Document Éphéméride anarchiste

Neufchâtel, le 19 avril 1881,

Samedi, veille de Pâques, a eu lieu une nouvelle réunion au Comité.

La grande question qui s’agite en ce moment et qui rencontre une certaine opposition de la part de Schwitzguébel, Pindy, Jeanneret, etc… est celle de la fusion des sections allemandes avec nos sections françaises.

Les allemands, Bernois, Zurichois, etc…, ne veulent plus le titre de « Fédération jurassienne », tandis que notre Comité tient à le conserver.

L’organisation de l’association internationale devant englober par un comité central qui sera le nôtre, étant sur un terrain à l’abri de certaines polices, et devant avoir sous ses ordres des sous-comités de Londres, Bruxelles, Milan, Paris, etc… s’attache peu à la question des socialistes suisses, lesquels travaillent très mal et se font les aides inconscients des mouchards allemands.

Le Conseil d’Etat de Neufchâtel s’occupe de nos affaires de la Fédération parce qu’il en a reçu l’ordre du Conseil Fédéral de Berne.

Le département de justice et police d’ici fait un relevé des étrangers qui font partie de nos sections et Pindy a reçu avis qu’aussitôt qu’un individu étranger au canton serait signalé comme s’occupant de menées révolutionnaires, le permis de séjour dans le pays lui serait retiré et qu’on l’enverrait conspirer ailleurs.

Voilà les paroles positives dites par le Directeur de la police centrale.

Ces menaces ont pour origine le futur Congrès qui doit se faire à Zurich et qui est organisé par les sections allemandes.

Notre comité voudrait que cette réunion n’aboutisse pas parce qu’elle donnera l’occasion de tourmenter nos compagnons.

Nous craignons même que cette grande assemblée ne soit secrètement organisée par les mouchards des polices étrangères pour avoir un prétexte d’expulser de la Suisse des proscrits influents du parti révolutionnaire international.

Si le Congrès a lieu, nous y enverrons des délégués, mais il est encore bien en suspens.

Celui de Londres ferait mieux l’affaire et n’offrirait pas de dangers.

Nous avons peu reçu de lettres de Paris : deux entretiennent le Comité des progrès faits par l’Union Fédérative de Paris, elle sont de Bazin et de Fauché ; cependant, ils se plaignent du peu de progrès relatif et de l’opposition qu’ils rencontrent parmi une certaine partie des meneurs retour de Nouméa (Humbert, Jourde, Longuet et autres).

Nous avons reçu d’Italie une lettre de Costa qui annonce que « La Plèbe », acquittée par le jury, recommence sa publication sous un autre titre.

Ainsi, rien n’est bien dangereux en ce moment et vous n’avez à craindre que l’organisation française

des comités électoraux, qui chercheront à s’unir pour marcher au scrutin avec des candidats acceptés d’avance par tous.

Ce serait là le danger qu’il faudrait combattre déjà par la division.

Droz

SOURCE : Archives de la Préfecture de police Ba 438

Lire l’ensemble des Chroniques de La Fédération jurassienne de L’Internationale par Droz, indicateur de la Préfecture de police de Paris