Neufchâtel, le 6 mai 1881,
Le Comité n’est pas très actif en ce moment.
Malgré une certaine petite rancune contre les Belges, qui sont les organisateurs du futur congrès de Zurich, comme il s’agit d’agitation, notre comité finit par y donner adhésion et appui.
Le programme établi par les belges ne convient nullement à nos compagnons.
L’article IV demande un programme commun de propagande et d’agitation avec une fédération des forces socialistes.
Notre comité l’admettait, mais seulement dans le cas où il serait désigné pour en avoir la direction.
Quant au manifeste à imprimer dans toutes les langues et à répandre, il sera très probablement voté.
Mais si le congrès à lieu, attendez vous à y rencontrer une grande division ; quelques chefs seulement pourront, en y faisant connaissance, s’unir secrètement pour former un pacte révolutionnaire à l’insu du congrès, et c’est là le danger.
Du reste, je dois dire que les autorités suisses voient d’un très mauvais œil cette réunion de septembre et que dans toutes les grandes localités de nos cantons, Zurich, Bâle, Berne, Neufchâtel, des pétitions se signent à l’adresse du Conseil fédéral pour demander que ce congrès ne soit autorisé nulle part en Suisse.
Jusqu’à hier, jeudi, il y avait plus de trente mille signatures sur diverses pétitions.
Il est donc probable que le travail de nos compagnons ne recevra pas son effet.
Quant au congrès de Londres (le 14 juillet prochain), notre comité est très méfiant sur le socialisme de ses organisateurs.
Plusieurs avis nous parviennent qu’il faut ajouter peu de confiance à cette commission qui siège à Neate Street Camberwel.
Nous allons faire une enquête secrète pour en avoir le fin mot.
De Paris, nous avons peu de correspondance, une demande, datée du 2 mai, en faveur de notre compagnon François Jeallot, correspondant de Pindy, qui a été condamné il y a quelques jours, à six mois de prison.
Notre comité accorde un secours de cent francs.
Nous avons aussi un projet que Brousse a expédié. Il s’agirait que nos sections puissent contribuer, dans une large part, à l’impression de plusieurs journaux, qui seraient tirés à de nombreux exemplaires dans l’intérêt du collectivisme, afin de les répandre à profusion dans toutes les communes françaises pour pouvoir organiser des groupes anarchistes en vue des élections générales.
Dans la réunion de jeudi, il a été beaucoup question d’Henri Rochefort.
Notre comité est furieux contre lui, son agitation pour Jessa Helfmann n’est qu’une réclame pour lui-même et est contraire au but de notre comité.
Droz
SOURCE : Archives de la Préfecture de police Ba 438
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