
9 septembre 1920
Au sujet de l’imprimerie « La Fraternelle ».
L’imprimerie « La Fraternelle » (Société ouvrière d’entreprises générales d’imprimerie) est située 55 rue Pixécourt.
Fondée en 1910, elle est dirigée par Sébastien Faure.
Le 12 juin 1920, cette entreprise a été constituée en société anonyme au capital de 100.000 francs et pour une durée de cinquante ans.
Le fonds social est divisé en 1.000 actions de 100 francs dont 600 entièrement libérées ont été attribuées à Sébastien Faure en rémunération de ses apports qui consistent en fonds de commerce d’imprimerie, y compris la clientèle, l’achalandage, le matériel et l’outillage, le droit au bail, les travaux de réparation de l’immeuble pour le rendre propre à l’usage. En outre, il a été versé à Faure une somme de 8.000 francs pour l’apport de ses relations, ses connaissances et son expérience des affaires en général.
Les 400 autres actions, payables en numéraire, ont été souscrites par : (liste des actionnaires)
La société comprend des actionnaires ordinaires et des actionnaires travailleurs. Ces derniers, dits acciétaires, se libèrent par un travail personnel à l’imprimerie. On ne compte encore qu’un seul actionnaire de cette catégorie, le sieur Guegan Jean.
La capital social peut être augmenté en une ou plusieurs fois, par la création d’actions nouvelles.
Chaque action donne droit à un intérêt de 5% et à une part dans les bénéfices.
La Société est administrée par un Conseil composé de cinq membres au moins et neuf au plus, nommés par l’assemblée générale des actionnaires et pour une durée de trois ans. Ne peuvent être nommés administrateurs que les possesseurs de cinq actions au moins.
Les opérations de « la Fraternelle » sont soumises à l’examen et au contrôle de trois commissaires se réunissant au moins une fois par mois et nommés par l’assemblée générale. Cette dernière a lieu chaque année avant la fin de décembre et sur convocation.
Les locaux occupés par la « Fraternelle » sont situés dans la 2ème cour de l’immeuble, 55 rue Pixécourt et comprennent : au rez de chaussée, une petite pièce servant de bureau, l’atelier de reliure et l’imprimerie proprement dite ; au-dessus se trouve l’atelier de composition typographique.
Un bail de 20 ans à dater du 1er avril 1917, a été consenti à Sébastien Faure, par le propriétaire, M. Froimovitch, 28 rue Poulet à Paris, moyennant un loyer annuel de 1.000 francs.
En temps normal sept ouvriers y travaillent parmi lesquels :
Mitzel Georges, Emile, né à Paris le 25 mars 1899, typographe, demeurant 79 rue de Patay (13e arr.)
Viart Maurice, né le 5 décembre 1891 à Paris, typographe, demeurant 64 rue de la Condamine ;
Boniface René, né à Paris le 18 octobre 1892, typographe, demeurant 44 boulevard Richard-Lenoir ;
et Guedan Jean, Yves, Marie, né le 20 mai 1868 à Ploumilliau (Côtes-du-Nord), demeurant 45 rue de Palikac.
Le matériel se compose de trois machines dont deux proviennent de l’imprimerie « La Ruche » qui était installée au Pâtis, près de Rambouillet, où Sébastien Faure avait crée une maison d’éducation libertaire. La plus forte de ces machines est actionnée par un moteur à gaz, l’autre fonctionne au pied ; la troisième du type « minerve » provient de l’imprimerie de l’italien Giaime Simon, Pierre, 129 Faubourg du Temple, lequel a été expulsé de France par arrêté du 17 juin 1917.
« La Fraternelle » exécute tous travaux d’impression.
Le journal Ce qu’il faut dire, organe du Comité de Défense Syndicaliste, les brochures suivantes : Les Crimes de dieu, Vers le bonheur, Douze preuves de l’inexistence de dieu, Les anarchistes et l’affaire Dreyfus, Réponse à un croyant, Une infamie, les tracts intitulés Peuple, du Parti communiste et l’affiche Aux grévistes de la Fédération anarchiste, qui a fait l’objet de poursuites, ont été tirés à « La Fraternelle », de même que la plupart des affiches et tracts clandestins émanant des groupements d’avant-garde.
Aucun organe périodique n’est, que l’on sache, imprimé actuellement à « La Fraternelle ».
Faure Louis, Auguste, Sébastien, né le 6 janvier 1858 à Saint-Etienne (Loire), fondateur-directeur de la société de « La Fraternelle » est le conférencier anarchiste bien connu.
Il est noté comme suit aux Sommier judiciaires :
100 francs le 11 août 1888, arme prohibée ;
6 jours, Bordeaux, le 20 décembre 1888, outrages aux agents ;
15 jours, Toulouse, le 21 mars 1889, provocation d’attroupement, outrages ;
1 mois, Marseille, le 6 mai 1892, coups et blessures ;
18 mois et 1.000 francs d’amende (Assises du Rhône) le 23 avril 1892, provocation au meurtre, pillage, incendie et guerre civile ;
2 mois, Paris le 15 mai 1900, rébellion en réunion, tentative d’assassinat, provocation attroupement, outrages, arme prohibée ;
Archives nationales 20010216-136