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Belgique

S’il avait fallu parler, il y a 6 mois, du mouvement socialiste en Belgique, j’aurais été fort embarrassé. Autoritaires et anarchistes, individualistes et collectivistes, internationalistes, évolutionnistes, étatistes, s’y livraient de fort belles batailles qui ne profitaient qu’aux réacteurs.

Aujourd’hui ma tâche est moins difficile ; il n’y a plus guère en Belgique que deux grands partis : ceux qui veulent sérieusement et sans arrière pensée la Révolution sociale et ceux qui croyant à la possibilité d’évolutions pacifiques, rêvent un gouvernement du peuple (Volkstaaf), un Quatrième Etat comme s’il n’y en avait pas déjà largement assez de trois.

Les révolutionnaires et centralistes des Cercles réunis, les internationalistes et les groupes anarchistes, se sont réunis et entendus sur le grand terrain de la Révolution et le 19 septembre, un congrès général réunira les délégués de plus de 40 groupes révolutionnaires en Belgique.

Inutile d’ajouter que Messieurs les Evolutionnistes sont dans une belle colère, et que l’Union Révolutionnaire a eu pour premier résultat un redoublement d’insultes perfides et de calomnies.

Toutefois, nous devons avouer avec une certaine fierté qu’ici tous les révolutionnaires belges ont renoncé entre eux à ces moyens ignobles de polémique.

Calomnier, ce n’est pas répondre ; injurier un adversaire, ce n’est pas réfuter une théorie ; attaquer ou détruire une personnalité, ce n’est pas établir un fait ou prouver la vérité d’une théorie.

Telle est donc aujourd’hui la situation en Belgique.

D’un côté sont les Evolutionnistes qui ont pour organe la Voix de l’ouvrier à Bruxelles et deux journaux flamands à Anvers et Gand. Ce parti compte de rares adhérents à Bruxelles et à Liège, il a une certaine influence à Huy ; il possède sa véritable force dans les Flandres, à Anvers et surtout à Gand où les évolutionnistes peuvent compter sur près de 4.000 hommes.

Les révolutionnaires se divisent en 5 tronçons alliés, mais distincts :

1° les anarchistes qui possèdent un groupe à Bruxelles, un à Anvers et un à Verviers

2° l’Internationale qui compte encore des sections à Bruxelles, Disons, Baume, Anvers, Liège, Verviers et Jumet

3° Les Cercles réunis qui ne sont fondés que depuis un an environ, mais qui ont acquis une influence très sérieuse. L’élément qui domine dans ces cercles est un élément révolutionnaire, que j’appellerais, si j’étais en France blanquiste ou même hébertiste.

Les Cercles réunis possèdent une force véritable à Bruxelles et dans plusieurs communes du Brabant ; ils ont de nombreux adhérents à Liège (Cercle des Va-Nu-Pieds), à Verviers, à Gilly, à Herstal, à Ensival, à Hodimont, etc…Enfin c’est avec eux que marche actuellement cette puissante fédération Boraine qui compte aujourd’hui 14.000 ouvriers organisés. A Bruxelles le nombre des sections des Cercles réunis dépasse le chiffre de trente.

Les organes du parti révolutionnaire sont : Les Droits du peuple à Bruxelles et la Persévérance à Verviers.

Dans ma prochaine lettre je vous parlerai du congrès du 19 septembre et j’aborderai le chapitre délicat des personnalités.

Vonck

La Révolution sociale n°2 19 septembre 1880

Lire le dossier : Les anarchistes en Belgique avant les émeutes de 1886