depuis la mobilisation, M. Faure n’y est certainement pas en villégiature parce que le courrier qui lui est adressé à l’école La Ruche, revient à son domicile. »

M. Einfalt, administrateur à la direction du journal Ce qu’il faut dire, 69 boulevard de Belleville, consulté, a déclaré :

« M. Faure a été très malade d’une congestion pulmonaire, il y a deux ou trois mois. Le médecin lui a recommandé le repos le plus absolu. C’est la raison pour laquelle M. Faure a quitté Paris, il y a un mois environ pour aller dans le midi de la France.

Je ne lui fais pas parvenir son courrier et j’ignore son adresse, ainsi que la date de son retour. »

M. Chaumart directeur technique de l’imprimerie du journal Ce qu’il faut dire, « La Fraternelle » 55 rue Pixécourt, consulté a confirmé la déclaration faite par M. Einfalt, en ajoutant que M. Faure l’a pour ainsi dire laissé dans l’embarras, et qu’une réunion du personnel de l’imprimerie « La Fraternelle » aurait vraisemblablement lieu pour délibérer à ce sujet.

Au cours de mon enquête des renseignements officieux m’ont fait connaître que M. Faure Sébastien, conférencier anarchiste bien connu, avait dit à ses camarades qu’il se passait à Paris quelque chose de grave pour les anarchistes, et que s’il quittait Paris, eux ne seraient pas inquiétés.

Il s’était réfugié, 1 rue Delalande à Libourne (Gironde), en emportant une somme de 14.000 francs qu’il y avait en caisse. Il se faisait adresse sa correspondance à cette adresse sous double enveloppe.

L’enveloppe extérieure portait l’inscription suivante :

« G. Pimpeterre, 1 rue Delalande à Libourne (Gironde) et l’enveloppe intérieure ; « pour M. Henri Guillot ».

Faure Sébastien a quitté le n°1 de la rue Delalande à Libourne, entre le 20 et 25 octobre dernier, parce qu’il ne s’y croyait pas en sécurité.

Jusqu’à ce jour, aucun renseignement nouveau permettant de faire connaître son lieu de retraïte actuel n’a pu être recueilli.

Signalement : 1m70 environ, cheveux blancs, calvitie frontale et tonsurale, moustaches et petit bouc blancs, figure plutôt pleine, teint ordinaire, corpulence moyenne.

L’inspecteur

Signé Charles.

Archives de Paris D.2 U6 dossier 199

Lire l’ensemble du dossier : Sébastien Faure et la pédophilie