Druard

Une forte tête, sur un corps épais, l’oeil un peu fuyant et la voix sourde, telle est la physionomie de Druard, Marc-Henri-Melchior, âgé de 38 ans.

Bien qu’il n’ait jamais été condamné, on a recueilli sur lui les plus mauvais renseignements. Ainsi à Guise, il semait la terreur, provoquait des troubles, se signalait par des actes d’inconduite et d’improbité, et se fit tellement redouter qu’on dut le chasser du Familistère. Il abandonna sa femme et ses enfants, vécut avec une concubine, alla à Bruxelles où il se livre à une active propagande anarchiste qui nécessita son expulsion de Belgique.

  • Pardon, monsieur le président, j’ai été expulsé parce que je ne vivais pas avec ma femme ;
  • Oh ! Oh! voilà une raison qui me paraît bien faible pour expulser un homme, car s’il fallait expulser tous les hommes ne vivant pas avec leur femme, il y aurait beaucoup de pays dépeuplés.

A toutes les questions qui lui sont posées sur son passé, Druard répond négativement. Quand le président lui rappelle qu’il a été le propagateur à Revin des idées anarchistes et des journaux du parti, l’organisateur d’un groupe anarchiste et des manifestations publiques bruyantes, il répond : Non ! Et enfin, lorsqu’on lui demande s’il s’occupe de dynamite, il dit nettement : « Jamais ! » Malheureusement pour lui, ses déclarations verbales sont absolument contredites par celles qu’il a faites à l’instruction, et il est bien obligé de reconnaître qu’il a été le fournisseur de la dynamite.

  • A quel moment, avez-vous commencé de vous occuper de dynamite ?
  • C’est en allant à une réunion de J.B. Clément, à Fumay, le 18 mars, que Martin me dit en passant devant la maison de M. Brassard : « En voilà un qu’il faudrait faire sauter. » Je lui répondit que c’était facile. Alors il m’offrit de me procurer de la dynamite. Quelques jours après, il m’en donna trois cartouches. Peu de temps ensuite, celles-ci ayant disparu, il m’en donna sept autres.
  • Qu’est-ce qui vous a poussé à vous rendre complice des crimes commis ? Vous avez dit que c’était Martin.
  • Oh ! Il m’a donné la dynamite, mais voilà tout. Je n’avais pas besoin de personne pour être poussé.
  • Avant de procéder à l’interrogatoire de Martin, le président ordonne d’ouvrir la caisse des pièces à conviction : elle contient un pistolet, des brochures et des journaux anarchistes, ainsi que la boîte trouvée chez M. Deville.

Le Petit Ardennais 11 novembre 1891

Lire : L’affaire de la dynamite à Revin et Charleville (Ardennes). 10 novembre 1891 (1)

L’affaire de la dynamite à Revin et Charleville (Ardennes). 10 novembre 1891 (2)

L’affaire de la dynamite à Revin et Charleville (Ardennes). 10 novembre 1891 (3)

L’affaire de la dynamite à Revin et Charleville (Ardennes). 10 novembre 1891 (4)